Erin O’Toole : Laissons les fonds de pension canadiens décider eux-mêmes où investir

Les politiciens font la queue pour influencer les décisions d’investissement des fonds de pension. Pour le bien des futurs retraités, il faut leur résister

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Les fonds de pension publics canadiens sont respectés partout dans le monde et sont constamment en tête des classements mondiaux en matière de rendement. Ces fonds investissent déjà beaucoup au Canada, alors pourquoi tant de Canadiens commencent-ils à exiger qu’ils investissent encore plus ?

La nomination de l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, à la tête d’un groupe de travail sur cette question donnera à davantage de Canadiens l’occasion d’en apprendre davantage sur ce qui rend notre système de retraite de classe mondiale et de se confronter au véritable éléphant dans la pièce. Le problème auquel le Canada est confronté n’est pas que les fonds de pension canadiens n’investissent pas suffisamment dans notre pays. Le problème, c’est le Canada, et imposer des décisions d’investissement à nos fonds de pension ne le réglera pas.

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En 1999, alors que le nouvel Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) commençait à recevoir des fonds à investir pour les Canadiens, les politiciens tentaient déjà d’influencer ses décisions d’investissement. En réponse aux questions du NPD sur les implications éthiques du fait que le RPC détienne des investissements liés au tabac, le ministre des Finances, Paul Martin, a déclaré :[I]Il est très important qu’il n’y ait pas d’ingérence politique dans la gestion des fonds par le gouvernement.

Les conseils de Paul Martin sont encore plus importants aujourd’hui. Les risques géopolitiques et d’investissement auxquels le monde est confronté sont sans précédent. Il est donc essentiel de maintenir l’indépendance des équipes de gestion professionnelle des régimes de retraite publics du Canada pour générer les rendements nécessaires aux retraités d’aujourd’hui et de demain. Les fonds de pension ne devraient jamais être redevables à un gouvernement, à une idéologie politique ou à un secteur de l’économie canadienne, aussi important soit-il. Mais le gouvernement Trudeau continue de faire pression pour les influencer et maintenant de nombreuses autres voix se joignent au chœur.

Il s’agit là d’un changement par rapport à l’approche adoptée par les libéraux de l’ère Chrétien-Martin, à qui l’on doit le mérite d’avoir sauvegardé le Régime de pensions du Canada (RPC) alors qu’on craignait quant à sa viabilité à long terme. Le gouvernement a augmenté les taux de cotisation pour combler les déficits, modernisé les pratiques de gouvernance et créé un OIRPC indépendant et professionnel pour aider à maximiser les rendements pour les générations futures. Mais ce sont les gestionnaires de pension du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario et d’autres fonds de pension canadiens qui ont inspiré ces réformes du RPC grâce à leurs équipes internes indépendantes et à leurs stratégies d’investissement innovantes. L’approche canadienne a connu un tel succès qu’elle est devenue connue sous le nom de modèle Maple.

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Le principe le plus important du modèle Maple a toujours été l’indépendance. L’indépendance politique de l’Office était si centrale dans les réformes du gouvernement Chrétien qu’elles ont délibérément rendu très difficile aux futurs gouvernements de modifier le système. Toute modification à l’Office nécessiterait l’approbation des deux tiers des provinces représentant au moins les deux tiers de la population du Canada. C’est pourquoi le groupe de travail Poloz n’est qu’exploratoire. Mais les autres fonds de pension canadiens ne bénéficient pas de la même protection contre l’influence.

Les politiciens donneront leur propre tournure idéologique à tout, et les retraites n’en sont pas à l’abri. J’étais aux premières loges lorsque le premier ministre Justin Trudeau a tenté de faire pression sur les fonds de pension canadiens pour qu’ils fassent des investissements qui compléteraient sa campagne pour un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies. En 2018, il a financé la création d’un Global Investment Hub dont l’objectif était d’encourager les fonds de pension publics canadiens à investir dans des projets de développement international des Nations Unies malgré les risques élevés encourus. Pendant des décennies, le NPD a tenté d’imposer son idéologie sur les investissements dans les régimes de retraite. Et même certains conservateurs ont poussé à restreindre les domaines dans lesquels l’Office peut investir en fonction des événements politiques.

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Même si ces tentatives visant à influencer les gestionnaires des fonds de pension n’ont pas donné grand-chose, elles démontrent que les politiciens peuvent considérer et considéreront les vastes réserves de capitaux des régimes de retraite à travers leur propre agenda idéologique. Les gouvernements changent, tout comme les programmes, ce qui menace non seulement l’indépendance des retraites, mais aussi leur orientation à long terme. Qu’un investissement spécifique soit dans l’intérêt public ou non, imposer de telles décisions sur le modèle Maple serait une pente glissante qui pourrait mettre en péril les futures retraites des Canadiens.

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Les investissements en capital dans ce pays font défaut, mais ce n’est pas parce que les fonds de pension de Maple sont antipatriotiques. Nous devons leur offrir des opportunités plus nombreuses et meilleures d’investir dans leur pays. Nous devons approuver les projets plus rapidement. Nous devons récompenser la prise de risque. Et nous devons être réalistes quant au calendrier de la transition énergétique. Il y a beaucoup de choses à corriger au Canada que le groupe de travail Poloz devrait recommander, mais imposer des décisions d’investissement à nos fonds de pension n’en fait pas partie.

Erin O’Toole, ancienne chef du Parti conservateur du Canada, est présidente d’ADIT North America, une société de conseil en risques.

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