Lors du Forum économique mondial de Davos en 2025, les préoccupations sur la durabilité et la diversité semblent éclipsées par une fascination pour Donald Trump. Son intervention vidéo a captivé l’audience, orientant les discussions vers des stratégies pour attirer son attention. Les thèmes traditionnels ont été relégués au second plan, tandis que l’intelligence artificielle a suscité un intérêt marqué. Les participants se sont davantage préoccupés de s’aligner sur le retour potentiel de Trump que d’engager des débats sur des questions essentielles.
Ces dernières années, des sujets comme la durabilité, la diversité et l’inclusion ont été au cœur des débats lors du Forum économique mondial. Cependant, en 2025, ces préoccupations semblent avoir été reléguées au second plan. Au lieu de cela, Ulrich Reitz, le chef correspondant d’ntv, constate à Davos une démonstration de conformité à l’ère du trumpisme.
Le Forum de Davos : un tournant vers le trumpisme
Le Forum économique mondial à Davos a longtemps été le terrain de négociations sur l’avenir. Pourtant, cette année, un nouveau futur se dessine : l’éventualité d’un second mandat pour Donald Trump. À peine l’élite mondiale de plus de 130 nations a-t-elle pris ses quartiers d’hôtel que l’inauguration du nouveau président américain battait son plein à Washington. Les discussions soigneusement orchestrées à Davos semblent avoir été mises de côté pour faire place à une nouvelle thématique dominante.
Jeudi, Trump a intensifié le débat avec une intervention vidéo sur la ‘scène principale’, captivant l’attention des participants. Au fil des échanges souvent privés, il est devenu évident que la préoccupation principale n’était plus de savoir comment s’opposer à Trump, mais plutôt comment l’attirer dans son camp. Beaucoup cherchaient des contacts au sein de son entourage proche.
Dans son discours vidéo, Trump a adopté une posture de patron, proposant des offres difficiles à refuser. Les investisseurs qui s’engagent aux États-Unis peuvent espérer des réductions fiscales et des tarifs énergétiques avantageux. En revanche, ceux qui ne jouent pas le jeu s’exposent à des droits de douane plus élevés et à d’autres sanctions. Le slogan ‘L’Amérique d’abord’ est de retour, et l’élite économique présente à Davos semblait attentive, applaudissant peut-être par crainte ou par simple politesse.
Une présence inattendue à Davos
Après le discours, Trump a été invité sur scène par quatre PDG du secteur financier, qui l’ont courtisé de manière respectueuse, comme de bons élèves devant leur professeur. Aucune question critique, aucune provocation, rien qui puisse irriter Trump. Ce fut un exemple flagrant de soumission à la scène mondiale, bien visible à Davos.
Des rumeurs ont circulé sur la présence d’Elon Musk à Davos. Cependant, c’est en réalité son frère Kimbal qui était présent, s’engageant pour un accès à une alimentation saine. Beaucoup de ceux qui espéraient croiser Elon Musk ont été déçus, car Kimbal ne suscite pas le même intérêt.
Javier Milei, le président argentin, a également été présent, exprimant des idées en phase avec le discours trumpien. Il a même déclaré vouloir « écraser le wokisme » avec une tronçonneuse. Pourtant, à Davos, ce discours semblait déjà obsolète, car le thème de la diversité, autrefois central, n’a été abordé que superficiellement, laissant place à une indifférence quasi totale.
Les enjeux de l’intelligence artificielle
En revanche, le sujet de l’intelligence artificielle a suscité un vif intérêt. Les entreprises et les investisseurs ont rivalisé d’idées sur les révolutions que l’IA pourrait engendrer dans un avenir proche. Cependant, un fossé s’est creusé entre l’enthousiasme et l’inquiétude concernant les régulations nécessaires et les limites éthiques à établir. Alors que Trump promettait d’investir plus de 500 milliards de dollars dans le développement de l’IA aux États-Unis, les questions cruciales ont été mises de côté.
Davos a ainsi manqué une occasion précieuse de débattre de ces enjeux fondamentaux. La préoccupation principale des participants semblait être : comment s’aligner sur le retour de Trump ? La réponse, souvent entendue, était de « jouer tant qu’il y a quelque chose à gagner ». Le retour de la politique de la force était palpable, tandis que les participants, notamment allemands, évoquaient la nécessité pour Berlin de créer de meilleures conditions-cadres, et pour Bruxelles de renforcer l’Europe.
En quittant le centre de congrès, j’ai croisé un ancien participant du WEF, un magnat de l’industrie indien. Nous avons brièvement échangé sur Trump et l’Europe. Sa conclusion : l’Europe se surestime. Mon commentaire diplomatique fut : « C’est une question de perspective ». J’espère qu’il se trompe.