Howard Levitt : Le manque de contrôle dans la nomination du commissaire canadien aux droits de la personne est inquiétant

Opinion : la nomination de Birju Dattani à la CCDP ne survivra pas à ce maelström après avoir embarrassé le gouvernement libéral

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Les nominations de juges, d’arbitres et, dans le cas présent, de commissaires aux droits de la personne, ont des conséquences concrètes. Après tout, ceux qui décident des choses comptent.

La Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) disposait déjà d’un pouvoir considérable avant que la nouvelle loi sur les préjudices en ligne du premier ministre Justin Trudeau, modifiant la Loi canadienne sur les droits de la personne, n’en fasse l’arbitre des plaintes concernant les discours haineux en ligne. Bien entendu, ce qui constitue un « discours de haine » reste ouvert au débat.

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Dans le rôle de Margaret Atwood mets-le dans un tweet« C’est à nouveau Lettres de Cachet. Les possibilités de vengeance, de fausses accusations et de délits d’opinion sont tellement attrayantes ! »

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Les problèmes potentiels ne se limitent pas aux personnes faisant de fausses allégations ou interprétant délibérément une publication en ligne pour attaquer ou venger un adversaire. Il existe également un risque important de méfait au sein de la commission elle-même, particulièrement en ce qui concerne la personne qui prend les décisions. Et les Canadiens ont désormais une nouvelle raison de s’inquiéter à ce sujet.

Il y a quelques années, j’ai fait un commentaire plutôt désobligeant à l’égard d’un décideur d’un tribunal. Ce commentaire était le suivant : « À la première lecture (de la décision), j’ai pensé qu’il devait être stupide. Mais en le relisant, je me suis rendu compte qu’il était effectivement idiot. Cela a déclenché un appel du Barreau pour me rappeler amicalement qu’en tant qu’avocat, je n’ai pas le droit d’exprimer publiquement mon opinion sur des opinions qui jettent le discrédit sur les officiers de justice.

J’espère ne pas enfreindre cette règle dans la chronique d’aujourd’hui, puisque mes critiques portent davantage sur le gouvernement qui procède à la nomination que sur la personne nommée elle-même.

Le 14 juin, le ministre de la Justice Arif Virani a annoncé Birju Dattani à la tête du CHRCOn pourrait penser qu’une nomination aussi prestigieuse aurait été accompagnée de vérifications d’antécédents sérieuses impliquant les médias sociaux et d’autres forums publics.

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Apparemment non, selon le ministre Virani, qui affirme ne rien savoir du passé controversé de Dattani, notamment lorsqu’il a partagé une tribune en Angleterre avec un membre d’une organisation islamiste fondamentaliste interdite opposée à l’existence de l’État d’Israël. Ou lorsqu’il a publié sur les réseaux sociaux des liens vers des articles comparant les Israéliens aux nazis et les Palestiniens aux juifs incarcérés dans le ghetto de Varsovie. Ou encore les nombreuses fois où il a donné des conférences lors de la semaine de l’apartheid israélien au Royaume-Uni. La CBC a également rapporté sur un article supprimé depuis que Dattani a publié sur X, qui « comparait Israël à l’Allemagne nazie ».

On pourrait également s’attendre à une vérification spécifique de l’antisémitisme en voyant que le premier emploi de Dattani après l’obtention de son diplôme était au sein du programme syrien de développement juridique.

Après l’annonce, Pierre Poilievre a tweeté, « Les libéraux de Trudeau nomment à la tête de la Commission canadienne des droits de la personne un antisémite qui a comparé les Israéliens aux nazis. Le député libéral Housefather…. le NPD et le Bloc pourraient accepter de rappeler le comité pour enquêter sur cette nomination grotesque, mais ils ne le feront pas.

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Dattani nie désormais avoir soutenu ces opinions et, comme notre Premier ministre a l’habitude de le faire, a présenté ses excuses à la communauté juive. Mais la foi dans la compétence et l’impartialité de ceux qui prennent des décisions affectant les parties en présence est fondamentale pour la justice.

