jeudi, décembre 26, 2024

David Rosenberg : La Banque du Canada est encore très en retard, même après deux baisses de taux à son actif

Nous sommes à au moins 175 points de base d’une véritable relance pour cette économie moribonde

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Si la Banque du Canada avait le même double mandat que la Réserve fédérale américaine, elle envisagerait d’accélérer le rythme de son plan de baisse des taux, car avec le recul, elle est allée beaucoup trop loin en 2022-2023 avec ses hausses agressives et a réagi de manière excessive à un mois d’inflation de 8 %.

Les dernières données pour juillet ont montré que les prix à la consommation ont augmenté de 0,3 % en données corrigées des variations saisonnières, principalement en raison de la hausse des prix de l’essence, mais les détails sont plutôt encourageants et les grandes tendances vont dans la bonne direction. Cela ne fait que confirmer de nouvelles baisses de taux à venir, mais il faut comprendre que tout ce que fait la banque centrale pour l’instant, c’est de supprimer une politique monétaire excessivement restrictive. Nous sommes à au moins 175 points de base d’une véritable relance nette pour ce qui peut être qualifié, au mieux, d’économie moribonde.

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Refroidissement de l’inflation

L’indice des prix à la consommation (IPC) a ralenti en glissement annuel, passant de 2,7 % en juin à 2,5 % en juillet, et nous avons constaté de très bonnes nouvelles dans certains des indicateurs importants surveillés par la Banque du Canada. Le taux d’inflation ajusté à l’IPC a ralenti à 2,7 % en glissement annuel, contre 2,8 % en juin (révisé à la baisse par rapport à 2,9 %) — un peu en dessous des 2,8 % prévus par le consensus — et la médiane de l’IPC a légèrement ralenti, passant de 2,6 % à 2,4 % (le consensus était de 2,5 %).

La « composante commune » de l’inflation de base a diminué pour le 11e mois consécutif, passant de 2,3 % en juin et de 4,7 % il y a un an à 2,2 %. Il faut remonter à avril 2021 pour voir la dernière fois que cette mesure a évolué à un rythme aussi lent. Elle est maintenant revenue au niveau où elle se trouvait avant la COVID-19, en janvier 2020, lorsque le taux directeur était de 1,75 %, et non de 4,5 %, ce qui nous donne une idée du long chemin à parcourir pour la Banque du Canada en matière de réduction des taux.

La composante de base hors alimentation et énergie a de nouveau affiché une légère croissance, à 0,2 % en glissement séquentiel pour le deuxième mois consécutif et a été en ligne avec ce chiffre ou en dessous pendant sept des huit derniers mois. La tendance annuelle à cet égard est passée de 2,9 % en juin à 2,7 % en juillet et à 3,4 % il y a un an.

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L’indice des prix à la consommation (IPCX), qui exclut les huit composantes les plus volatiles de l’IPC, a baissé à 1,7 %, contre 1,9 % en juin et 3,2 % un an plus tôt, ce qui est inférieur au point médian de la fourchette cible de la Banque du Canada en matière d’inflation. Sur une base mensuelle corrigée des variations saisonnières, cette statistique clé des prix est restée très faible, à 0,1 %, pour le deuxième mois consécutif (et a également affiché un chiffre microscopique de ce type au cours de sept des huit derniers mois). La tendance sur six mois se situe près d’un taux annualisé de 1,6 %, après avoir été divisée par deux au cours de la dernière année.

Le logement a toujours été le principal obstacle à l’inflation, mais cette dernière a connu une hausse de seulement 0,2 % le mois dernier, soit la plus faible pulsation depuis près d’un an et demi. Ainsi, les retards par rapport aux précédentes hausses de taux de la Banque du Canada, qui ont affaibli le marché immobilier résidentiel, se font enfin sentir dans les différentes composantes du logement. Et la réticence des Canadiens à consacrer leur épargne à la consommation courante s’est manifestée par la déflation de 0,2 % des prix des services récréatifs après une baisse de 0,7 % en juin (qui stagne maintenant complètement sur une base annuelle).

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Si l’on exclut la composante logement, qui continue d’augmenter à 5,7 % sur un an (bien qu’elle soit clairement en baisse), les 70 % restants du tableau des prix connaissent une inflation de seulement 1,2 % sur un an, contre 2,6 % il y a un an.

Un marché du travail en difficulté

Pendant ce temps, des fissures apparaissent clairement sur le marché du travail. Le nombre d’emplois au Canada a chuté de 2 800 en juillet, ce qui a surpris les économistes de Bay Street qui tablaient sur une reprise de 25 000 emplois, après une baisse de 1 400 emplois en juin. Même une hausse de 40 800 emplois dans le secteur public n’a pas pu donner un sens à ce rapport de pacotille : la chute de près de 42 000 emplois dans le secteur privé a représenté le pire résultat en plus de deux ans.

La seule raison pour laquelle le taux de chômage est resté le même, à 6,4 % (à égalité avec le niveau le plus élevé depuis janvier 2022 et inférieur au niveau d’avant la COVID-19 de 5,5 %) est que le taux de participation au marché du travail s’est fortement contracté pour atteindre son plus bas niveau en trois ans, à 65 %, contre 65,3 % auparavant (un signal inquiétant compte tenu de l’essor de l’immigration). Sans la baisse de 0,3 point de pourcentage du taux de participation, le taux de chômage aurait été juste en dessous de 7 % le mois dernier.

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L’une des mesures du relâchement du marché du travail sur lesquelles la Banque du Canada aime se concentrer est le ratio emploi-population, qui a chuté pour le troisième mois consécutif à 60,9 %, contre 61,1 % en juin, soit le taux le plus bas depuis août 2021. Ce ratio est en baisse de 1,1 point de pourcentage par rapport à l’année dernière, marquant la plus longue période de baisse mensuelle continue depuis 2009.

L’indice R8, qui mesure le chômage dans son ensemble et qui inclut toutes les formes de travail inactif, est passé de 7,6 % à 8,6 % il y a un an. En juillet 2019, lorsque l’économie canadienne était en meilleur équilibre, cet indice se situait à 7,7 % et le taux directeur était de 1,75 %. D’où notre évaluation résolument optimiste du marché des obligations du gouvernement du Canada (en particulier de la partie avant et médiane de la courbe).

De nouvelles baisses des taux d’intérêt à venir

La Banque du Canada a réagi trop tard, mais elle est maintenant dans son élément et d’autres baisses de taux sont sûrement à venir, jusqu’au point médian du taux « neutre » à 2,75 % (actuellement 4,5 %). Je dis « au moins » parce que la banque centrale ne pourra pas s’arrêter à un niveau neutre étant donné les pressions récessionnistes qui s’accumulent et les pressions inflationnistes qui s’estompent visiblement.

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Tiff Macklem et ses collègues seraient bien avisés d’aligner le taux directeur sur l’inflation sous-jacente, ce qui signifierait annuler la majeure partie – voire la totalité – de ce cycle de resserrement inutile de type John Crow en 2022 et 2023, qui a porté le taux directeur à un pic de 5 %, contre 1,75 % avant la pandémie.

Le marché du travail et l’inflation ont fait plus que simplement se « normaliser » et pourtant, même avec deux baisses de taux à son actif, la Banque du Canada a encore un très long chemin à parcourir pour « normaliser » sa politique monétaire.

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David Rosenberg est le fondateur et président du cabinet de recherche indépendant Rosenberg Research & Associates Inc. Pour recevoir davantage d’informations et d’analyses de David Rosenberg, vous pouvez vous inscrire à un essai gratuit d’un mois sur Rosenberg Research site web.

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