Before the screening at the Fantasia International Film FestivalAbabouinéhis sixteenth feature film, André Forcier was awarded the Denis-Héroux Award for his entire career. Present that evening, Rémy Girard and Éric Bruneau confirm that the wild audience laughed so much that the dialogues could barely be heard.
« J’ai voulu faire des dialogues comiques parce que le sujet était grave. Il y en a qui ont peut-être de la difficulté avec ça, mais moi, j’en ai pas, ça m’amuse énormément ! Le journaliste Jean-Pierre Tadros, qui en a vu plus que toi et moi réunis, n’avait jamais vu une réaction aussi enflammée pour un film. C’est là que j’ai appris, à 77 ans, que je faisais des films de genre. Rétrospectivement, je me suis dit que c’était vrai », raconte le cinéaste.
« Il y a quelque chose de surréaliste, de l’imaginaire dans son cinéma, confie Rémy Girard. Il a toujours gardé ce côté-là. »
Il y a toujours une magie chez lui, un côté ironique, surréaliste. Forcier, c’est comme Denys Arcand, j’ai pas besoin de lire le scénario pour dire oui, parce que je sais que je vais trouver un plaisir d’acteur, une grande liberté de jeu qu’on ne trouve pas ailleurs.
Rémy Girard
Un film « ultra-actuel »
Ce sujet grave qu’André Forcier aborde dans Ababouiné, c’est le pouvoir de l’Église sur l’État durant la Grande Noirceur. Se déroulant en 1956 dans le quartier ouvrier du Faubourg à m’lasse, ce conte aux accents surréalistes met en scène le jeune Michel Paquette (Rémi Brideau), atteint de la polio. Le dimanche, plutôt que d’aller à la messe, Michel aide son ami Archange Saint-Amour (Gaston Lepage, dans sa dixième apparition dans l’univers de Forcier), imprimeur souffrant de parkinson, à typographier le pamphlet Vive le Québec laïque.
« Le point de départ du film, c’était de parler de l’obscurantisme religieux, se rappelle André Forcier. C’est un film sur une période très sombre de la vie du Québec. J’ai rarement vu un film où on a des personnages critiques à l’intérieur même de cette époque, c’est comme si c’était tous des valets de pied de l’Église. »
Lorsque l’anarchiste André Rochette (Martin Dubreuil), qui prépare Ababouiné, dictionnaire des mots oubliés, distribue le pamphlet anticlérical aux élèves de sa classe, la pieuse Angèle (Maïla Valentir) s’empresse de le dire à son directeur de conscience, le vicaire Cotnoir (Éric Bruneau). À travers ce vilain personnage, le réalisateur traite d’un sujet délicat.
Je n’ai pas voulu vraiment dénoncer les abus sexuels, mais je ne pouvais pas occulter l’affaire. Je ne pouvais pas non plus en faire le centre d’un film parce que ç’aurait été macabre.
André Forcier, réalisateur d’Ababouiné
« J’ai adoré jouer ce personnage-là, affirme Éric Bruneau, heureux de retrouver André Forcier 20 ans après Les États-Unis d’Albert. Je trouve que c’est un arriviste qui incarne le petit pouvoir. Il est prêt à faire n’importe quoi pour avancer un peu. Marc-André [prénom complet d’André Forcier] told me that he was not happy with what the Church had done to the message of Christ. I find that there is a modernity in his film. He took the microcosm of the Faubourg à m’lasse to talk about the rise of the right. With Rémy, we embody the right, the hypocrisy of the right. At the moment, it is the return of the conservative wave; I find that the film is ultra-current.
“They betrayed the message of Christ. I am very sensitive to the message of Christ. In a way, I am a Christian. What they have done to the message of Christ is crap,” insists the filmmaker.
Having played Monsignor Madore, spiritual director of Maurice Duplessis (Michel Barrette), in I rememberRémy Girard happily reconnects with this larger-than-life character, who proudly dons the red robes of a cardinal.
“What I like about Madore is that he’s a little crazy,” says Rémy Girard, bursting out laughing. “And it doesn’t get any better with age because already in I rememberhe didn’t really think he was a 7Up flat. He’s even sicker and even more megalomaniac than he was. If he thinks he can become pope, it’s because things are not going well in his head. In my mother’s family, there were priests. So I knew this kind of power that they had. In fact, it’s not so much power, but a need for consideration.
Hope, solidarity and love
When presentingAbabouiné At Fantasia, one scene in particular had the audience rolling in laughter, what Éric Bruneau calls the pedicure scene: “When I saw the set, it looked like we were in The Two Popesthe film with Jonathan Pryce and Anthony Hopkins. I loved doing this film because I had never acted with Rémy.
“Cotnoir and Madore are in a visibly homosexual relationship,” says Rémy Girard. “This scene of dubious eroticism is surreal, it’s crazy! It’s Marc-André who presents the literal translation of the expression “take your foot”. You can’t really prepare for a scene like that because it’s so weird, so unexpected. With Éric, we said we were going to go all out.”
Beyond the criticism of the Church, we find in Ababouiné a tribute to the builders of the Quiet Revolution, such as the signatories of Global refusalthe most precious possession of Archangel Saint-Amour, as well as a declaration of love to the French language and to poetry.
” Marc-André is a language, a universe. His poetry works because there is something ultra-concrete, and then, he is able to make the language fly. “It’s a film of hope and solidarity between young people, it’s also a tribute to love, as in all his films. That’s where we understand all the vulnerability, the sensitivity of Marc-André,” concludes Éric Bruneau.
In theaters August 23