Jordan Peterson a perdu sa candidature à la Cour suprême du Canada cette semaine, une demande d’autorisation d’appel contre la décision de l’Ordre des psychologues de l’Ontario l’obligeant à suivre une rééducation obligatoire pour diverses opinions exprimées sur les médias sociaux, qui n’étaient toutes pas liées à la pratique de la psychologie.
Les plaintes qui ont conduit à l’ordonnance du Collège émanaient de personnes qui n’avaient jamais été ses patients et qui, en fait, ne l’avaient jamais rencontré. Elles étaient en majorité américaines et clairement motivées par des raisons politiques. J’ai eu l’honneur de participer à l’appel du Dr Peterson, mais je n’ai pas participé à la décision initiale qui a conduit à l’appel.
Cette décision constitue une perte tragique pour les 25 % de Canadiens qui sont réglementés par des associations professionnelles et commerciales, ainsi que pour l’ensemble des Canadiens. Elle constitue une invitation à l’extorsion et à la poursuite de vengeances personnelles, puisque n’importe qui peut désormais menacer un praticien de lui retirer son permis d’exercice en déposant une plainte contre lui auprès de son association professionnelle.
Si les Canadiens doivent faire confiance à ceux que nomment ou élus leurs membres au sein de nos associations professionnelles pour surveiller notre liberté d’expression, nous serons dans une situation bien pitoyable, soumis à n’importe quelle peccadille à la mode ou parti pris personnel qui pourrait s’emparer de ceux qui sont alors au pouvoir.
Et bien sûr, les normes d’acceptabilité changeront constamment, en fonction de la personne nommée, et varieront entre les différentes associations commerciales et professionnelles, de sorte qu’il y aura différentes normes de discours acceptable au fil du temps et entre les groupes.
Certes, et je peux en parler personnellement en tant que membre d’une association professionnelle réglementée, lorsque les provinces ont conféré aux associations professionnelles le pouvoir d’assurer la protection du public contre la conduite professionnelle de leurs membres, elles n’ont pas envisagé de sanctionner ces derniers pour leurs commentaires politiques.
Plutôt que de prendre le risque d’une discipline imprévisible où il n’existe même pas de lignes directrices sur ce qui est acceptable, la plupart des membres d’organisations professionnelles, comme les médecins, les infirmières, les avocats, etc., resteront simplement silencieux plutôt que de prendre le risque de perdre leur capacité d’exercer leur métier. La plupart n’ont pas les ressources du Dr Peterson pour faire appel devant notre plus haut tribunal ou risquer de perdre leur permis d’exercice. Cela refroidira à la fois le débat et la parole, car les Canadiens réglementés ne risqueront pas d’être en décalage avec les sensibilités en constante évolution de leurs organismes de réglementation.