(Ottawa) Pour un « échec » que les Forces armées canadiennes (FAC), le ministère de la Défense nationale et le gouvernement fédéral « devront assumer à jamais », des excuses ont été présentées lundi aux membres de l’armée qui ont été victimes d’inconduite sexuelle et de discrimination.
L’acte de contrition s’est fait de manière virtuelle, et il a été formulé tour à tour par la ministre de la Défense, Anita Anand, le chef d’état-major de la Défense, Wayne Eyre, et par la sous-ministre de la Défense, Jody Thomas.
« En tant que ministre de la Défense nationale, je vous présente mes excuses au nom du gouvernement du Canada », a déclaré Anita Anand, en regrettant que « pendant des décennies, le gouvernement du Canada n’a pas tenu sa promesse la plus fondamentale envers vous – vous qui faites tout pour servir notre pays ».
De son bureau au ministère, elle a affirmé qu’il s’agissait là d’un « échec que nos Forces armées canadiennes, notre ministère et le gouvernement du Canada devront assumer à jamais », car ces institutions « vous ont laissé tomber », et « les gouvernements qui se sont succédé au fil des ans sont loin d’avoir fait le nécessaire pour éradiquer ce fléau ».
La ministre Anand, qui a promis dès son arrivée en poste que de l’ère de l’impunité était « révolue » au sein des Forces armées, a déploré dans son discours d’excuses qu’au fil des ans, l’inconduite et les abus de pouvoir ont entraîné une « crise de confiance », en plus de « briser des liens » au sein de l’équipe de la Défense.
Des excuses attendues
Pendant des années, et en particulier depuis le rapport explosif de la juge à la retraite de la Cour suprême Marie Deschamps sur le fléau de l’inconduite sexuelle, en 2015, le leadership de l’armée et le fédéral ont refusé de présenter des excuses officielles à tous ceux qui ont subi ces préjudices.
Un chapitre s’est fermé il y a un peu plus de deux semaines, le 24 novembre dernier, la date limite des inscriptions à l’action collective qui a été intentée contre les Forces et le ministère. Près de 19 000 personnes ont fait une réclamation au gouvernement ; environ 5400 ont déjà été approuvées ou payées.
En entrevue avec La Presse environ une heure avant les excuses, la ministre n’a pas voulu s’étendre sur le lien entre les deux.
« Oui, l’argent est un facteur. Mais si je fais ces excuses, c’est parce que c’est la chose à faire. Je suis ministre depuis six semaines seulement, mais comme ministre en charge de cette institution, je crois que nous devons faire ces excuses aujourd’hui. Et c’est une première étape pour regagner la confiance de la population canadienne et de nos membres », a-t-elle soutenu.
En revanche, Mme Anand précise que « la planification de cet évènement était en cours avant le début de la pandémie », que « le ministère a suivi de près l’évolution de la pandémie dans l’espoir qu’un évènement en personne soit possible », mais que « compte tenu de la présence continue de la COVID-19 », il a été décidé de faire cela virtuellement.
Or, pendant la pandémie, le ministre qui était aux commandes de la Défense nationale était Harjit Sajjan, à qui l’opposition a reproché un certain laxisme dans la gestion de ce dossier.
Pourquoi n’a-t-il pas présenté les excuses du gouvernement ?
À cette question, sa successeure répond que « c’est difficile de savoir ce qui s’est passé avant [sa nomination, le 26 octobre dernier], but that “Minister Sajjan has helped to help the process of culture change”.