Elle a le charme classique de ces Anglaises amoureuses du continent. Avec Jacqueline Bisset et Jane Birkin, Charlotte Rampling est l’actrice britannique la plus admirée des Français. Installée à Paris depuis plusieurs années, elle nous accorde une entrevue au téléphone dans la langue de Molière.
Charlotte Rampling s’est illustrée dans des séries cultes (Dexter, Broadchurch) et des superproductions hollywoodiennes, comme Dune de Denis Villeneuve. La comédienne a joué surtout des rôles de femmes fortes dans des films d’auteur audacieux. Chez Cavani (Portier de nuit), comme chez Ozon (Sous le sable) ou Ōshima (Max mon amour, qui demeure un de ses films favoris).
Dans Juniper, le premier long métrage de Matthew J. Saville, on la retrouve dans la peau de Ruth. Une grand-mère alcoolique et rivée à son fauteuil roulant, après un accident. Une femme contrariée qui, peu à peu, va se rapprocher de son petit-fils, Sam, un adolescent aux pensées suicidaires. Et tisser un solide lien d’amitié sur fond de drame et de tristesse.
« C’est une belle histoire, très personnelle, car liée à l’enfance du réalisateur », explique la comédienne en entrevue.
Le film nous montre bien ce rapprochement entre Ruth et Sam, deux solitudes dans une famille brisée. Malgré la différence d’âge et d’expérience de vie, ces deux êtres vont se reconnaître dans leurs blessures profondes. Et finir par s’aimer. L’amour, c’est souvent se reconnaître dans les blessures de l’autre.
Charlotte Rampling
Comment choisit-elle ses rôles ? « C’est comme un appel. À chaque nouveau rôle, c’est comme si je retrouvais une partie, une extension de moi-même dans le personnage. Je reconnais des traits de caractère qui sont les miens. Je ne crois pas pouvoir changer au point de me transformer pour un rôle ni de me perdre dans un personnage. C’est pour ça que je refuse de jouer des personnages réels. Mon jeu serait moins intéressant, une copie de la personne qui a existé. »
Pour Juniper, l’actrice a d’abord refusé la proposition du cinéaste, en partie parce qu’elle ne voulait pas tourner à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande. Mais le réalisateur s’est rendu en Europe pour la courtiser. Il lui a dit que le rôle de Ruth avait été écrit pour elle : « Depuis mes débuts, j’ai toujours travaillé avec le désir de l’autre, dit Rampling. Je n’ai jamais sollicité de metteur en scène pour faire un film. C’est formidable de sentir qu’on vous a choisi ! »
Ce sentiment, elle l’a aussi ressenti lors de sa première rencontre avec Denis Villeneuve. Le cinéaste québécois lui a confié le rôle de la révérende mère Mohiam dans les deux premières parties de Dune. « Denis [Villeneuve] directs blockbusters, but on the set, he works as if he were making a little auteur film. He is a director who is very close to his team, to his actors. For me to play in Dunes is no different from my previous films. It’s just the machine around which is much bigger. »
Aging is a big deal
On screen, Charlotte Rampling still has the class and beauty of a woman of character. A woman who assumes her age. The actress, who turned 77 in February, does not want to hide the passage of time: “I am not exemplary, but I try to show the way to younger actors. This path is that of nature. A performer cannot cheat authenticity. It’s not believable to play a 70-year-old grandmother if you seem to be half that age on screen. »
“Of course, aging is not happy, she continues. The idea of thinking that we are going to lose the radiance of our youth is scary. But you have to be realistic. We’re all going to go through this. Me, I prefer to stay natural and recognize myself, despite my wrinkles, in the mirror. »
Juniper (The past rediscovered) hits theaters March 3.