Le chagrin est partout dans Disco Elysium. Il persiste dans l’esprit du détective dans la pensée socio-économique mazovienne, qui stipule que même si « 0,000% du communisme a été construit » et « les méchants milliardaires meurtriers d’enfants règnent toujours sur le monde avec un sourire de merde », tout le détective pourrait réussir à faire pour reconstruire le communisme en l’an ’51 est de se rendre très triste. Le détective porte un chagrin si monumental qu’il s’est ivre d’amnésie, alors qu’il traîne dans les profondeurs abyssales de son désespoir, à peine capable de s’acquitter de ses responsabilités en tant que membre de la milice citoyenne de Revachol. Ensuite, il y a la ville même de Revachol, un endroit qui se remet à peine des atrocités d’une guerre civile qui a eu lieu il y a des décennies. Disco Elysium n’hésite pas à servir le chagrin dans des platitudes, incarnées par la ville en ruine et son protagoniste brisé.
Mais ce ne sont pas les seuls grands moments de chagrin du jeu. Un cas particulièrement brûlant concerne un incident impliquant une dame de la classe ouvrière dans une librairie. Le détective avait, à sa manière maladroite, décidé de prendre sur lui de chercher son mari, pour tomber plus tard sur un cadavre sur une promenade qui ressemblait beaucoup à sa description de son partenaire. Sa réaction à la nouvelle a été si déchirante qu’elle n’a pu que regarder les deux mégots de cigarettes qu’il avait laissés quelques jours auparavant. En privé, votre talent d’empathie n’a pu que remarquer que « il était juste là. Vivant. »
Ce qui rend ces représentations de chagrin si résonnantes, c’est qu’elles vont au-delà de grandes manifestations de dévastation comme des villes bombardées, mais se présentent dans des moments plus petits et plus calmes. Ceux-ci peuvent être vus dans des objets banals et des souvenirs dans le jeu. Prenez les mégots de cigarettes, qui rappelaient le mari de la dame et sa vie, un marqueur indélébile de sa présence. Ensuite, il y a l’histoire de l’ex-soldat royaliste fanatique, René Arnoux et de son ami et grand rival Gaston Martin. Seule une vieille photo d’un René souriant, de Gaston et d’une dame nommée Jeannie – quelqu’un pour qui ils se sont disputés pendant des décennies – permettrait à Gaston de confronter enfin ses sentiments pour son ami et de pleurer sa mort. La découverte par le détective d’un emballage de chewing-gum parfumé à l’abricot, caché dans la poche d’un jean de travailleur, évoquerait en lui un souvenir profond et persistant de son ex-amante Dora, avec lui intériorisant ce moment comme un moment de grande trahison et trahison.
Une balle supplémentaire dans Disco Elysium
Un tel chagrin peut également être mis en évidence par des cas impliquant une proximité et de longues distances : René, qui avait passé ses journées à claquer la gorge de son ami et grand rival Gaston, supprimant et étouffant ses sentiments d’amour pour son ami jusqu’à ce qu’ils a émergé comme un regret et une douleur non résolue dans un moment très bref et fugace. Le misérable coup de téléphone interurbain que le détective lui-même passerait à son ex-amante Dora, qui a déménagé à des milliers de kilomètres à Mrova.
Au final, ces vignettes deviennent une accumulation de détails douloureux, deviennent des fils et forment des textures sur un plus grand tissu de deuil. Quel triste, triste monde c’est. C’est pourquoi l’élégie de Disco Elysium sur la mort et la perte peut être insupportablement déchirante, voire parfois clichée, mais il est difficile de nier que ce chagrin même est le noyau émotionnel brut, authentique et indubitable du jeu.
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