lundi, octobre 28, 2024

Enseignements tirés de la crise du Credit Suisse : les établissements financiers souhaitent ralentir l’action du Conseil fédéral

L’article traite des répercussions de la crise du Credit Suisse sur la réglementation bancaire en Suisse. Suite au rachat par UBS en mars 2023, le Conseil fédéral envisage des changements, notamment des exigences accrues en matière de liquidités et de fonds propres pour les grandes banques. L’Association suisse des banquiers exprime des préoccupations concernant le zèle excessif de la réglementation. Les discussions portent également sur l’urgence d’un régime de crise crédible et l’extension des pouvoirs de l’autorité de surveillance, la Finma.

En temps ordinaire, le fonctionnement de la politique fédérale en Suisse est relativement lent. Cependant, la crise de Credit Suisse, qui a atteint son paroxysme en mars 2023 avec son acquisition par UBS avec l’appui de l’État, promet de dynamiser la réglementation bancaire. Les décisions finales sur les sujets soulevés ne seront probablement pas prises avant 2025 ou 2026. En coulisses, des négociations intenses se poursuivent. En avril dernier, le Conseil fédéral a proposé 22 recommandations dans son rapport d’analyse relatif à cette crise, visant à examiner 7 autres mesures.

UBS, la dernière grande banque globale de Suisse, se trouve au centre de la réflexion. Mais d’autres établissements jugés « d’importance systémique », tels que le groupe Raiffeisen, la Banque cantonale de Zurich et Postfinance, sont également impactés par diverses mesures discutées. Le secteur bancaire dans son ensemble est aussi concerné.

Les discussions se concentrent principalement sur l’instauration d’exigences accrues concernant les liquidités et les fonds propres des grandes banques, ainsi que sur des demandes supplémentaires en matière de planification de crise pour les établissements jugés essentiels. De plus, une extension des prérogatives de l’Autorité de surveillance financière, Finma, est envisagée.

Les enjeux de la planification de crise

Les débats s’annoncent complexes. L’Association suisse des banquiers a récemment présenté un document récapitulatif, résultat d’une analyse approfondie d’un rapport gouvernemental de plus de 300 pages. Ce document, adopté à l’unanimité par les instances de l’organisation, souligne que si le secteur reconnaît la nécessité d’agir, il estime que le Conseil fédéral exagère dans ses initiatives réglementaires.

Une question cruciale demeure : peut-on établir un cadre d’urgence crédible, afin qu’une éventuelle incapacité d’UBS ne se traduise pas uniquement par un scénario théorique de faillite ? La crédibilité d’une telle approche s’est révélée insuffisante lors de la crise de mars 2023, où les décideurs, notamment au sein du Département des Finances, ne croyaient pas en un plan B crédible, rendant probable une nationalisation temporaire du Credit Suisse si la fusion avec UBS échouait.

Une intention de renforcer la planification de crise a été esquissée par le Conseil fédéral, mais les détails restent flous. L’Association suisse des banquiers a exprimé un soutien pour ces efforts, mais peine à proposer un modèle concret, capable de réduire substantiellement la dépendance d’UBS aux aides d’État, estimée actuellement à plus de 90%.

Garantie d’État et frais d’assurance

L’association soutient également l’introduction d’une garantie d’État pour les liquidités des banques d’importance systémique, à mettre en place avant même la fin de la crise de Credit Suisse. Dans ce modèle, la Confédération assurerait à la Banque nationale une couverture contre les pertes, permettant ainsi aux grandes banques de recevoir des aides en liquidités même sans garanties.

Ce projet est déjà soumis au Parlement. Toutefois, les banques s’opposent à la nécessité de payer des primes d’assurance préalables. Elles arguent qu’aucun droit formel à des liquidités n’est prévu en cas de crise, et que tout recours entraînerait une indemnisation de la banque concernée.

Cependant, cette position semble contestable. Tout assuré obtient des avantages même sans avoir besoin de son assurance – c’est la raison pour laquelle les primes sont payées. Bien que la garantie d’État soit formellement attribuée à la Banque nationale, ce sont les banques commerciales qui en bénéficieront durant une crise. Dans un scénario où une garantie d’État n’est pas requise, la couverture en capital d’UBS devra être plus stricte, surtout si aucune alternative à la faillite n’est disponible.

Augmentation des exigences en fonds propres

Le renforcement des normes de fonds propres, en particulier pour UBS, suscite des débats. Le Conseil fédéral envisage différents ajustements, sans le durcissement généralisé des règles. Cela inclut la nécessité pour UBS de maintenir une couverture accrue pour ses investissements étrangers et de renforcer le rôle de la Finma dans l’augmentation d’exigences particulières selon chaque institution.

Les banques demandent une évaluation globale des impacts de ces exigences sur le capital total. Bien que cela semble faire consensus, l

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