Les négociations de coalition entre le FPÖ et l’ÖVP en Autriche ont échoué en raison de conflits sur les attributions ministérielles et des divergences idéologiques. Herbert Kickl, leader du FPÖ, a annoncé la fin des pourparlers, regrettant l’absence d’accord. L’ÖVP a blâmé le FPÖ pour son intransigeance. Des élections anticipées sont envisagées, tandis que le président fédéral pourrait opter pour un gouvernement d’experts ou de transition en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.
Depuis plus d’un mois, le FPÖ et l’ÖVP étaient engagés dans des pourparlers pour établir un nouveau gouvernement, mais ces discussions ont désormais échoué. Les principales sources de conflit ont été les attributions ministérielles.
En Autriche, les négociations de coalition entre le FPÖ, un parti à tendance extrême droite, et l’ÖVP, un parti conservateur, ont pris fin sans succès. Herbert Kickl, le leader du FPÖ, a annoncé cette nouvelle après sa rencontre avec le président fédéral Alexander Van der Bellen à Vienne, révélant qu’il avait décidé de rendre le mandat gouvernemental.
Malgré les concessions faites par le FPÖ sur plusieurs points, Kickl a exprimé son regret que les pourparlers n’aient pas abouti dans une lettre adressée au chef de l’État.
De son côté, l’ÖVP a pointé du doigt le FPÖ comme responsable de cet échec, citant l’«ivresse du pouvoir» et l’inflexibilité de Kickl. Selon Alexander Pröll, le secrétaire général de l’ÖVP, Kickl aurait préféré jouer le rôle de l’opposition plutôt que celui de chef de gouvernement.
Le président Van der Bellen prévoit de s’exprimer sur cet échec et sur les étapes à venir à 18h30.
Des divergences marquées
Les négociations ont été dès le début marquées par des divergences fondamentales, notamment sur les questions de politique étrangère et de sécurité. Le FPÖ s’est opposé à un soutien accru à l’Ukraine dans son conflit avec la Russie et a exprimé des critiques acerbes à l’égard de l’Union européenne, en contraste avec l’ÖVP.
Au fil des discussions, qui ont duré environ quatre semaines, il est devenu évident que les visions du monde des deux partis divergeaient considérablement. Alors que l’ÖVP prône une intégration internationale forte pour l’Autriche, le FPÖ fait la promotion de son slogan de «forteresse Autriche». Christian Stocker, le chef de l’ÖVP, avait pressé le FPÖ de se rapprocher du centre politique face à cette nouvelle responsabilité, ce qui a intensifié les tensions entre les deux partis.
Conflits sur les ministères
Les récentes disputes entre les partis ont surtout concerné la répartition des ministères. Le FPÖ a exigé non seulement le poste de chancelier, mais aussi ceux des Finances et de l’Intérieur. Ils avaient proposé une répartition qui leur permettrait d’obtenir six ministères contre sept pour l’ÖVP, y compris le ministère des Affaires étrangères.
L’ÖVP, de son côté, était également intéressée par les ministères des Finances et de l’Intérieur et a suggéré un compromis où le FPÖ pourrait obtenir un ministère dédié à l’asile et à la migration, tandis que l’ÖVP prendrait le ministère de l’Intérieur, y compris les services de renseignement, ainsi que celui des Finances.
Le FPÖ a cependant refusé cette offre, souhaitant conserver le ministère des Finances pour mener la nécessaire consolidation budgétaire avec le chancelier. Ils ont également rejeté la proposition de l’ÖVP concernant le ministère de l’Intérieur, arguant que l’ÖVP ne pouvait pas garder ce ministère en raison de sa part de responsabilité dans la situation financière actuelle du pays.
Cet échec des discussions empêche pour l’instant l’éventualité qu’un populiste de droite accède pour la première fois au poste de chancelier autrichien. Ce potentiel changement a suscité de vives inquiétudes parmi une partie de la population, qui a manifesté à l’encontre de cette évolution, rassemblant jusqu’à 30 000 personnes dans les rues.
Quel avenir pour la politique autrichienne ?
Suite à l’échec des négociations de coalition, des élections anticipées sont désormais envisagées. Toutefois, le parti social-démocrate SPÖ et les libéraux NEOs ont récemment plaidé pour une nouvelle tentative de négociation de coalition à trois avec l’ÖVP, après l’échec des discussions entre ces partis centristes en janvier.
Le FPÖ ne semble pas craindre de nouvelles élections. Selon les sondages, après leur victoire aux législatives de l’automne 2024 avec près de 29 %, leur soutien pourrait atteindre environ 34 %. L’ÖVP et le SPÖ seraient chacun autour de 20 %, tandis que les NEOs et les Verts atteindraient respectivement environ 10 % et 8 % des voix. D’ici la formation d’un nouveau gouvernement, les ministres actuels de l’ÖVP et des Verts continueront à exercer leurs fonctions.
En alternative à de nouvelles élections, le président fédéral Van der Bellen pourrait envisager la désignation d’un gouvernement d’experts ou de transition.