Faire passer les Premières Nations de la gestion de la pauvreté au partage de la prospérité du Canada
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Si le passé nous a appris quelque chose, c’est qu’Ottawa ne sait pas toujours ce qu’il y a de mieux en matière de politiques qui ont un impact sur les peuples autochtones.
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Qu’il s’agisse des pensionnats, des Services à l’enfance et à la famille des Premières Nations, de la santé, du logement ou du développement économique, le paternalisme ne fonctionne pas. Les initiatives qui impliquent des partenariats avec les peuples autochtones sur une base de nation à nation ont les meilleures chances de succès.
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Alors que le gouvernement du Canada se prépare à annoncer le budget de 2023, les peuples des Premières Nations espèrent que de nouveaux fonds seront alloués pour construire l’infrastructure nécessaire à l’amélioration des conditions de vie dans leurs communautés.
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Mais suffira-t-il d’éliminer les avis d’ébullition de l’eau et de construire des logements, des centres d’éducation, des routes, des établissements de santé et d’autres infrastructures pour sortir les peuples autochtones de la pauvreté ?
La réponse est presque certainement non, car la réalité est que l’écart d’infrastructure entre les Premières Nations et le reste du Canada continue de s’élargir d’année en année malgré les bonnes intentions du Canada.
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Le gouvernement Trudeau s’est engagé à combler l’écart d’ici 2030, comme indiqué dans la lettre de mandat du premier ministre de décembre 2021 à la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu. Cependant, un nouveau rapport préparé conjointement par l’Assemblée des Premières Nations et Services aux Autochtones Canada et mentionné lors d’une récente table ronde de l’APN évalue le déficit d’infrastructure à un montant stupéfiant de 349,2 milliards de dollars.
La disparité, selon le rapport, est due à « des décennies de sous-financement, à des obligations fiduciaires manquées et à une répartition inéquitable de la richesse du Canada en tant que pays ».
Nous avons une chance de réparer ces torts historiques. Mais à moins que nous commencions à faire les choses différemment, les résultats seront essentiellement les mêmes.
L’organisme que je représente, l’Autorité financière des Premières nations (AFPN), croit qu’il existe une meilleure façon de financer les infrastructures. Une façon de travailler avec les Premières Nations comme partenaires plutôt que l’approche coloniale enracinée dans la Loi sur les Indiens, vieille de près de 150 ans.
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L’AFPN appartient à 100 % aux Premières nations et est régie par des chefs et des conseillers choisis par ses membres. Nous sommes une institution sans but lucratif qui offre aux Premières Nations le même type d’options de financement que les autres gouvernements au Canada tiennent pour acquis. L’AFPN a fourni environ 1,8 milliard de dollars en prêts au moyen de neuf débentures et compte maintenant 151 membres emprunteurs des Premières Nations de toutes les provinces et des Territoires du Nord-Ouest.
Ces prêts ont créé environ 20 000 emplois tout en finançant des projets sociaux, des entreprises économiques, des logements communautaires, des achats de terrains, des infrastructures dans les réserves, des prises de participation et de nombreux autres projets pour ses membres.
Tous les prêts de l’AFPN sont soutenus par les flux de revenus existants de nos emprunteurs qualifiés des Premières Nations, et nous n’avons jamais eu de défaut de paiement.
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Cependant, ces flux de revenus ne suffisent pas à combler l’écart qui ne cesse de se creuser. C’est pourquoi l’AFPN et nos communautés d’emprunteurs exhortent le Canada à s’associer à nous pour développer une solution que nous appelons la monétisation afin d’accélérer nos efforts collectifs pour combler l’écart.
Vraiment, le concept de monétisation n’est pas nouveau. En fait, il est largement utilisé par les gouvernements municipaux et provinciaux pour financer l’infrastructure par l’émission de débentures.
Par exemple, si le Canada devait mettre de côté 200 millions de dollars dans le prochain budget, cet investissement annuel sur 20 ans permettrait à l’AFPN d’émettre une débenture de 3,6 milliards de dollars. Cela mettrait des pelletées de terre dans le sol pour construire 12 000 maisons maintenant plutôt qu’à des coûts gonflés à l’avenir.
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La monétisation pourrait être orientée vers la réalisation d’autres priorités communautaires telles que la fourniture d’eau salubre et propre ou la réduction des conditions de surpeuplement dans les écoles. Il pourrait également être utilisé pour aider les communautés autochtones éloignées à mettre fin à leur dépendance au carburant diesel sale et coûteux pour alimenter leurs communautés et à passer à une source d’énergie plus durable et respectueuse de l’environnement.
Le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord a recommandé dans un rapport d’avril dernier que le gouvernement fédéral travaille avec l’AFPN et nos partenaires « pour tester la monétisation par le biais d’un projet pilote de remplacement de la production au diesel dans les collectivités éloignées ».
Le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones a également publié un rapport qui « encourage le gouvernement fédéral à appuyer la proposition de l’Autorité financière des Premières Nations et à établir des engagements de financement à long terme pour soutenir les infrastructures des Premières Nations dans les réserves ».
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Malgré ces recommandations, le gouvernement semble déterminé à s’en tenir au statu quo.
Mais la réconciliation économique ne peut pas attendre. Et si nous voulons que cela se produise de notre vivant, nous devons reconnaître que l’approche à court terme du gouvernement du Canada en matière de transferts monétaires annuels pour financer les infrastructures autochtones ne comblera pas l’écart.
Le conseil d’administration de l’AFPN, ainsi qu’une délégation de chefs et de dirigeants de partout au Canada, seront à Ottawa la semaine du 20 mars pour exhorter le Canada à mettre de côté 200 millions de dollars en nouveau financement pour tester la monétisation comme alternative au modèle actuel de paiement en espèces seulement pour le financement des infrastructures.
En travaillant ensemble en tant que partenaires avec les peuples autochtones, nous pouvons parvenir à la réconciliation économique qui fera passer les Premières Nations de la gestion de la pauvreté au partage de la prospérité du Canada.
Ernie Daniels est président et chef de la direction de l’Autorité financière des Premières nations. Il est également CPA-CGA et gestionnaire financier autochtone agréé (CAFM) originaire de la Première Nation de Salt River, près de Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest.
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