Des archéologues fouillant une ancienne tombe impériale romaine en Turquie ont découvert des preuves de pratiques funéraires inhabituelles. Au lieu de la méthode typique d’incinération sur un bûcher funéraire et de déplacement des restes vers un lieu de repos définitif, ces restes brûlés avaient été laissés en place et recouverts de tuiles de brique et d’une couche de chaux. Enfin, plusieurs dizaines de clous tordus et tordus, dont certains avec la tête pincée, avaient été éparpillés autour du site de brûlure. Les archéologues suggèrent qu’il s’agit d’une preuve de pensée magique, en particulier d’une tentative d’empêcher le défunt de sortir de la tombe pour hanter les vivants, selon un article récent publié dans la revue Antiquity.
Les exemples les plus connus de ce type de pratique funéraire superstitieuse sont peut-être les sépultures dites « vampires » qui apparaissent parfois sur des sites archéologiques du monde entier. Au début des années 1990, des enfants jouant dans le Connecticut sont tombés sur les restes du XIXe siècle d’un homme d’âge moyen identifié uniquement par les initiales « JB55 », épelées en punaises en laiton sur son cercueil. Son crâne et ses fémurs étaient soigneusement disposés en forme de crâne et d’os croisés, ce qui a amené les archéologues à conclure que l’homme avait été un « vampire » présumé par sa communauté. Ils ont depuis trouvé une identification probable pour JB55 et reconstitué à quoi l’homme aurait pu ressembler.
En 2018, des archéologues ont découvert le squelette d’un enfant de 10 ans sur un ancien site romain en Italie avec un rocher soigneusement placé dans sa bouche. Cela suggère que ceux qui ont enterré l’enfant – qui est probablement mort du paludisme lors d’une épidémie mortelle au Ve siècle – craignaient qu’il ne ressuscite d’entre les morts et ne transmette la maladie à ceux qui ont survécu. Les habitants l’appellent le « Vampire de Lugnano ». Et l’année dernière, des archéologues ont découvert un exemple inhabituel de personnes utilisant ces pointes dans un cimetière polonais du XVIIe siècle près de Bydgoszcz : un squelette féminin enterré avec une faucille placée sur son cou, ainsi qu’un cadenas sur le gros orteil de son pied gauche.
Cette dernière découverte fait partie d’un projet de recherche de la KU Leuven en Belgique pour fouiller une zone spécifique du site de Sagalassos dans le sud-ouest de la Turquie. Les humains ont occupé la région de la fin du 5ème siècle avant notre ère au milieu du 13ème siècle de notre ère, malgré les dommages importants causés par un tremblement de terre du 7ème siècle de notre ère. La zone en question est quelque peu isolée et éloignée des quartiers centraux et résidentiels de la ville. Il se compose de plusieurs terrasses contiguës qui sont venues servir à des fins funéraires. La première tombe impériale romaine a été découverte pour la première fois en 1990 et les archéologues ont repris les travaux sur les environs immédiats en 2012, trouvant des preuves d’inhumations et de crémation s’étalant sur environ six siècles.
Les clous épars ont été trouvés sur une parcelle de terre brûlée à peu près rectangulaire: les restes d’un bûcher funéraire, avec des fragments de charbon de bois de pin et de cicatrice, ainsi que des ossements humains brûlés. Les os brûlés appartenaient à une seule personne, très probablement un homme décédé vers l’âge de 18 ans, d’après l’analyse ostéologique. Les fragments d’os étaient encore grossièrement disposés anatomiquement, sans aucune preuve de leur manipulation pendant ou après la crémation.
Certains des restes de charbon de bois semblaient être des textiles, suggérant des vêtements ou un linceul. Plusieurs artefacts ont également été trouvés avec les restes brûlés : une pièce de monnaie datant du IIe siècle de notre ère, une poignée de récipients en céramique du Ier siècle de notre ère, deux urnes en verre soufflé et un objet en os travaillé avec des charnières en bronze dont le but est inconnu. C’est la preuve que les personnes en deuil semblaient suivre au moins certains des rites funéraires traditionnels.
Ce sont les 41 clous cassés et pliés – 25 pliés à un angle de 90 degrés avec les têtes pincées, 16 pliés et tordus mais sinon entiers – récupérés sur le site qui distinguent cette crémation. Il ne s’agissait pas de clous de cercueil, que l’on trouve généralement intacts, et les clous n’étaient pas utilisés dans la construction du bûcher funéraire. Ainsi, les auteurs ont conclu que les ongles cassés avaient été délibérément éparpillés autour du lieu de sépulture pour former une « barrière magique ». Il y a des mentions dans plusieurs sources littéraires anciennes d’ongles utilisés pour conjurer les maladies (Tite-Live) ou comme protection contre les cauchemars (Pline l’Ancien).