lundi, avril 7, 2025

Donald Trump cible Temu : la fin des boutiques chinoises à prix réduits en vue ?

Temu, plateforme réputée pour ses prix très bas, pourrait voir son modèle économique menacé par un décret de Donald Trump abrogeant la clause de dé-minimis, imposant des droits de douane sur les envois chinois. Cela pourrait entraîner une hausse des prix pour les consommateurs américains et affecter la logistique des entreprises comme Temu et Shein. Ces dernières ajustent leurs stratégies face aux nouvelles régulations, tandis que Trump justifie sa décision par des préoccupations liées à la crise des opioïdes, malgré le manque de preuves.

Avec des prix défiant toute concurrence – 5 dollars pour une robe d’été, 2 dollars pour une coque de téléphone, et même 79 cents pour des élastiques à cheveux – Temu est devenu le royaume des bonnes affaires. Les clients bénéficient également de livraisons directes et rapides depuis la Chine, illustrant ainsi le visage actuel du « made in China ».

Cependant, cette époque de prix ultra compétitifs pourrait toucher à sa fin, en particulier pour les consommateurs américains. Le nom qui revient au cœur de cette situation est Donald Trump.

Bien que la nouvelle ait été presque éclipsée par son discours sur les douanes, le président Trump a récemment signé un décret abrogeant une réglementation en vigueur depuis des décennies : la clause de dé-minimis. Cette clause permettait aux détaillants chinois de bénéficier d’un envoi sans droits de douane pour des marchandises d’une valeur allant jusqu’à 800 dollars. À compter du 2 mai, cette opportunité prendra fin.

Désormais, toutes les expéditions en provenance de Chine et de Hong Kong seront soumises à des droits de douane d’au moins 30 % ou à un montant forfaitaire de 25 dollars par article, montant qui passera à 50 dollars en juin. La Maison Blanche n’a pas précisé quand ces frais seront appliqués.

Bien que cela puisse sembler être une simple formalité bureaucratique, cette mesure représente en réalité une menace sérieuse pour le modèle économique de plateformes telles que Temu et Shein, qui dépendent de l’envoi massif de petites commandes. Cela pose également des questions environnementales, car cette méthode de livraison est peu écologique.

Les consommateurs, notamment américains, ont bien saisi cette opportunité. En 2024, 1,4 milliard de colis ont été envoyés vers les États-Unis, dont 60 % provenaient de Chine. Cependant, avec le nouveau décret de Trump, cette dynamique pourrait changer. Les réactions de Temu et Shein restent floues, leur service de presse indiquant simplement qu’ils n’ont pas de commentaire à faire.

Adaptation des plateformes face aux nouvelles régulations

Un expert en affaires chinoises, Ed Sander, observe de près cette évolution. Selon lui, nous sommes entrés dans une ère où la Chine ne bénéficie plus des anciennes lois. Suivant Temu depuis son lancement en 2022, Sander note que l’entreprise a montré une grande capacité d’adaptation. Cependant, il prédit que les prix pour les consommateurs vont inévitablement augmenter.

Les répercussions sur la demande restent incertaines, mais Temu a déjà revu à la baisse ses prévisions de chiffre d’affaires pour 2025, passant de 100 à 80 milliards de dollars. De plus, l’échéance pour atteindre la rentabilité en Amérique du Nord est désormais reportée de 2025 à 2026.

En réponse à ces défis, Temu ajuste sa stratégie logistique. Plutôt que d’expédier chaque colis séparément, l’entreprise privilégie désormais l’utilisation d’entrepôts locaux, où les produits sont importés en vrac depuis la Chine avant d’être redistribués en petits envois.

Bien que des droits de douane s’appliquent toujours lors de cette importation, Sander souligne que cela ne devrait pas affecter les prix de manière significative, car les consommateurs dépensent en moyenne 43 dollars sur Temu et 80 dollars sur Shein. L’optimisation de la chaîne d’approvisionnement pourrait compenser le temps de traitement supplémentaire par les douanes.

Shein, de son côté, adopte une approche différente en déplaçant une partie de sa production vers des pays comme le Vietnam, le Brésil et la Turquie, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des expéditions chinoises.

Justification officielle : lutte contre la crise des opioïdes

Depuis février, Donald Trump a tenté de modifier la réglementation de dé-minimis par décret, mais a rapidement annulé sa décision en raison du manque de ressources des autorités douanières pour gérer l’augmentation des colis. Lors de cette nouvelle initiative, il entend accorder plus de temps pour la préparation.

Selon Trump, ce décret vise officiellement à lutter contre la crise des opioïdes aux États-Unis, arguant que des criminels de Chine et d’autres pays exploitent cette réglementation pour faire passer des matières premières utilisées dans la fabrication de drogues. Cependant, ces allégations manquent de preuves concrètes, et Pékin a rejeté ces accusations.

La réglementation de dé-minimis, instaurée il y a près d’un siècle, visait à faciliter l’importation de marchandises de faible valeur sans droits de douane. Au fil du temps, ce seuil a été relevé, atteignant 800 dollars sous l’administration de l’ancien président Barack Obama, profitant ainsi à des plateformes comme Alibaba, Wish, et plus récemment Temu et Shein.

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