L’article aborde la controverse entourant la pyrotechnie dans les stades de football en Europe, où des supporters continuent d’utiliser torches et fumigènes malgré les interdictions. Un procès à Karlsruhe, suite à des incidents ayant blessé des spectateurs, implique 25 ultras et des travailleurs sociaux. Les condamnations ont suscité des débats publics, et la question du droit de refus de témoigner pour les travailleurs sociaux est également en jeu. Les autorités recherchent des moyens d’améliorer la sécurité dans les stades, tout en combattant la pyrotechnie.
La pyrotechnie suscite des émotions intenses et divise les opinions. Bien que son utilisation soit prohibée, les ultras affirment que ces spectacles font partie intégrante de leur culture. Chaque week-end, des torches et des fumigènes sont allumés dans les stades de football à travers l’Europe, avec de nombreux spectateurs filmant ces moments et les partageant sur les réseaux sociaux, augmentant ainsi la visibilité de ces actes. Lorsqu’ils sont surpris avec des dispositifs pyrotechniques, les supporters peuvent recevoir des interdictions de stade, tandis que les clubs se voient souvent imposer des amendes. La question de la pyro dans le football arrive désormais devant les tribunaux allemands.
Un procès pour des « lésions corporelles graves »
À Karlsruhe, un procès a été ouvert concernant des supporters du Karlsruher SC, suite à une action pyrotechnique qui a eu lieu lors des célébrations du 20e anniversaire du groupe ultra Rheinfire. En novembre 2022, lors d’un match en seconde division contre St. Pauli, des dizaines de bengalis, de fumigènes et de pétards ont été tirés, provoquant des blessures chez au moins onze spectateurs innocents présents dans la tribune.
Après l’incident, des membres de divers groupes de supporters ont rencontré les victimes pour leur verser une compensation. Malgré cela, le parquet de Karlsruhe a ouvert une enquête en raison des blessures accumulées. Des perquisitions ont eu lieu aux domiciles de certains ultras et des ordonnances pénales ont été émises. Actuellement, 25 ultras et trois travailleurs sociaux sont jugés pour leurs actes au tribunal de Karlsruhe.
Le tribunal a déjà rendu ses premiers jugements, avec six condamnations à des peines de prison avec sursis. Deux hommes, âgés de 33 et 36 ans, ont été condamnés à un an et deux mois de prison sans sursis. Bien que la preuve que ces deux individus aient allumé directement des engins pyrotechniques n’ait pas été établie, leur association avec le groupe et leur connaissance des actes semblent avoir suffi pour la décision du tribunal, qui les a reconnus coupables de “lésions corporelles graves”.
La question du témoignage pour les travailleurs sociaux
Le tribunal de grande instance discutera à nouveau de ce cas le 28 octobre, en incluant trois travailleurs sociaux qui sont poursuivis pour avoir refusé de témoigner. Une assistante sociale a souligné que ce silence n’est pas destiné à protéger les délinquants, mais pour préserver la confiance des supporters dans le projet auquel elle participe. En effet, les travailleurs sociaux jouent un rôle de médiateur et craignent que les supporters n’aient plus confiance en eux s’ils doivent rapporter des informations à la police.
Contrairement à d’autres professionnels, les travailleurs sociaux dans ce cadre n’ont pas le droit de refuser de témoigner en Allemagne. Actuellement, le droit de refus ne s’applique que dans des contextes spécifiques, comme ceux qui concernent les toxicomanes. Cependant, des associations demandent une révision de la loi pour inclure d’autres catégories de travailleurs sociaux.
La sécurité dans les stades en débat
La question de la violence et de l’utilisation de la pyrotechnie demeure une préoccupation croissante au sein de la politique allemande. Dans un récent sommet sur la sécurité, des responsables politiques et des responsables du football se sont réunis à Munich. Hans-Joachim Watzke, président de la DFL, a déclaré que regarder un match de football en Allemagne est sûr, tout en soulignant la nécessité d’améliorer davantage ce cadre. La pyrotechnie est fermement condamnée, et un cadre centralisé sera mis en place pour gérer les interdictions de stade.
La Fédération allemande de football (DFB) perçoit des amendes de 1000 euros pour chaque torche allumée, générant ainsi des millions d’euros chaque année, dont une partie est réinvestie dans des projets sociaux. Étant donné les débats incessants sur la pyrotechnie, cette source de revenus semble loin d’être menacée.