Le conflit antitrust impliquant Google pousse le Département de la Justice à envisager des mesures radicales, comme la vente de Chrome. Google propose des remèdes pour accroître la liberté de choix des utilisateurs concernant les moteurs de recherche, notamment des accords distincts pour iOS et Android. La préinstallation de moteurs de recherche concurrents serait facilitée, sans conditions restrictives. Ces propositions, d’une durée de trois ans, visent à répondre aux préoccupations réglementaires tout en maintenant l’accès aux services Google.
Le conflit actuel autour des pratiques antitrust de Google a conduit le Département de la Justice à formuler une série de recommandations audacieuses, incluant la possibilité de vendre l’activité Chrome. Bien que le cœur de cette affaire porte sur le monopole des recherches en ligne, les implications s’étendent également à Android et à l’ensemble du paysage des navigateurs.
En réponse aux suggestions du DOJ, Google a présenté sa propre série de « remèdes », affirmant qu’elles vont « bien au-delà des enjeux soulevés par la décision de la Cour. »
Liberté de choix pour les moteurs de recherche
Un des remèdes proposés permettrait aux partenaires comme Apple de choisir le moteur de recherche de leur préférence. Actuellement, Google investit des milliards dans des accords avec des sociétés majeures telles qu’Apple et Samsung pour que Google Search soit le moteur de recherche par défaut sur leurs appareils.
Pour offrir plus de flexibilité, Apple permet aux utilisateurs de modifier le moteur de recherche par défaut sur leurs iPhones. De plus, avec la mise à jour iOS 17, les utilisateurs peuvent désormais définir des moteurs de recherche distincts pour les modes de navigation normal et privé dans Safari.
Google finance également des concurrents de Chrome pour promouvoir son moteur de recherche. Par exemple, Mozilla reçoit chaque année des centaines de millions de dollars de Google, ce qui a été crucial pour la survie de cette société.
Dans sa nouvelle proposition, Google mentionne qu’elle mettrait à disposition des accords de moteur de recherche distincts pour chaque plateforme. Ainsi, Google et Apple pourraient signer des contrats séparés pour iPhone (iOS) et iPad (iPadOS), ainsi que pour différents modes de navigation.
Un aspect intéressant de cette proposition est la possibilité de renouveler le partenariat chaque année, offrant ainsi à des entreprises comme Apple la liberté de se tourner vers d’autres fournisseurs.
“Il y a la possibilité de changer de fournisseur de recherche par défaut au moins tous les 12 mois,” déclare Lee-Anne Mulholland, vice-présidente des affaires réglementaires chez Google. Cette dynamique pourrait transformer le paysage de la recherche, en particulier pour Android.
Transformations pour Android
“Notre proposition ouvre la voie à une plus grande flexibilité pour les fabricants d’appareils en leur permettant de préinstaller plusieurs moteurs de recherche et de bénéficier de toutes les applications Google, indépendamment de la présence de Search ou Chrome,” explique Google.
Un point crucial réside dans ce que l’on pourrait appeler une licence conditionnelle, où une marque doit accepter un service Google pour accéder à un autre. L’accord que Google a avec les fabricants d’appareils Android concernant les services mobiles Google (GMS) inclut certaines conditions sur la préinstallation et les accords avec des moteurs de recherche concurrents.
“Les partenaires Android n’auront pas besoin de licencier Google Search (ou Chrome) pour installer Google Play ou d’autres applications Google sur leurs appareils, ce qui répond aux préoccupations de la Cour sur les choix des fabricants d’appareils concernant la préinstallation de moteurs de recherche concurrents,” déclare Google dans ses documents.
La proposition indique également que Google ne limitera pas ses partenaires dans la préinstallation de moteurs de recherche ou de navigateurs concurrents. Cela s’applique également au secteur de l’intelligence artificielle. Pour accéder à des produits Google essentiels comme Search, Google Play ou Chrome, les fabricants d’appareils Android ne seront pas contraints d’intégrer l’assistant IA Gemini.
En outre, Google n’imposera pas d’obstacles à la distribution ou à la licence si un fabricant d’appareils choisit d’intégrer un produit d’IA générative concurrent à Gemini. En somme, Google ne fera pas de Search une condition préalable pour accéder à d’autres produits, comme les services Play sur un appareil.
Il est à noter que toutes ces propositions de remèdes s’étendraient sur une période de trois ans, contrairement aux 10 ans demandés par les plaignants dans le cadre du procès. “Nous ne faisons pas ces propositions à la légère,” précise Google, soulignant que bien qu’elles entraîneraient des coûts pour ses partenaires, elles visent à répondre aux préoccupations fondamentales de la Cour.