jeudi, décembre 26, 2024

Dubai-Chocolat : les enjeux cachés de l’or vert

La popularité des pistaches connaît une forte hausse, alimentée par leur présence dans diverses recettes et tendances de consommation. Bien qu’elles soient riches en nutriments, leur culture pose des défis écologiques, notamment en raison de leur forte consommation d’eau. La Californie domine la production mondiale, mais cette demande croissante pourrait compromettre la durabilité de leur culture dans des régions arides. Les pistachiers, originaires d’Asie, ont un cycle de production mystérieux et nécessitent des conditions spécifiques pour prospérer.

La Montée en Flèche de la Popularité des Pistaches

Une tablette de chocolat à un prix variant entre 10 et 15 francs ? Le chocolat de Dubaï fait sensation depuis plusieurs semaines, et cette tendance de consommation ne montre aucun signe de ralentissement. Sur le plan gustatif, cette douceur est représentative d’un phénomène largement diffusé sur TikTok, d’où émane ce boom démesuré : trop artificiel, trop sucré, et déséquilibré. C’est regrettable pour les délicieuses pistaches, qui sont souvent réduites en purée verte pour répondre à cette demande croissante. Mais quelles répercussions cette tendance pistachière a-t-elle sur notre environnement ?

Les Pistaches : Un Trésor de Nutriments et un Défi Écologique

Que ce soit dans un croissant, un tiramisu ou simplement en crème, la pistache est devenue un aliment en vogue. Cette tendance rend l’or vert de plus en plus rare et potentiellement plus coûteux. Selon des experts du secteur, la demande mondiale a explosé, entraînant une augmentation des surfaces cultivées tout en cherchant à extraire davantage de pistaches des sols, avec une consommation d’eau significative. Le fruit, connu sous le nom scientifique de *Pistacia vera*, est souvent mal étiqueté comme une noix, alors qu’il s’agit d’une drupe, tout comme les amandes et les noix de cajou.

Les pistachiers, qui peuvent atteindre jusqu’à 15 mètres de hauteur et vivre pendant plusieurs centaines d’années, ont pour origine l’Asie occidentale et centrale. Cultivés depuis l’Antiquité, ces fruits nutritifs sont prisés pour leurs bienfaits, même si les preuves scientifiques concernant leurs propriétés médicinales sont limitées. Ce qui est indéniable, c’est leur richesse en graisses polyinsaturées, protéines, magnésium, vitamines et antioxydants. Leur popularité a grimpé en flèche, en grande partie grâce à la tendance actuelle axée sur la santé.

La Californie est aujourd’hui le principal producteur de pistaches, représentant plus de la moitié de la production mondiale. Les États-Unis ont pris le relais de l’Iran en tant que plus grand exportateur, tandis que la Turquie et la Syrie sont également des zones de culture notables. En Suisse, près de mille tonnes de pistaches sont importées chaque année, principalement des États-Unis, alors que les pistaches décortiquées proviennent majoritairement d’Iran, où elles atteignent les prix les plus élevés.

Les pistachiers ne dépendent pas des pollinisateurs comme les abeilles ; leur pollinisation se fait grâce au vent. À la mi-mars, la pollinisation commence et se termine début avril, sous le risque de gelées tardives. Les pistaches se développent en grappes de dix à vingt fruits, recouverts d’une fine coque en bois. Lorsqu’elles sont mûres, la coque se fissure, donnant le signal que la récolte peut commencer.

La récolte moderne des pistaches est largement mécanisée, avec un processus de collecte qui commence à la fin septembre. La rapidité de transformation est cruciale pour prévenir la formation d’aflatoxines, un champignon nuisible. Autrefois, les pistaches étaient séchées au soleil, ce qui favorisait la contamination. Désormais, les fruits sont soigneusement triés et traités pour réduire ce risque.

Il faut environ sept ans à un pistachier pour produire des récoltes satisfaisantes, et ce cycle de production est encore un mystère pour les botanistes. Les arbres semblent se coordonner naturellement, produisant des récoltes inégales d’une année sur l’autre. Actuellement, la croissance de la demande mondiale incite de nombreux agriculteurs à se tourner vers la culture des pistaches, avec une récolte qui a plus que doublé au cours de la dernière décennie, dépassant aujourd’hui un million de tonnes.

Cependant, il est important de noter que les pistachiers consomment énormément d’eau, ce qui pose un défi dans les régions désertiques où ils sont cultivés. Avec un besoin en eau d’environ 1300 litres par saison par arbre, ils figurent parmi les cultures les plus gourmandes en eau, consommant même cinq fois plus que les avocats. Cette réalité soulève des questions sur la durabilité de leur culture face aux enjeux environnementaux actuels.

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