Au cours des deux dernières années, l’une des façons dont la COVID-19 a affecté les soins de santé a été de réduire l’accès aux visites en personne avec les médecins. Cela a été fait pour aider à limiter la propagation du COVID, mais a eu l’effet secondaire involontaire de compromettre la prise en charge des conditions médicales non liées au COVID. Les médecins de l’Ontario ont identifié et relevé ce défi, adoptant les soins virtuels comme moyen de fournir des soins de qualité sans contact en personne.
Cette stratégie s’est avérée très efficace. Alors que seulement 1,3 % des résidents de l’Ontario avaient participé à des soins virtuels avant la pandémie, au deuxième trimestre de 2020, l’utilisation avait explosé pour atteindre 29,2 %, avec la participation de 85,9 % des médecins ontariens. Cette activité a été soutenue par le Ministère de la Santé via l’ajout de codes tarifaires temporaires.
Deux ans d’expérience pratique ont montré que les soins virtuels peuvent également avoir un impact positif énorme sur les patients et leurs familles au-delà de la COVID. La plupart des visites médicales peuvent être effectuées efficacement pratiquement sans diminution de la qualité des soins. Les soins virtuels évitent les énormes pertes de temps, les inconvénients et les dépenses subis par les patients et leurs familles qui sont associés aux visites en personne.
Nous avons également appris que la plupart des visites virtuelles pouvaient être effectuées efficacement par téléphone seul et que l’ajout de la vidéo ajoutait étonnamment peu de valeur médicale. De plus, alors que la vidéo était relativement facile à mettre en œuvre du côté du médecin, c’était souvent un défi technologique et un problème pour les patients. Par conséquent, 91,2 % des visites virtuelles effectuées en Ontario en 2020 ont été effectuées par téléphone uniquement, avec des commentaires extrêmement positifs de nos patients.
Aujourd’hui, nous sommes à un carrefour important. L’Association médicale de l’Ontario et le ministère de la Santé ont proposé une nouvelle entente sur les services médicaux (EPS) qui fera des soins virtuels un élément permanent du paysage des soins de santé de l’Ontario. Tous les médecins de l’Ontario votent sur cette proposition d’entente du 22 au 27 mars.
Bien qu’une grande partie mérite d’être soutenue, un examen attentif des dispositions relatives aux soins virtuels révèle une faille fatale. Plus précisément, ces dispositions exigent que toutes les consultations de patients en soins virtuels se fassent par vidéoconférence et non par téléphone. Ces dispositions réduisent également de manière significative les frais déjà très bas payés pour les visites de suivi si elles sont effectuées par téléphone.
Pris ensemble, ces détails importants limiteront considérablement l’accès aux services de soins virtuels pour les patients qui n’ont pas accès à la technologie de vidéoconférence. Cela comprend certaines des populations les plus vulnérables de l’Ontario : les personnes âgées qui ne sont pas à l’aise avec cette technologie; ceux qui n’en ont pas les moyens; et ceux qui vivent dans des zones rurales et éloignées qui n’ont pas suffisamment d’accès à Internet ou de bande passante pour le prendre en charge.
Les soins virtuels ne doivent pas compromettre la norme de soins, ni être dispensés dans des circonstances où une visite virtuelle n’équivaut pas à une visite en personne. Par conséquent, les médecins fournissant des soins par téléphone doivent également être en mesure de fournir des soins vidéo à la discrétion du patient et des soins en personne chaque fois que cela est médicalement nécessaire ou selon la préférence du patient.
Lorsqu’elle est effectuée conformément à ces lignes directrices, la quantité d’expertise, de travail et de temps du médecin consacrée à une visite téléphonique est au moins équivalente à une visite vidéo ou en personne. L’expérience a montré que les patients sont très à l’aise pour parler longuement avec leur médecin au téléphone et impliquent souvent leur famille lors de ces visites. Par conséquent, les visites téléphoniques prennent souvent plus de temps au médecin qu’une visite équivalente en personne.
Les soins virtuels, lorsqu’ils sont effectués correctement, offrent d’énormes avantages aux patients en termes de gain de temps et de dépenses évitées. Le PSA proposé fait correctement des soins virtuels une partie permanente des soins de santé en Ontario, mais des détails importants sont erronés et doivent être corrigés afin que tous les patients de l’Ontario en bénéficient. Pour cette raison, le comité exécutif de la section de cardiologie de l’OMA et le conseil d’administration de l’Association des cardiologues de l’Ontario demandent à tous les médecins de l’Ontario de rejeter le PSA proposé, puis de travailler ensemble pour le faire correctement.
Dr Richard Davies est un cardiologue praticien à Ottawa, vice-président de la section de cardiologie de l’OMA et membre du conseil d’administration de l’Association des cardiologues de l’Ontario.