(Québec) Le député péquiste Joël Arseneau y est allé d’une charge à fond de train contre le gouvernement Legault qu’il accuse de ne « pas prendre ses responsabilités » en matière de protection de la jeunesse après le cri du cœur lancé par la bâtonnière du Québec.
« Je suis choqué de lire ça, à la une de La Presse, que la bâtonnière interpelle trois ministres pour dire qu’on aimerait ça discuter de solutions concrètes et urgentes, et qu’elle n’ait pas de réponse à sa demande de rencontre. Je trouve ça absolument aberrant. Le gouvernement ne prend pas ses responsabilités », a lancé le député du Parti québécois en mêlée de presse, mardi.
Le député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole en matière de Services sociaux réagissait à la sortie de la bâtonnière du Québec, Me Catherine Claveau, qui affirme dans une entrevue à La Presse qu’une crise « gravissime » affecte les services judiciaires en protection de la jeunesse. Le nombre de dossiers a explosé au point où les délais légaux ne sont plus respectés devant les tribunaux.
Me Claveau a pris la plume à la fin de juillet pour alerter les ministres Simon Jolin-Barrette (Justice), Ian Lafrenière (Relations avec les Premières Nations et les Inuit) et Lionel Carmant (Services sociaux). Sa lettre s’intitule : « Urgence d’agir en protection de la jeunesse ». Or, seul le cabinet du ministre de la Justice lui a répondu, affirmant travailler sur un projet, mais sans prévoir de rencontre.
Le gouvernement dit quoi ? Que ça m’intéresse plus ou moins d’en discuter. On est en vacances au mois de juillet, puis on va y revenir, on a un projet, on vous en reparlera.
Joël Arseneau, député du Parti québécois
« Je trouve ça insultant. Je trouve ça irresponsable, choquant. Je n’ai pas de mots pour décrire à quel point j’éprouve une colère pour ces enfants-là, dont on dit qu’on va assurer la protection par l’État et puis qu’on les abandonne purement et simplement », a poursuivi le député dans une sortie bien sentie.
Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a rétorqué avoir rencontré la bâtonnière en février dernier. « Je n’ai pas très bien compris cette intervention. On a reçu une lettre de quatre pages. Moi, on me parlait surtout des services de première ligne et je l’avais rencontré au mois de février, donc il n’y a pas d’enjeu », a expliqué le ministre à son arrivée à la période de questions.
M. Carmant se dit du même souffle bien conscient des problèmes décriés par la bâtonnière. « Il n’y a pas d’amélioration, il faut agir. Les DPJ s’en plaignent », a-t-il admis. « Ça fait longtemps qu’on en discute avec mon collègue, M. Jolin-Barrette, et on veut agir là-dessus. Il y a une équipe qui travaille, qui va nous donner des propositions d’ici la fin de l’année et on compte bien les mettre en place », a ajouté le ministre.
Le ministre de la Justice n’était pas au Parlement, mardi.
Il est temps que le gouvernement « réveille »
Le Parti libéral du Québec a aussi déploré la réponse du gouvernement Legault dans ce dossier. « Il y en a juste un qui s’est donné la peine de répondre », a dénoncé le chef intérimaire libéral, Marc Tanguay. « Je pense qu’ils ne prennent pas toute la mesure de la crise en la matière et la mesure de l’impact que cela a dans la vie des familles et de nos tout-petits. Il est temps qu’ils se réveillent », a-t-il pesté.
M. Tanguay a rappelé au passage que sa formation politique a demandé le 13 septembre à entendre le ministre de la Justice en commission parlementaire pour l’interroger sur les délais judiciaires.
« Si j’étais dans les souliers du ministre, que j’avais une crise du système de justice et que des acteurs aussi centraux que la bâtonnière [m’interpellaient], I would find a little 15-20 minutes to at least make a call and possibly meet. I don’t understand why it hasn’t happened yet,” said Québec Solidaire MP Alexandre Leduc.
With Louis-Samuel Perron