La Ville de Laval a intenté une action en justice contre Cavalia pour l’expulsion de son installation Illumi, occupée illégalement depuis trois mois. Malgré la fin de l’accord le 1er septembre, de nombreux équipements demeurent sur le site, entravant les projets de développement d’un nouveau quartier. Cavalia évoque des difficultés financières pour le démantèlement et conteste la demande d’injonction. Parallèlement, la Ville réclame des frais journaliers en raison de l’occupation illégale.
La Ville de Laval poursuit Cavalia en justice pour l’obliger à quitter le site de l’ancien parcours Illumi qu’elle occupe “illégalement” depuis trois mois et à enlever ses nombreux équipements et déchets qui jonchent encore le terrain.
Illumi, un parcours nocturne illuminé par un nombre impressionnant de LED, a été lancé en 2019 à l’angle de l’autoroute 15 et du boulevard Saint-Martin sur un terrain appartenant à la Ville de Laval, selon un accord établi avec celle-ci.
Après avoir attiré deux millions de visiteurs, l’organisateur de l’événement, Cavalia, s’est vu refuser une prolongation de l’accord par la Ville en 2023, qui prévoit de construire un nouveau quartier sur ce terrain, entre autres.
Une demande d’injonction
La dernière édition d’Illumi à Laval a ainsi pris fin le 7 janvier, alors que l’accord d’occupation a expiré le 1er septembre.
Cependant, près de trois mois plus tard, de nombreux équipements d’Illumi sont toujours présents sur le site, qui semble abandonné, comme l’a relevé Le Journal.
La Ville de Laval a déposé une demande d’injonction le 27 septembre, exigeant l'”éviction” de Cavalia du site qu’elle occupe toujours “illégalement” et “dans son intégralité”, selon leurs dires. Ce terrain s’étend sur 93 127 m2, soit l’équivalent de près de 17 terrains de football.
“Une inspection du site de l’événement par la Ville a révélé que Cavalia continue de stocker une quantité significative d’équipements, de machines, de déchets et de débris,” peut-on lire dans la demande présentée à la Cour supérieure du Québec que Le Journal a consultée.
Cette demande inclut une longue liste des éléments identifiés sur le site, tels que des figurines, des arches lumineuses, des tentes et des installations sanitaires.
De plus, la Ville réclame 7 671 $ par jour à Cavalia depuis le 1er septembre, car il est interdit pour une municipalité de permettre à une entreprise d’occuper ses terres gratuitement. Le montant total s’élèverait ainsi à plus de 680 000 $ au 28 novembre.
Un site destiné à un futur quartier
Par courriel, la Ville de Laval souligne l’importance pour Cavalia de quitter ce terrain, car des travaux préparatoires ont été lancés en septembre pour le projet Carré Laval, un futur écoquartier qui comprendra finalement 3 500 logements et un parc urbain de 22 hectares.
“Il est donc essentiel de garantir le respect des paramètres énoncés dans l’accord entre le promoteur et la Ville pour permettre les études et les travaux préparatoires ainsi que la construction des premiers bâtiments. Pour ce faire, le site occupé illégalement doit être libéré et restauré rapidement,” a insisté son porte-parole, Philippe Déry.
Cavalia évoque des difficultés financières
Cavalia affirme faire face à des problèmes financiers, à tel point qu’elle n’a pas les moyens de démonter les installations d’Illumi à Laval.
“Le maire a rompu ses promesses, ce qui a mis Illumi dans une situation impossible. Vous ne pouvez pas changer un événement de cette ampleur du jour au lendemain,” critique Dimitri Soudas, analyste politique à Radio-Canada et vice-président senior du groupe Cavalia.
Dans une interview avec Le Journal, il explique que la société n’a pas pu démonter ses installations à temps pour le 1er septembre sur le site le long de l’autoroute 15 en raison du manque de fonds.
Cette opération coûterait “plusieurs millions de dollars,” selon lui.
“Néanmoins, nous avons déjà démonté plus de 50 % du site. Les opérations de démantèlement se poursuivent, lentement mais sûrement,” affirme M. Soudas.
Le vice-président senior soutient que le maire de Laval, Stéphane Boyer, a “promis” lors d’une réunion en mai 2022 avec Normand Latourelle, fondateur de Cavalia, de trouver un site alternatif à Laval pour relocaliser les installations d’Illumi.
Des projets ailleurs dans le monde
L’absence de respect de cette promesse aurait “pris Cavalia au dépourvu,” qui ne s’attendait pas, selon M. Soudas, à devoir fermer Illumi Laval dès 2024.
“Il n’a pas été possible d’identifier une solution satisfaisante pour les deux parties,” a réagi Philippe Déry, porte-parole de la Ville de Laval. Dès juillet 2023, la Ville a confirmé à Cavalia qu’il ne serait pas possible de tenir des activités sur un site alternatif […]
Les problèmes financiers évoqués par Cavalia peuvent surprendre, car des spectacles Illumi sont actuellement proposés à Mississauga, Singapour, et bientôt à Los Angeles.
“Chaque événement est unique. Vous ne pouvez pas dépouiller Pierre pour payer Paul,” rétorque M. Soudas.
Quant aux procédures judiciaires, Cavalia a décidé de contester la demande d’injonction de la Ville et travaille actuellement sur sa réponse.
La société prépare également sa propre réclamation contre Laval.
“Nous avons mandaté nos avocats pour faire une réclamation à la Ville pour tous les dommages qu’elle nous a causés, qui s’élèvent à des millions de dollars,” affirme Dimitri Soudas.
Cette saga juridique semble donc loin d’être résolue.
Exemples d’éléments encore présents sur le site d’Illumi devant être démontés, selon la Ville de Laval
- Tentes et bâtiments;
- Remorques, véhicules et camions;
- Décorations, figurines et modèles;
- Arches lumineuses;
- Matériaux de construction;
- Un étang et un système de filtration;
- Tuyauterie et infrastructures souterraines;
- Installations sanitaires ou fosse septique.
Source : demande d’injonction contre Cavalia déposée par la Ville de Laval