Fabien. Die Geschichte eines Moralisten d’Erich Kästner


Es gibt nichts Gutes, außer man tut es
[actions speak louder than words]

Je connais ce livre maintenant depuis plus de la moitié de ma vie. A cette époque, en 1980, lorsque le film est sorti, notre professeur d’allemand nous a d’abord laissé lire le livre, puis nous a accompagnés au cinéma. Un geste intelligent. C’était d’ailleurs le même professeur qui nous a aussi laissé lire
Le receveur dans le seigle
. Fabian de Kästner ainsi que Caulfield de Salinger sont devenus deux personnages de fiction que je n’oublierai probablement jamais.

Maintenant, j’ai appris qu’il

Es gibt nichts Gutes, außer man tut es
[actions speak louder than words]

Je connais ce livre maintenant depuis plus de la moitié de ma vie. A cette époque, en 1980, lorsque le film est sorti, notre professeur d’allemand nous a d’abord laissé lire le livre, puis nous a accompagnés au cinéma. Un geste intelligent. C’était d’ailleurs le même professeur qui nous a aussi laissé lire
Le receveur dans le seigle
. Fabian de Kästner ainsi que Caulfield de Salinger sont devenus deux personnages de fiction que je n’oublierai probablement jamais.

Maintenant, j’ai appris qu’il existe une édition non coupée et non censurée de Fabien disponible : L’édition 2013 d’Atrium. Il s’agit plus précisément de la version originale qui a été soumise par Erich Kästner à son éditeur. Même le titre a été modifié selon l’idée de Kästner : Aller chez les chiens. Bien que la première édition soit déjà très bonne, je dois dire que cette version « nue » est encore beaucoup plus nette. Plus pointu en ce qui concerne la mention des pratiques sexuelles et plus pointu dans la déclaration politique.

Le livre a été écrit et l’histoire se déroule à Berlin vers 1930. Jakob Fabian est diplômé en études allemandes et gagne sa vie comme publicitaire dans une fabrique de cigarettes (appelé « propagandiste » dans le livre). Il vit à louer dans une seule pièce meublée – l’argent est disponible mais rare. Pour certaines raisons, Fabian perd son emploi et doit rejoindre les vastes rangs des chômeurs. Le meilleur et le seul ami de Fabian est Stephan Labude, qui, après cinq ans, a finalement soumis sa thèse d’habilitation sur Lessing. Fabian et Labude font des tournées de pub, font des blagues, visitent des music-halls. Dans un atelier d’artiste, Fabian rencontre une jeune femme, Cornelia Battenberg, et apprend à la connaître et enfin à l’aimer.

Ce qui est bien avec le texte, c’est que l’auteur a ajouté deux post-scriptum, qui disent exactement ce que je voudrais dire, mais en bien mieux [translated by me]:

Un die Sittenrichter
Dieses Buch ist nichts für Konfirmanden, ganz gleich, wie alt sie sind. Der Autor weist wiederholt auf die anatomische Verschiedenheit der Geschlechter hin. Er läßt in verschiedenen Kapiteln völlig unbekleidete Damen und andere Frauen herumlaufen. Er deutet wiederholt jenen Vorgang an, den man, temperamentloserweise, Beischlaf nennt. Er trägt nicht einmal Bedenken abnorme Spielarten des Geschlechtslebens zu erwähnen. Er unterläßt nichts, was die Sittenrichter zu der Bemerkung veranlassen könnte: Dieser Mensch ist ein Schweinigel.
Der Autor erwidert hierauf : Ich bin ein Moralist !
[To the censors
This book is not for confirmees, no matter how old they are. The author repeatedly points out the anatomical difference between the sexes. He lets completely naked ladies and other women walk around in different chapters. He insinuates, repeatedly, the process spiritlessly called coitus. He does not even hesitate to mention abnormal varieties of sexual life. He refrains from anything that could cause the censors to remark: This man is a dirty pig.
To this the author replies: I am a moralist!]

Et mourir Kunstrichter
Die Sittenrichter meinen den Autor, die Kunstrichter meinen das Buch.
Dieses Buch chapeau de nonne keine Handlung. Außer einer, mit zweihundertsiebzig Mark im Monat dotierten Anstellung geht nichts verloren. Keine Brieftasche, kein Perlenkollier, kein Gedächtnis, oder était sonst im Anfang von Geschichten verloren geht und im letzten Kapitel, zur allgemeinen Befriedigung, wiedergefunden wird. Es wird nichts wiedergefunden. Der Autor hält den Roman keineswegs für eine amorphe Kunstgattung, und trotzdem hat er hier und dieses Mal, die Steine ​​nicht zum Bauen verwandt.
Man könnte beinahe vermuten, es handle sich um eine Absicht.
[To the critics
The censors mean the author, the critics mean the book.
Now this book has no plot. Except for one, an employment endowed with two hundred and seventy marks a month, nothing gets lost. No wallet, no pearl necklace, no memory, or whatever else gets lost in the beginning of stories and is found again, to the general satisfaction, in the last chapter. Nothing is found. The author considers the novel by no means an amorphous genre, and yet he has not used, here and this time, the bricks for building.
One might almost suspect that this was done on purpose.]

