Avant les élections fédérales en Allemagne, Robert Halver analyse l’impact limité de la politique allemande sur les marchés financiers, comparé aux ‘Trump Trades’ américains. Il souligne que les réformes économiques radicales ne sont pas attendues, et que les coalitions devront privilégier des compromis. Les secteurs comme l’immobilier et l’énergie renouvelable pourraient subir des changements en fonction des alliances politiques. Enfin, il met en garde contre les conséquences d’un retrait de l’UE et évoque l’importance d’un système de retraite fondé sur les actions.
Avant les élections américaines de l’année dernière, le terme ‘Trump Trades’ ou parfois ‘Harris Trades’ a été largement utilisé pour désigner les stratégies d’investissement basées sur les résultats électoraux, influençant ainsi les marchés boursiers. Alors qu’une élection fédérale se profile en Allemagne, les enjeux économiques prennent de l’importance. Le stratégiste de marché Robert Halver partage son point de vue sur l’impact potentiel des élections sur la bourse et explique pourquoi la politique allemande a un effet limité sur le marché dans son ensemble.
Les Élections Fédérales Allemandes et Leur Impact sur le Marché
ntv.de : Peut-on observer des mouvements similaires aux ‘Trump Trades’ sur le marché boursier allemand avant les élections fédérales ?
Robert Halver : Contrairement aux élections présidentielles américaines, une élection fédérale en Allemagne n’aura pas un impact aussi significatif sur les marchés financiers. Les États-Unis dominent les marchés de capitaux, tandis que l’Allemagne suit le mouvement. Un changement radical ne se produirait que si un nouveau gouvernement allemand décidait d’apporter des réformes économiques profondes, ce qui n’est pas à prévoir. Même si certains partis le promettent, la réalité est que le prochain gouvernement sera probablement un gouvernement de coalition qui devra trouver des compromis. Cela signifie que l’on continuera à traiter les symptômes plutôt qu’à apporter de véritables changements. Pour que la dynamique économique allemande soit vraiment différente, il faudrait un changement de paradigme, ce que je ne vois pas arriver, d’autant plus que de nombreuses décisions sont également prises au niveau de l’UE.
Impact des Résultats Électoraux sur des Secteurs Spécifiques
Quels secteurs pourraient être affectés par les changements politiques en Allemagne ?
Si une coalition entre la CDU, la CSU et le SPD devait se former, les perspectives pour les énergies renouvelables pourraient devenir moins favorables. Les secteurs traditionnels, tels que l’industrie automobile, pourraient bénéficier de davantage de soutien, surtout si les exigences environnementales sont assouplies. Bien que cela puisse sembler positif pour certains, la question est de savoir si c’est effectivement un développement bénéfique.
La construction de logements est un sujet brûlant de la campagne. Quel impact cela pourrait-il avoir sur l’immobilier ?
Un changement significatif dans les exigences de construction pourrait avoir des répercussions sur le secteur immobilier. Si la priorité est donnée à la construction de nouveaux logements plutôt qu’à la protection de l’environnement, cela pourrait stimuler le marché de l’immobilier et les actions associées.
Les positions radicales comme celles de l’AfD, qui prône un retrait de l’UE, inquiètent-elles le marché ?
Un retrait de l’UE serait catastrophique pour l’économie allemande. C’est une proposition non seulement irréaliste, mais aussi dangereuse. L’Europe doit agir ensemble pour renforcer sa compétitivité. Si l’UE ne parvient pas à réduire la bureaucratie, alors des pays comme les États-Unis deviendront plus attrayants pour les entreprises. L’UE doit donc opérer un changement de cap vers plus de pragmatisme économique.
Une délocalisation massive aurait-elle un impact sur les entreprises allemandes ?
Pour les actionnaires, peu importe où les entreprises du DAX, comme VW, BMW et Mercedes, réalisent leurs bénéfices. Ironiquement, une délocalisation pourrait même être bénéfique pour les cours des actions. Le marché boursier allemand semble s’éloigner des politiques nationales et européennes, et de nombreuses entreprises gagnent davantage à l’international qu’à l’intérieur de l’Europe. Même une réduction de l’impôt sur les sociétés à 25 % en Allemagne ne compenserait pas les avantages fiscaux offerts par d’autres pays, comme les États-Unis.
Quel rôle jouent les questions d’investissement et de retraite dans cette campagne ?
Les questions d’investissement sont cruciales. Si l’Allemagne adoptait un système de retraite basé sur les actions, comme en Suède ou en Norvège, cela donnerait un coup de fouet au DAX. La FDP pourrait être favorable à une telle approche, tandis que le SPD et les Verts ne semblent pas y accorder beaucoup d’importance. Les préoccupations autour de la retraite par capitalisation demeurent fortes, et les pertes de cours génèrent souvent de la panique, même si l’histoire a montré que les marchés se redressent généralement après des crises.
Votre analyse semble pessimiste concernant l’avenir de la politique allemande. N’y a-t-il pas d’espoir ?