samedi, décembre 28, 2024

Hiroshima Mon Amour de Marguerite Duras

[ad_1]

« Comme toi, je voulais avoir un souvenir inconsolable, un souvenir d’ombres et de pierre. »

« Je considérerai cette aventure comme l’horreur de l’oubli. Je le sais déjà. »

C’est le scénario de l’un des plus beaux films jamais réalisés. C’est une chose délicate, poignante, légère et tendre, mais elle sonde les mystères de l’amour, de l’oubli, de la mémoire, du temps et de l’oubli d’une manière que peu de films ont, dans le cadre d’un récit agile qui comprend comment le cerveau humain traite et pense au temps – passé, présent et futur simultanément. Duras a montré ce même genre de maîtrise dans L’amant, et même si j’ai aimé ce livre plus que ce scénario, je le note plus haut. Dans ces quelques pages, en quelques lignes vaporeuses, Duras dit des choses plus profondes que ne peuvent en rassembler des tomes de mille pages prétendument «importants».

Ce n’est probablement pas une surprise, alors, que j’aborde ce scénario avec un énorme parti pris. Hiroshima mon amour (1959) est mon film préféré des français nouvelle vague. Pour moi, c’est une étape aussi importante dans la narration cinématographique que Citoyen Kane. Bien que sa place dans le mouvement de la Nouvelle Vague ait été débattue – puisque le travail de Resnais a une certaine poésie distante, intemporelle et romantique qui défie les efforts plus bruts de ses pairs et le distingue – le film représentait néanmoins quelque chose de nouveau, et s’est produit au moment où Truffaut, Godard, Varda et d’autres démolissaient la « Tradition de la qualité » du cinéma français.

L’une des plus belles choses à propos de Hiroshima mon amour — le film — est sa nature collaborative. Bien sûr, tous les films sont collaboratifs, et les couples parfaits scénariste/réalisateur ne sont pas rares dans les films (Riskin et Capra, Diamond et Wilder, etc.). Mais la particularité de la création de ce film français novateur et profondément ressenti, c’est la générosité, le respect total et le manque d’égocentrisme entre la scénariste Marguerite Duras et le réalisateur Alain Resnais, tous deux maîtres dans leurs domaines respectifs. L’aspect « maîtres » est important à souligner ici, car lorsque deux artistes à leurs sommets mutuels se rencontrent, il peut souvent y avoir une guerre de territoire sur la propriété artistique. Duras savait que le scénario qu’elle présentait à Resnais était suffisamment amorphe pour qu’il apporte sa propre vision à ses paroles ; c’était quelque chose qu’elle avait prévu et invité. En fait, il y a des passages dans ce scénario où elle propose des dialogues alternatifs et des situations que le réalisateur choisit, se fiant à son jugement. Resnais, à son tour, fait confiance au sien. Dans un cas, étant donné trois choix par Duras, Resnais n’en a pas choisi un, mais a utilisé les trois. C’était le niveau de liaison et de compréhension artistiques au travail. Les résultats saisissants et poignants à l’écran parlent d’eux-mêmes. Duras, dans sa préface à cette édition du scénario, qualifie l’interaction entre elle-même et les cinéastes de « précieuse », à tel point qu’elle regrette, avec le recul, que les minutes de leurs rencontres créatives n’aient pas été inscrites pour la postérité.

Quel est Hiroshima mon amour À propos? En apparence, c’est une histoire d’amour, une brève rencontre entre deux inconnus, qui n’ont aucun nom, ou, s’ils en ont, ne les partagent pas entre eux ou avec nous. Un péché Dernier Tango à Paris les noms ne sont pas importants. Chacun a survécu à la guerre, chacun a de la chance, bien que chacun réalise les avantages de mourir. C’est une actrice française qui joue le rôle d’infirmière dans un tournage en extérieur à Hiroshima. Le sujet de son film est l’horreur du bombardement d’Hiroshima et la nécessité de la paix. C’est un film de type UNICEF, nous sommes faits pour nous rassembler, un film pédant et sérieux, pas de fiction mais ni un pur documentaire. C’est un ingénieur ou un architecte, un homme de métier, un ancien soldat qui a survécu à la guerre du Pacifique. Sa femme est partie quelques jours. La façon dont ils se rencontrent n’a pas d’importance, Duras nous dit seulement qu’ils l’ont fait, et qu’ils ont fait l’amour.

