Des groupes représentant les soignants du Québec craignent que le nouveau plan d’urgence de la province pour les hôpitaux ne pèse davantage sur les membres de la famille déjà épuisés par deux années de pandémie.
Annoncé mardi, l’un des axes du plan est d’appeler les familles et les soignants à aider à la prise en charge des patients, à l’intérieur comme à l’extérieur des hôpitaux.
Mais pour certains soignants, l’idée qu’on leur demande d’en faire encore plus après le
la tourmente des deux dernières années
est inconcevable, dit le Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal.
« En un mot, nous sommes inquiets », a déclaré la directrice du groupe, Nathalie Déziel. « Et nous sommes vraiment inquiets que les familles et les soignants, déjà épuisés, devront maintenant faire des choix impossibles pour leurs proches. »
Se disant qu’il faut se préparer à tous les scénarios possibles, Québec
a présenté mardi son plan sur la façon dont les hôpitaux
devra s’adapter si le réseau de la santé devient submergé par les patients atteints de la COVID-19 au cours des prochaines semaines.
Le plan présente des moyens d’augmenter la capacité hospitalière, notamment en essayant de réduire les admissions de patients, en raccourcissant les séjours à l’hôpital lorsque cela est possible et en déplaçant davantage de patients vers des services à domicile.
Si la capacité hospitalière de la province est atteinte, elle appelle également le Québec à abaisser la norme de soins qu’il offre pour pouvoir traiter plus de personnes à la fois. Les autorités ont décrit ce mardi comme offrant des soins de niveau « B » à plus de personnes au lieu d’offrir des soins « A+ » à moins de personnes.
Mais avant d’en arriver là, Québec espère que les familles et les proches aidants pourront jouer un rôle clé pour aider à libérer des ressources à l’intérieur du réseau hospitalier.
Les autorités sanitaires ont expliqué que les soignants pourraient être invités à fournir des soins de base dans les hôpitaux, permettant au personnel de se concentrer plutôt sur des tâches plus cliniques.
Si les patients sont renvoyés chez eux plus tôt que d’habitude pour libérer un lit d’hôpital, la province comptera également sur les soignants et les services de soins à domicile pour s’assurer que les patients déchargés sont pris en charge.
Pour Déziel, cependant, le plan est préoccupant sur deux fronts.
D’une part, dit-elle, il a été documenté qu’il n’y a pas assez de services de soins à domicile au Québec pour répondre à la demande. Deuxièmement, a-t-elle ajouté, le changement intervient alors que de nombreux soignants s’accrochent à peine après deux ans à s’occuper d’êtres chers vulnérables.
Mélanie Perroux, directrice de Proche aidance Québec, a fait écho à des préoccupations similaires.
« Nous avons été extrêmement surpris par l’idée, car depuis le début de la pandémie, les soignants font déjà leur part pour aider le plus possible », a déclaré Perroux.
« Donc, ce n’est pas comme s’ils allaient appeler de nouveaux soldats pour les aider », a-t-elle ajouté. « Ils feraient appel à des personnes déjà épuisées et souvent déjà dépassées par leur propre situation. »
Pendant ce temps, à la lumière du plan, trois ordres professionnels régissant les travailleurs de la santé rappellent à leurs membres de maintenir leurs normes et obligations déontologiques.
Dans une déclaration conjointe publiée mercredi, le Collège des médecins du Québec, l’Ordre des infirmières et infirmiers et l’Ordre des pharmaciens ont averti que les projections actuelles de la COVID-19 suggèrent que le réseau hospitalier de la province a atteint un «point de saturation» qui présente des «défis exceptionnels».
« Mais les trois ordres attendent de leurs membres qu’ils continuent à fournir des soins sûrs et de qualité », indique le communiqué, « et restent totalement engagés, malgré l’immense défi d’adapter les soins en cas d’urgence sanitaire ».
Et bien que les ordres aient déclaré comprendre que la situation appelle les mesures exceptionnelles proposées par le plan d’urgence, ils ont déclaré que cela devait être fait d’une manière qui respecte toujours les bonnes pratiques.
« Dans un contexte de ressources limitées, certains choix doivent être faits afin de répondre le plus efficacement possible aux problèmes de santé graves et urgents », indique le communiqué.
Les ordonnances, poursuit-il, «réitèrent que leurs membres doivent respecter leurs obligations déontologiques, mais conviennent que l’interprétation des codes de déontologie devra tenir compte de la disponibilité des ressources au moment où les soins sont prodigués ou les services offerts».
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