On suppose souvent que l’auteur a voulu d’abord et avant tout mettre en garde contre les dangers du nazisme et ses terribles conséquences. S’il est vrai que les nazis apparaissent à plusieurs reprises dans le livre – une scène magnifique comprend, par exemple, le « duel » nocturne entre un SA et un militant communiste –, mais je pense que même Kästner n’avait pas autant d’esprit prophétique cadeau. Je vois plutôt un danger imminent d’un guerre civile et la dissolution totale de la civilisation qui en découle. De plus, le Berlin de la période de Weimar, qui est alternativement appelé dans le livre une maison de fous, Sodome et Gomorrhe, repaire d’iniquités, ou bordel pour hommes, me rappelle la Rome décadente peu de temps avant sa disparition.

Stylistiquement, ce livre est une farce, une caricature. Vous ne voyez souvent les personnages que dans un miroir déformant. Les dialogues ont tendance à être pleins d’esprit et humoristiques, mais de la variété sèche, parfois salace. La prose aussi. Ce genre d’expression je n’en ai jamais vu ailleurs. Vous pouvez dire que l’auteur a également été un poète doué. Voici quelques exemples [poorly translated by me]:

(Un homme se plaint de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa femme)
Mir wuchs der Unterleib meiner Frau sozusagen über den Kopf.
[The underbelly of my wife grew over my head, so to speak]

(Un autre homme déplore son sort)
Das einzige, was ich noch nicht erlebt habe, ist der Selbstmord.
[The only thing I haven’t lived through is suicide.]

(Fabian à propos de la situation actuelle)
Europa hatte große Pause. Die Lehrer Waren fort. Der Stundenplan guerre verschwunden. Der alte Kontinent würde das Ziel der Klasse nicht erreichen.
[Europe had long break. The teachers were gone. The timetable was lost. The old continent will not achieve the goal of the class.]

(Fabian à propos de lui-même)
Machthunger und Geldgier sind Geschwister, aber mit mir sind sie nicht verwandt.
[Lust for power and greed are siblings, but to me they are not related.]

(Une femme qui se voit forcée à se prostituer)
Na ja, nonne bin ich hier und lebe vom Bauch in den Mund.
[Well, now I’m here and I live from belly to the mouth.]

(la mère de Fabian à son fils)
[…] du darfst das Leben nicht so schwer nehmen, mein Junge. Es wird dadurch nicht leichter.
[[…] vous ne devez pas prendre la vie si dur, mon garçon. Cela ne deviendra pas plus facile grâce à cela.]

(Irene Moll, un personnage récurrent, à Fabian)
Verhungern est Geschmacksache.
[Starving is a matter of taste.]

(Fabien)
Daß man lebt, ist Zufall; daß man stirbt, ist gewiß.
[That you live is by chance; that you die, is certain.

[There are many more examples like these throughout the text]

Quand j’ai écrit ci-dessus à propos de scènes pleines d’esprit et humoristiques, ce n’est qu’en partie vrai. Il y a quelques-pas beaucoup-des scènes d’une brutalité considérable dans ce livre, et je n’aime pas en parler ici. De plus ce livre (dans le damné dix-huitième chapitre) contient une scène qui me fait pleurer. Une injustice terriblement inutile ! Et pour le personnage qui l’a provoqué je ressens une haine presque physiquement manifestée. Je mentionne cela uniquement parce que je ne souffre généralement pas particulièrement avec les personnages d’un roman. Je suis plutôt un observateur prudent, un peu comme Fabian lui-même à sa manière. Mais le chapitre dix-huit et plus tard le chapitre vingt m’abattent, ils le font vraiment.

En fin de compte, je voudrais toucher à la fin. Je me rends compte que la fin choisie par Kästner pour son roman n’est certainement pas pour tout le monde. J’avoue qu’il m’a fallu un peu de temps pour m’y habituer. Maintenant, je pense, cependant, que c’est peut-être – pas définitivement – ​​la meilleure fin d’un livre que j’aie jamais lu. En deux phrases courtes (avec sept mots), Erich Kästner réussit à résumer tout le caractère de son protagoniste, et ajoute même une prévoyance critique pour faire bonne mesure.
Bien fait!


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