Jugé pour agression sexuelle présumée le 14 juin, Dominique Boutonnat, président de l’Office national du film, la plus puissante institution cinématographique française, risque une peine de trois ans de prison avec sursis.
Boutonnat a été mis en examen en février 2021 pour l’agression sexuelle présumée de son filleul alors âgé de 19 ans en août 2020, lors de vacances en Grèce. Vendredi, au palais de justice de Nanterre, le procureur a requis trois ans de prison avec sursis contre Boutonnat, qui accomplit actuellement un second mandat de président du CNC. Il a été réélu par le gouvernement français en 2022 alors qu’il avait été inculpé d’agression sexuelle un an auparavant. Il a nié toutes les accusations. Le CNC a indiqué dans un communiqué envoyé à Variété que les « allégations concernent la sphère privée et n’ont rien à voir avec les activités du CNC dont le fonctionnement n’a pas été affecté par l’engagement de la procédure judiciaire ».
Le réalisateur du film, qui entretient des liens étroits avec le président français Emmanuel Macron, a été critiqué par un article d’investigation paru dans Libération et par une pétition visant à le démettre de ses fonctions à la veille du Festival de Cannes. Jusqu’à présent, la pétition a recueilli 4 551 signatures anonymes et est soutenue par diverses organisations, dont le Collectif 50/50, MeTooMédia et le syndicat CGT Spectacle, ainsi que par l’actrice-réalisatrice Judith Godrèche. Cette dernière a catalysé une vague de comptes #MeToo en France après avoir accusé les cinéastes Benoit Jacquot et Jacques Doillon de l’avoir agressée sexuellement lorsqu’elle était adolescente.
La pétition souligne l’ironie du maintien de Boutonnat à la tête de l’Office national du film alors que l’organisme a mis en place plusieurs politiques, dont des ateliers pour les professionnels du cinéma, visant à lutter contre les violences sexuelles. Lors d’une audition au Sénat en début de semaine, Godrèche a déclaré que la situation au CNC symbolisait la réticence du pays à adhérer au mouvement #MeToo. Mais la ministre française de la Culture, Rachida Dati, a estimé que Boutonnat devrait rester en poste car il bénéficie de la présomption d’innocence. Certaines sources ont souligné que Boutonnat pourrait même avoir la possibilité de terminer son mandat même s’il était reconnu coupable d’agression sexuelle, puisque cela ne concerne pas son rôle professionnel, et qu’il devrait faire appel de la décision.