Ils se sont liés, mais qu’est-ce qui fera de leur rencontre plus qu’un accouplement temporaire ? Il ne leur reste que 16 heures avant de se séparer. Son tournage est terminé ; elle quitte le pays, il doit retourner travailler et sa femme reviendra. Que peut-il savoir, comment peut-il la connaître, en si peu de temps ? Il se concentre sur un épisode : son premier amour à Nevers, en France. Un amour qui la hante. Un amour dont elle n’a parlé à personne. Elle avait rencontré un soldat allemand, un occupant, et avait fait le pas interdit de faire l’amour avec l’ennemi. La communauté l’a appris et elle a été rejetée. Ils lui ont coupé tous les cheveux. Humiliée, elle est emprisonnée dans une cave. Elle se sentait suicidaire et voulait mourir. Avec le temps, elle s’en sort, mais son amant tabou ne meurt jamais dans son âme. Il reste.

Et maintenant, 15 ans plus tard, l’actrice française et l’ingénieur japonais se sont rencontrés. Une guerre les a rapprochés, ou du moins ses suites. Avant de se séparer, ils notent ironiquement qu’il faudra peut-être une guerre pour les réunir à nouveau. Après avoir fait l’amour, l’homme lui dit que la vibrante ville d’Hiroshima, celle ressuscitée de ses cendres, contrastant avec les photos d’horreur passées ne dit rien à la Française d’Hiroshima. Elle semble s’en indigner ; bien sûr qu’elle a vu. Il dit, non, elle ne l’a pas fait. Que peut savoir quelqu’un qui n’a pas connu?

Ainsi vient l’aveu qu’il lui arrache ; le record de sa propre douleur pendant la guerre. En l’extrayant, il a pris l’identité de son ancien amant, son amour tabou de la jeunesse ; elle, dans la rêverie du moment, accepte cette maternité de substitution et dit tout. La gestation pour autrui est facile, en partie parce que le Japonais, comme son soldat allemand, est « l’autre », un tabou. Ils ne sont pas censés être ensemble. Il est japonais et marié. Ils sont tous les deux mariés ; heureusement, disent-ils. Après avoir avoué, elle se sent soulagée, libérée d’un poids, mais elle éprouve aussi des regrets, le sentiment d’avoir trahi son amant décédé il y a longtemps. Elle veut revivre cet amour, mais c’est impossible. Leur temps est court et il passe. C’est déjà passé. Leur séparation est inévitable. Aussi inévitable que la mort. En fin de compte, ils finissent par se connaître sous le nom de noms de lieux, Nevers et Hiroshima ; ils deviennent des microcosmes de la condition humaine, ils représentent tous les amoureux de tous les temps et de tous les lieux.

La cruauté toujours pressante du temps réveille les peurs intérieures et la panique. L’homme veut que son amante donne d’elle-même, pas seulement de son corps. Mais peut-il vraiment comprendre, en si peu de temps ? Parmi les milliers de choses parmi lesquelles choisir pour essayer de connaître quelqu’un, que peut-il identifier ? Il se concentre astucieusement sur son amour à Nevers. Il sait que c’est l’essence de sa douleur, son regard, son être, et c’est aussi un point de compréhension mutuelle, une intersection qui cimente leur acte physique ; parce que dans cette mémoire il voit ses propres souvenirs, sa propre survie en crise. C’est la connaissance qui rend leur lien sexuel significatif.

Alors qu’elle raconte son histoire, nous nous rendons compte que nous écoutons deux personnes douloureusement conscientes de l’impitoyabilité du temps. Ce sont deux personnes qui réfléchissent à un passé où elles ne pouvaient pas savoir qu’elles se rencontreraient un jour. Deux personnes dont les démons rendront toujours une partie muette. Comme tout le monde.

Dans la narration de l’histoire, le temps passe entre le passé et le présent, de manière non linéaire, mais sans confusion. Le récit permet des images qui se chevauchent, des décalages dans le temps et l’imagerie. Il n’y a rien de déconcertant dans la façon dont le film remue le temps. C’est très habile.

On n’apprend jamais rien sur le passé de l’homme, mais, par extension, on sait tout. Son épisode reflète le sien. Le mieux que chacun puisse faire, dans cette circonstance, est de prolonger le temps, de l’étirer. Et l’effort est pitoyable, et ils le savent. Ils savent aussi que continuer à se voir serait banal, rendrait banal ce qu’ils ont eu l’un avec l’autre. Dans tous les cas, l’oubli et l’oubli sont inévitables. Ils s’en rendent compte.

Ma lecture de Hiroshima mon amour différera des opinions des autres. Il y a plus de choses à dire. Ce scénario est une chose douce à contempler. De plus, les dernières pages contiennent des notes très intéressantes de Duras sur les histoires de ses personnages, des choses qui ne sont pas complètement développées dans le film.

(KevinR@Ky 2016)

[ad_2]

Source link

- Advertisement -

Latest