lundi, mars 17, 2025

Edgar Oehler : l’entrepreneur audacieux de l’Est de la Suisse ayant négocié avec Saddam Hussein

Edgar Oehler, entrepreneur influent originaire de Balgach, a marqué le monde des affaires par son rythme de travail effréné et sa détermination à créer des emplois. Polyvalent, il a exercé plusieurs carrières tout en étant un acteur politique majeur. À la tête du groupe Arbonia-Forster, il a favorisé l’expansion de l’entreprise, mais a dû faire face à des défis financiers. Fier de sa région, il a soutenu les entreprises locales et a contribué au développement économique de la Suisse orientale.

Travailler aux côtés d’Edgar Oehler signifiait s’adapter à son rythme effréné. Ce passionné de l’activité économique préférait organiser ses réunions dès le samedi matin à sept heures, parfois même avant. Il accueillait ses partenaires commerciaux dans son bureau surplombant le lac de Constance, prêt à s’engager dans deux à trois heures de travail intensif. En guise de remerciement, Oehler offrait à chacun un pain au beurre à la fin de ces sessions.

Sa philosophie de travail se résumait ainsi : « J’ai une magnifique maison au bord de la mer en Floride. Mais j’ai toujours affirmé : si l’opportunité se présente de contribuer à l’économie et de créer de nouveaux emplois, il faut saisir cette chance. »

Edgar Oehler a su concrétiser cette vision à travers une multitude d’initiatives. Il a mené plusieurs carrières simultanément, se distinguant en tant que colonel, conseiller national, journaliste, mais surtout en tant que l’un des entrepreneurs les plus influents du pays.

Son ancrage est resté solide en Suisse orientale, plus précisément dans la vallée du Rhin, à Balgach. Ce village, où il a passé sa jeunesse, est devenu le foyer du « roi de la vallée du Rhin », un titre qui reflétait son rôle prédominant dans la région.

Du village de Balgach à la capitale irakienne

Edgar Oehler a commencé sa carrière en gagnant de l’argent dès son jeune âge, en élevant des poules. Né en 1942 en tant que seul garçon parmi six sœurs, il a dû reprendre l’entreprise de peinture familiale. Toutefois, Oehler s’est démarqué par son esprit exceptionnel. Avant même d’obtenir son diplôme, il a passé une année en Oregon, puis a effectué son service militaire avant d’obtenir son doctorat à l’Université de Saint-Gall.

Son sens des affaires s’est manifesté très tôt. En tant qu’adolescent, il a négocié des immeubles multifamiliaux et a fondé une entreprise de plâtrerie durant ses études. Bien qu’il se salisse les chaussures sur les chantiers, cela ne le dérangeait pas. En tant qu’étudiant, il a même employé quarante personnes et a acheté une Porsche flamboyante avec son premier chèque important.

Oehler a rapidement compris que pour croître, il lui fallait une certaine influence politique. Ainsi, en 1971, à peine trentenaire, il a été élu au Conseil national dès le premier tour. Il a représenté le PDC à Berne durant six législatures.

En 1973, il a été nommé rédacteur en chef du journal catholique-conservateur « Die Ostschweiz » sans aucune expérience journalistique, à la demande de son mentor politique, le conseiller fédéral PDC Kurt Furgler. Ce partenariat a bénéficié aux deux parties : Oehler a orienté le journal vers une approche favorable aux affaires tout en évitant une couverture négative de Furgler.

Au cours de ces années, Oehler a affiné son image publique et a acquis une notoriété nationale, notamment en 1990 lorsqu’il a dirigé une délégation de politiciens à Bagdad pour négocier la libération de 36 otages, réussissant ainsi son projet et recevant le surnom de « calife de Bagdad ».

Un leader au sommet de son empire

En 1985, Oehler a été recruté par Jakob Züllig au bord du lac de Constance pour devenir directeur général du groupe Arbonia-Forster (AFG), un conglomérat fabriquant des produits variés allant des appareils de cuisine aux chauffages d’ambiance.

Sous sa direction, l’entreprise a connu une expansion rapide. Oehler a diversifié ses activités et a introduit AFG en bourse en 1988. Son goût pour l’entrepreneuriat se renforçait. En 1998, il a acquis en privé le spécialiste du traitement de surface STI Hartchrom, un investissement qui s’est révélé crucial par la suite.

En 2003, Oehler a réalisé un coup de maître en devenant l’actionnaire principal d’Arbonia Forster, après avoir discrètement acquis les actions des héritiers de Züllig. Il est devenu à la fois le dirigeant, l’actionnaire majoritaire et le président du conseil d’administration, incarnant un véritable monarque au sein de son empire.

Dans ce rôle, Oehler a élargi sans relâche ses activités. Les acquisitions se multipliaient, et bientôt, Arbonia Forster se diversifiait également dans la production de fenêtres, portes, parois de douche et baignoires, atteignant un chiffre d’affaires de 1,6 milliard de francs en 2008.

Cependant, la crise financière a frappé, entraînant une chute des ventes et l’augmentation des coûts. Les incohérences des différentes entreprises rassemblées sous le même toit devenaient de plus en plus évidentes, tandis que les dettes s’accumulaient.

Sous la pression des institutions financières, Oehler a dû céder sa majorité d’actions, marquant ainsi la fin de son règne absolu. Malgré cela, il a toujours refusé l’idée de diviser ou de réduire son conglomérat, affirmant : « Je renierais toute ma vie et toute ma politique régionale et économique ! »

Une lumière pour chaque ambiance

Oehler était avant tout un homme enraciné en Suisse orientale et un fervent défenseur de sa région. Son fils adoptif, Michael Götte, conseiller national de l’UDC, témoigne : « Il veillait toujours à soutenir et à promouvoir les entreprises locales. Ceux qui provenaient de la région avaient un atout à ses yeux. »

Par fierté régionale, Oehler est devenu l’actionnaire majoritaire du FC Saint-Gall, souhaitant que « nous soyons également reconnus en Suisse orientale. » En somme, sa vie et sa carrière ont été marquées par un engagement indéfectible envers sa communauté et le développement économique local.

- Advertisement -

Latest