Hier, un nouveau pont suspendu de 2,86 milles enjambant le détroit des Dardanelles a ouvert ses portes en Turquie. Le pont relie la partie européenne du pays à l’Asie. Bien que le pont ait un objectif très fonctionnel, sa construction visait également à attiser la fierté nationale.
Le pont Çanakkale de 1915 traverse les Dardanelles à environ 135 miles au sud-ouest de la ville transcontinentale d’Istanbul. C’est le quatrième pont turc reliant l’Asie et l’Europe, mais c’est le premier construit en dehors d’Istanbul. La travée principale du pont mesure 2 023 mètres (1,25 miles) de long, ce qui signifie qu’il s’agit du nouveau pont suspendu le plus long du monde avec une marge de 105 pieds. L’ensemble du projet a coûté 2,8 milliards de dollars, le pont prenant cinq ans et plus de 5 000 ouvriers pour le construire.
Recep Tayyip Erdoğan, le président de la Turquie, a officiellement inauguré le pont lors d’une cérémonie. Erdoğan était maire d’Istanbul au milieu des années 1990 et a supervisé plusieurs projets d’infrastructure massifs à Istanbul pendant sa présidence. Le pont le plus récemment construit sur le détroit du Bosphore à Istanbul, le pont Yavuz Sultan Selim, a également ouvert sous la présidence d’Erdoğan en 2016.
Le pont de Çanakkale de 1915 remplacera un trajet en ferry d’une heure à travers les Dardanelles. Le nom du pont fait référence à la campagne de Gallipoli pendant la Première Guerre mondiale. La cérémonie d’ouverture a eu lieu le 18 mars, l’anniversaire de l’Empire ottoman repoussant avec succès une flotte alliée de navires de guerre britanniques et français tentant de se frayer un chemin à travers les Dardanelles jusqu’à Istanbul. L’expédition navale ratée a conduit au tristement célèbre échec du débarquement amphibie allié à Gallipoli.
La longueur de la travée principale de 2 023 mètres est également symbolique car 2023 sera le centenaire de la République turque. Mais plus important encore pour Erdoğan, 2023 sera aussi une année électorale en Turquie. Il semble assez sur la marque pour lui de se lier à la fois à un projet d’infrastructure impressionnant et à l’héritage de l’Empire ottoman. Il a besoin d’un coup de pouce car son avance de près de trente points contre son plus proche adversaire dans les sondages d’opinion au début de 2021 s’est réduite à un chiffre.