Des survivants de la fusillade de masse de 2017 à la mosquée de Québec ont demandé à Amira Elghawaby de présenter ses excuses aux Québécois

Un responsable de mosquée craint que de tels commentaires n’annulent certains des progrès réalisés par la communauté musulmane au Québec au cours des dernières années

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OTTAWA — Avant qu’Amira Elghawaby, la première représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie, ne présente des excuses surprenantes pour des commentaires antérieurs sur les Québécois, elle a reçu un appel téléphonique de membres survivants de la fusillade de masse de 2017 dans une mosquée de Québec.

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Le cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah, a révélé dans une entrevue avec une émission de radio montréalaise que lui et d’autres membres de la mosquée ont décroché le téléphone mardi, peu après que l’Assemblée nationale du Québec lui ait demandé de démissionner, pour la supplier de s’excuser clairement pour des écrits passés qui, selon lui, manquaient de recul.

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« Il n’y a pas de honte à se tromper et à se faire interpeller par son frère ou sa sœur », a déclaré Benabdallah en français. « Alors rectifiez (la situation) et soyez claire, sœur Amira, et elle nous a écoutés. Je pense qu’elle a aussi écouté les autres – nous n’étions pas les seuls.

Elghawaby s’est excusé mercredi, au début d’une rencontre avec le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. « J’ai écouté très attentivement, je vous ai entendu et je sais ce que vous ressentez. Et je suis désolée », dit-elle, assise à côté d’un Blanchet surpris.

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Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré aux journalistes qu’il ne lui avait pas demandé de s’excuser et lui a réitéré son soutien dans son nouveau rôle.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, s’est également dit satisfait de ses excuses et a déclaré qu’elle avait un travail important devant elle pour lutter contre l’islamophobie.

Les conservateurs et le Bloc, d’autre part, se rangent du côté de l’Assemblée nationale du Québec en continuant d’appeler à sa démission – ou à Trudeau de la retirer de son poste.

La critique d’Elghawaby a commencé presque immédiatement après que Trudeau l’a nommée le 26 janvier. Elle découle d’un article d’opinion qu’elle a co-écrit en 2019, qui disait qu’une «majorité de Québécois semble être influencée non pas par la primauté du droit, mais par sentiment anti-musulman. Elle a tenté de clarifier ses propos vendredi dernier en disant qu’ils reflétaient les résultats d’un sondage sur la nouvelle loi québécoise contre certains employés du gouvernement portant des symboles religieux au travail, connue sous le nom de projet de loi 21. Elle a dit qu’elle n’avait aucune raison de s’excuser.

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Depuis, les critiques ont pointé un autre article d’opinion de 2013 dans lequel elle laissait entendre que les Québécois sont obsédés par la pureté de leur race et un tweet depuis supprimé de 2021 dans lequel elle disait qu’elle allait « vomir » en réponse à un auteur racontant Les Canadiens français comme ayant été le plus grand groupe de personnes victimes du colonialisme britannique.

Benabdallah craignait que de tels commentaires n’annulent certains des progrès réalisés pour la communauté musulmane au Québec au cours des dernières années.

« Le peuple québécois n’est pas islamophobe, il y a une semence qui est islamophobe. Le peuple québécois n’est pas raciste, il y a une graine qui est raciste. On ne peut pas laisser pousser cette graine. C’est ce qu’il aurait fallu dire », a-t-il déclaré au talk-show de Montréal mercredi.

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Il a ajouté que maintenant qu’elle s’est excusée et a reconnu ses fautes, elle devrait avoir une chance d’accomplir le travail qu’on lui a demandé de faire.

Pendant ce temps, Elghawaby continue de rencontrer des politiciens québécois pour tenter d’arranger les choses.

Boufeldja Benabdallah, cofondatrice du Centre culturel islamique de Québec, en janvier 2022.
Boufeldja Benabdallah, cofondatrice du Centre culturel islamique de Québec, en janvier 2022. Photo de Jacques Boissinot/Postmedia/File

Jeudi, elle a rencontré Pablo Rodriguez, ministre fédéral du Patrimoine canadien et lieutenant québécois de Trudeau, qui avait exprimé qu’il s’était senti profondément offensé par ses commentaires passés sur les Québécois. Contrairement à la rencontre de Blanchet, celle-ci est restée entièrement privée et les médias n’ont pas été invités à une séance de photos au préalable.

Elle doit également rencontrer Québec solidaire, le parti provincial de gauche qui s’est abstenu sur la motion réclamant sa démission cette semaine, à une date future qui n’a pas encore été déterminée.

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Blanchet a déclaré jeudi qu’il était clair dans son esprit qu’Elghawaby ne peut pas occuper ce poste – et qu’il devrait simplement être complètement aboli. Mais il a rejeté le blâme uniquement sur Trudeau.

«Il a fait d’une institution qui devait lutter contre le racisme un instrument politique qui opposerait la communauté musulmane à la nation québécoise et créerait un amalgame néfaste entre la laïcité et l’islamophobie», a-t-il déclaré en conférence de presse.

Bien qu’il se dise «très intelligent» et un «grand communicant», Elghawaby incarne une vision «très torontoise» du Québec, qui a conduit à de nombreux préjugés, a déclaré le chef du Bloc, ajoutant qu’il est encouragé de voir qu’elle va apprendre plus sur la société québécoise.

Lorsqu’on lui a demandé s’il avait la même curiosité pour les problèmes auxquels est confrontée la communauté musulmane, Blanchet a vanté qu’il était anthropologue de formation et qu’il était «très curieux» de nature.

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