Howard Levitt : La grève des pilotes d’Air Canada appelle à une intervention fédérale, mais la politique pourrait s’y opposer

Ce ne sont pas seulement les passagers qui sont touchés, mais aussi le fret aérien, la nourriture, les fournitures médicales et les équipements essentiels.

Contenu de l’article

Alors que les pilotes d’Air Canada sont prêts à faire grève, le NPD a abrogé son accord d’approvisionnement et de confiance avec les libéraux et a annoncé qu’il n’appuierait pas la loi de retour au travail. Alors que les conservateurs misent sur les syndicats et sont impatients de déclencher des élections, on ne sait pas comment Ils iront jusqu’où cette fois-ci, à condition que le premier ministre Justin Trudeau, craignant les vents politiques et de plus en plus désespéré d’éviter l’électorat, décide de demander au ministre du Travail de leur ordonner de retourner au travail comme ils l’ont fait avec les cheminots.

Annonce 2

Contenu de l’article

L’intervention du gouvernement fédéral est désespérément nécessaire.

Air Canada transporte jusqu’à 110 000 personnes par jour, certaines en déplacement pour des raisons médicales, d’autres pour affaires. L’auteur de ces lignes a réservé deux vols pour affaires sur Air Canada cette semaine seulement. Le mois de septembre étant critique pour les événements et les congrès, qui représentent 40 % de notre économie touristique, une grève, même de courte durée, pourrait être catastrophique pour les entreprises et les collectivités déjà en difficulté, qui dépendent des dépenses des visiteurs.

Les passagers ne sont pas les seuls concernés, mais également le fret aérien, comme la nourriture, les fournitures médicales et l’équipement nécessaires au fonctionnement des machines et de l’industrie. Les isotopes radioactifs utilisés pour le traitement du cancer ont une durée de vie de 48 heures et sont expédiés par Air Canada Cargo.

La grève potentielle des pilotes intervient quelques semaines après qu’un conflit de travail a brièvement mis hors service nos deux principaux réseaux ferroviaires.

La réalité des relations de travail? Lorsqu’une entreprise se met en grève, ses clients cherchent des fournisseurs plus fiables, qui insistent souvent pour conclure des ententes d’approvisionnement à long terme afin de ne pas perdre ce nouveau client dès la fin de la grève. Le risque est qu’à la fin de la grève, l’entreprise ait perdu une grande partie de sa clientèle et que sa survie soit en jeu. La même chose s’applique ici, mais Air Canada n’est pas la seule à être touchée. Toutes les entreprises qui dépendent de notre plus grand transporteur seront, à des degrés divers, en danger.

Contenu de l’article

Annonce 3

Contenu de l’article

Les pilotes d’Air Canada souhaitent s’aligner sur leurs homologues américains et obtenir une augmentation substantielle de leur salaire actuel. Mais notre environnement n’est pas le même que celui des États-Unis. Si Air Canada accédait à ces demandes et devait augmenter le prix de ses billets (déjà élevé) en conséquence, cela porterait préjudice à toutes les entreprises qui utilisent la compagnie aérienne et pourrait rendre le transport aérien inaccessible à certains Canadiens. Cela pourrait également obliger Air Canada à éliminer les lignes régionales et les aéroports secondaires les moins rentables.

Ce n’est pas comme si les pilotes d’Air Canada s’en sortaient mal. Ils se situent déjà près du 1 % des Canadiens les mieux payés, voire dans le top 1 %, les commandants de bord d’Air Canada gagnant entre 215 075 $ et 351 958 $ en 2023, selon le type d’avion, pour environ 12,5 jours de travail par mois. En plus de ces salaires, ils bénéficient d’avantages sociaux complets, notamment les régimes de retraite à prestations déterminées de plus en plus rares et les forfaits voyages qui se poursuivent après la retraite. Peu de Canadiens ont une aussi bonne situation et, pour mettre les choses en perspective, ils gagnent beaucoup plus que le membre moyen de ma profession tout en travaillant beaucoup moins d’heures.

Annonce 4

Contenu de l’article

Depuis leur dernière entente en 2014, les pilotes d’Air Canada ont vu leur salaire horaire augmenter de 65 %, soit plus du double de l’IPC de 29 %. Le nombre de pilotes a également presque doublé au cours des dix dernières années et, malgré toutes les plaintes concernant les salaires plus élevés des pilotes américains, le taux d’attrition des compagnies aériennes américaines est inférieur à 0,05 % par an.

Ce n’est pas comme si Air Canada avait été parcimonieuse dans ces négociations, offrant une augmentation de 30 pour cent dans un accord de trois ans, et de 20 pour cent la première année.

Ils négocient depuis juin 2023, ont bénéficié d’une médiation avec le médiateur respecté Bill Kaplan plus tôt cette année et ont eu recours à des conciliateurs fédéraux depuis lors.

Bien qu’Air Canada soit une entreprise privée, un arrêt de travail ressemblerait davantage à une grève du secteur public. Dans le cas d’une grève dans le secteur privé, c’est la discipline du marché qui prévaut. Si le syndicat demande trop ou si la grève dure trop longtemps, l’entreprise fera faillite, ce qui mettra tous les membres du syndicat au chômage. Le syndicat et l’entreprise ont donc un intérêt commun à ne pas demander une augmentation trop importante. Et les seules parties concernées sont les parties elles-mêmes. Mais dans le cas d’une grève dans le secteur public, les personnes touchées incluent les membres du public. Il est également peu probable qu’Air Canada fasse faillite (même si certaines compagnies aériennes le font) parce qu’elle a peu de concurrence et qu’il faut trop de temps aux autres compagnies aériennes pour obtenir les licences nécessaires pour exploiter ses lignes.

Publicité 5

Contenu de l’article

Lorsque ceux qui souffrent ne sont pas en premier lieu les parties, mais, dans ce cas-ci, des tiers — les voyageurs publics, les voyageurs d’affaires, les entreprises dépendantes des fournitures et l’ensemble du secteur touristique — c’est précisément à ce moment-là que nous avons besoin que le gouvernement intervienne, comme il l’a fait lors de la récente grève des cheminots.

Recommandé par la rédaction

Mais comme Trudeau craint le déclenchement d’élections, il pourrait ne pas être en mesure d’ordonner aux pilotes de reprendre le travail et d’imposer un arbitrage exécutoire pour déterminer les salaires appropriés, victimes des dernières manigances sur la Colline du Parlement. Et les Canadiens s’en sortiront encore plus mal.

Howard Levitt est associé principal chez Levitt LLP, cabinet d’avocats spécialisé en droit du travail et de l’emploi, dont les bureaux se trouvent en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Il exerce le droit du travail dans huit provinces et est l’auteur de six ouvrages, dont Law of Dismissal in Canada.

Ajoutez notre site Web à vos favoris et soutenez notre journalisme : Ne manquez pas les actualités commerciales que vous devez connaître : ajoutez financialpost.com à vos favoris et inscrivez-vous à nos newsletters ici.

Contenu de l’article

Source link-31