De plus en plus de Canadiens paient pour les nouvelles, mais il est encore trop tôt pour se réjouir

Cette année, le Canada a résisté à la tendance des autres démocraties libérales avec une augmentation de quatre points de pourcentage du nombre de personnes payant pour les informations.

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LA CONVERSATION

Cet article a été publié à l’origine sur The Conversation, une source indépendante et à but non lucratif d’informations, d’analyses et de commentaires d’experts universitaires. Les informations de divulgation sont disponibles sur le site d’origine.

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Auteur : Alfred Hermida, professeur, École de journalisme, d’écriture et de médias, Université de la Colombie-Britannique

De plus en plus d’entreprises médiatiques se tournent vers leurs lecteurs pour financer leurs informations. L’espoir est que les revenus des lecteurs compenseront la perte des petites annonces et des annonces display au profit de géants numériques tels que Google et Facebook.

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Pourtant, convaincre les citoyens de dépenser de l’argent pour les informations qu’ils consomment s’est avéré pour le moins difficile. Comme le montrent les derniers chiffres du Digital News Report de l’Institut Reuters pour l’étude du journalisme, le nombre de ceux qui paient pour l’information a stagné.

Autrement dit, à l’exception d’un pays qui a attiré l’attention internationale en 2023 en tant que test pour la lutte entre les décideurs politiques, les éditeurs et les plateformes sur la manière d’assurer un avenir financièrement viable et sûr pour le journalisme.

Cette année, le Canada a résisté à la tendance des autres démocraties libérales avec une augmentation de quatre points de pourcentage du nombre de personnes payant pour les nouvelles, passant de 11 pour cent en 2023 à 15 pour cent en 2024. Cette hausse est entièrement due aux Canadiens anglophones, car le le nombre de francophones prêts à payer est resté inchangé.

Cette hausse survient après une année au cours de laquelle le déclin des médias commerciaux, la fermeture des médias et les suppressions d’emplois dans les journalistes au Canada ont été mis en évidence par les efforts du gouvernement visant à forcer les grandes entreprises technologiques à payer pour les liens vers les informations publiées sur leurs plateformes.

Le coût de la législation

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Le projet de loi C-18 du Canada (loi sur les nouvelles en ligne) a été calqué sur le code de négociation des médias d’information australien de 2021, qui a fini par canaliser plus de 200 millions de dollars australiens par an vers l’industrie de l’information de la part de Google et Meta.

Comme en Australie, la législation canadienne visait à redistribuer l’argent des plateformes. Mais cela a eu un coût. Plutôt que de payer, Meta a retiré son financement pour le journalisme au Canada et a bloqué les informations sur Facebook et Instagram à l’été 2023, ce qui a entraîné une baisse significative des visites sur les petits sites d’information.

Google a également fait des bruits concernant le retrait des informations de ses services, mais a finalement négocié une exemption de la législation canadienne en versant 100 millions de dollars par an à l’industrie de l’information du pays.

La lutte autour du projet de loi C-18 a fait que le journalisme, son avenir et la manière de le financer ont constamment fait la une des journaux au Canada, les politiciens, les dirigeants civiques et les dirigeants des médias soulignant l’importance d’une industrie de l’information dynamique et saine.

Les abonnements locaux stagnent

L’augmentation du nombre de ceux qui paient pour l’information au Canada peut être considérée comme un signe d’espoir pour les pays anglophones comme le Royaume-Uni et l’Australie, car davantage de gens reconnaissent la valeur du journalisme et sont prêts à le financer.

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Mais il est trop tôt pour se réjouir. La hausse de cette année compense la baisse de 2023, ramenant le Canada au niveau où il se trouvait il y a quelques années.

La question de savoir si cette augmentation aide les médias locaux est également discutable. Même si les titres canadiens les plus importants ont attiré davantage d’abonnés, le rapport révèle que les abonnements locaux tournent autour de 10 pour cent des abonnés aux nouvelles.

C’est encore plus difficile pour les médias mondiaux, puisque le rapport révèle que 43 pour cent des Canadiens sont abonnés à des marques d’information internationales telles que le New York Times ou le Washington Post.

Comme l’a constamment constaté le rapport sur l’actualité numérique du Reuters Institute, il semble que « le gagnant remporte toute la dynamique » soit en jeu lorsqu’il s’agit de revenus des lecteurs.

Des nouvelles pour le prix d’un cappuccino

Il se peut également que la hausse de cette année ait une raison simple. À l’échelle internationale, l’industrie de l’information réduit considérablement les abonnements alors que les publications peinent à attirer de nouveaux clients payants. Le Canada ne fait pas exception.

Au cours de la dernière année, les grands titres ont proposé des abonnements à des tarifs très réduits, proposant des forfaits mensuels pour environ le prix d’un cappuccino. Une start-up de journalisme est allée jusqu’à proposer un tarif d’abonnement réduit de 96 pour cent.

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Ce qui est peut-être plus inquiétant, c’est que le rapport révèle que 28 pour cent des Canadiens ne paieraient pas plus de 5 $ par mois pour un abonnement aux informations.

Il est peu probable que ces tarifs réduits puissent rapporter suffisamment d’argent pour compenser une perte de publicité ou le manque de trafic sur Facebook, même avec certains fonds de Google et davantage de Canadiens payant pour les informations. Il n’est pas surprenant que le gouvernement fédéral soit récemment intervenu en accordant davantage d’argent au journalisme local et en subventionnant les salaires des journalistes par le biais de l’Initiative pour le journalisme local.

Alors que d’autres pays, ainsi que des États comme la Californie aux États-Unis, cherchent à mettre les plateformes au pas et à payer pour l’information, le Canada sert d’exemple des conséquences imprévues de politiques conçues pour aider, plutôt que pour nuire, l’industrie de l’information.

Une version de cet article a été publiée pour la première fois dans le Digital News Report: Australia.

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Alfred Hermida reçoit un financement du Conseil de recherches en sciences humaines. Il est cofondateur et membre du conseil d’administration de The Conversation Canada.

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Cet article est republié à partir de The Conversation sous une licence Creative Commons. Les informations de divulgation sont disponibles sur le site d’origine. Lisez l’article original.

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