mercredi, décembre 25, 2024

En souvenir de Nick Nemeroff, un maître de la mauvaise direction

Nick Nemeroff.
Photo : FilmMagic/FilmMagic

Lorsque j’ai vu l’humoriste montréalais Nick Nemeroff ouvrir un spectacle à Absolute Comedy à Toronto en 2013, son bref set m’a laissé une impression durable. Les comédiens des clubs en tête d’affiche se plaignent parfois sur les podcasts des membres du public pensant naïvement que les ouvreurs sont de meilleurs comédiens qu’eux, soulignant la relative facilité de captiver un public pendant dix minutes au lieu d’une heure entière. Mais ce n’était pas ça. Blotti au-dessus du micro à un angle aigu, ses yeux s’écarquillèrent faux-terror, Nemeroff avait une présence scénique plus convaincante. Il a parlé à un rythme délibéré et sa voix s’est fissurée stratégiquement pour hésiter, ce qui a rendu son discours plus distinct. Son engagement envers l’absurdité et les blagues en zigzag indiquait une philosophie comique singulière que les autres bandes dessinées ne possédaient pas. Je me souviens d’avoir cité une de ses blagues sur la chirurgie du cerveau pour des raisons «cosmétiques» («je me sens assez gêné par les rides») pendant des semaines. Des années plus tard, en 2018, il jouerait cette blague sur Conan. Je n’ai plus jamais pensé aux autres comédiens de la soirée.

Le 27 juin, Nemeroff est décédé à l’âge de 32 ans. La nouvelle, qui a été confirmée par sa famille et sa société de gestion dans des déclarations publiées sur les réseaux sociaux, n’a pas détaillé sa cause de décès, mais son manager, Morgan Flood, a indiqué dans un texte message à CBC qu’il « est mort dans son sommeil ». Nemeroff a fait une empreinte sur les scènes de comédie au Canada, en Australie et aux États-Unis, et en plus de se produire sur Conan, il a participé à des festivals comme Just for Laughs et le Melbourne International Comedy Festival et est apparu dans des émissions de télévision canadiennes comme CBC Gem’s La nouvelle vague du stand-up et CTV Comedy’s Rôti Bataille Canada.

Depuis l’annonce de la nouvelle, les amis de Nemeroff, les comédiens et les fans de comédie pleurent sa disparition sur les réseaux sociaux :

Beaucoup de ces hommages ont orienté les lecteurs vers le premier album comique de Nemeroff, 2020 La poursuite de la comédie a ruiné ma vie, comme la meilleure synthèse de son travail. Nominé pour un prix Juno pour l’album comique de l’année en 2021, l’album est une classe de maître dans l’art de la mauvaise direction comique, la plus grande superpuissance comique de Nemeroff. À un moment de l’album, il fait un zoom arrière et commente cela. « En essayant de faire une setlist pour l’émission, j’ai réalisé que toutes mes blagues ressemblaient à une grosse erreur de direction », dit-il. « Toutes mes blagues sont des détournements classiques de ma part, Pierre. »

C’est la parfaite blague de Nemeroff : si stupide, mais si précise dans sa stupidité qu’elle témoigne de la compétence d’écriture considérable qu’il a fallu pour la fabriquer. Dans la forme sinon dans le fond, ses blagues ressemblaient à celles d’Anthony Jeselnik : il était clair qu’il essayait de vous faire perdre son parfum dès le départ, ce qui rendait d’autant plus impressionnant qu’il y parvenait toujours avec succès. Un bon exemple de cela se trouve sur la piste de l’album « Vaping/Electronic Toothbrush », où il dit : « Mon ami m’a dit : ‘Tu dois essayer la vape à la mangue. C’est la meilleure saveur. Je l’ai essayé, et honnêtement, pour moi, toutes les saveurs de vape ont un goût très similaire. Pour moi, ils ont tous le goût de plastique brûlé et malodorant. Mais, je ne sais pas, c’est peut-être mon briquet. Nemeroff ne faisait que commencer, mais cet album est la preuve qu’il a dépassé avec succès la promesse de l’humoriste que j’ai vu sur scène en 2013.

Une nécrologie publiée sur le site Web d’un salon funéraire de Montréal indique que « l’une des dernières choses que Nick a faites a été de donner de l’argent à Planned Parenthood » et qu' »au lieu de fleurs, des dons en sa mémoire peuvent être faits à la section Planned Parenthood de votre choix. »

De plus, nous pouvons toujours nous souvenir de Nemeroff comme il voulait qu’on se souvienne de lui :

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