Pour reprendre une phrase sexiste prononcée par un juge dans une vieille affaire judiciaire : « Dans les affaires de conflit d’intérêts, la règle de l’épouse de César s’applique. Cela ne doit pas seulement être pur. Il faut voir qu’il est pur. En l’absence de véritable conflit d’intérêts, l’apparence d’un conflit suffit. Simplement, les justiciables doivent avoir des raisons de croire en l’impartialité de leurs tribunaux et de leurs commissions des droits de la personne.

En dehors de ces préoccupations plus sérieuses, j’aurais remis en question la nomination de Dattani sur la seule base de ses références.

Dattani a obtenu son diplôme en droit en 2008 et n’a occupé depuis que des postes administratifs moyens, son plus récent étant celui de directeur des droits de la personne et de la résolution des conflits au Centennial College – un travail solide, mais bien en dessous de celui de président de notre Commission nationale des droits de la personne.

La Commission était déjà en crise avant la nomination de Dattani, après que le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada a constaté qu’elle avait fait preuve de discrimination envers ses propres employés noirs. C’est plutôt ironique. En conséquence, elle fait maintenant l’objet d’un examen spécial de la part de l’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme et risque d’être rétrogradée.

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Compte tenu de la position déjà précaire de la CCDP et de son importance pour les Canadiens, on pourrait s’attendre à ce que le ministre Virani accorde une attention particulière à cette nomination. Mais, comme l’écrivait récemment Collin May, ancien chef de la Commission des droits de la personne de l’Alberta, « les droits de la personne sont de plus en plus devenus le domaine de batailles politisées menées par des politiciens qui signalent la vertu et des militants antilibéraux. » Jordan Peterson serait sans aucun doute d’accord.

Alors que le ministre Virani semble désormais faire marche arrière, la Commission, assiégée, redouble d’efforts, déclarant qu’elle attend avec impatience l’arrivée de Dattani à sa tête. Cela soulève en soi des inquiétudes intéressantes.

Les questions sont évidentes et nombreuses. Un Juif peut-il se sentir à l’aise pour déposer une plainte pour antisémitisme auprès d’une commission dirigée par Dattani ou continuer à soutenir sa nomination ? Et s’il y a une plainte pour islamophobie, l’accusé aura-t-il l’impression qu’une commission dirigée par Dattani la traitera de manière objective et équitable ? Quels sont les enjeux juridiques ?

Si un employé fait une fausse déclaration sur son CV ou lors d’un entretien, il est passible de licenciement une fois découvert. Est-ce que M. Dattani a posé des questions sur ses activités passées ou son historique sur les réseaux sociaux, comme toute personne nommée à la présidence de la Commission des droits de la personne aurait dû le faire ? Après tout, il faudrait aujourd’hui demander aux candidats à pratiquement n’importe quel poste de direction s’ils ont eu un passé qui pourrait potentiellement embarrasser l’employeur. Comment Virani aurait-il pu ne pas poser une question aussi fondamentale ? À quoi sert un entretien si ce n’est à poser des questions sur le passé d’une personne ?

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Même si on ne posait pas à Dattani des questions aussi standards, son incapacité à divulguer sa conduite passée troublante pourrait quand même être un motif de licenciement, comme l’est souvent la non-divulgation d’informations importantes par un cadre lors d’un entretien d’embauche. Par exemple, dans un cas, un avocat embauché au service juridique du CP a été congédié avec succès lorsque l’entreprise a appris qu’il n’avait pas divulgué qu’au moment de son embauche, il faisait l’objet d’une enquête de la GRC pour trafic d’influence.

Je soupçonne que Dattani ne survivra pas à ce tourbillon, car sa nomination a commis le péché impardonnable d’embarrasser le gouvernement libéral. La plus grande question est de savoir si la Commission, avec ce dernier scandale, survivra au soutien public continu à sa nomination.

Howard Levitt est associé principal de Levitt LLP, avocats spécialisés en droit du travail et du droit du travail avec des bureaux en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Il pratique le droit du travail dans huit provinces et est l’auteur de six livres, dont Law of Dismissal in Canada.

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