Le parcours de Damien Brunner, attaquant talentueux, commence en 2008 lorsqu’il est transféré au EV Zug. Son talent exceptionnel lui permet de briller en NHL avec les Red Wings, mais après une expérience décevante avec les Devils du New Jersey, il retourne en Suisse. Malgré un contrat lucratif au HC Lugano, il fait face à des difficultés personnelles et professionnelles. En 2023, il atteint la finale des playoffs avec Biel, mais une blessure l’empêche de jouer le match décisif.
Le 4 octobre 2008, le EV Zug décide d’envoyer le célèbre recruteur de talents Leo Schumacher, décédé en 2021, au Schluefweg. Ce jour-là, le EHC Kloten affronte le HC Davos, et Schumacher est chargé d’observer un jeune attaquant prometteur : Damien Brunner, âgé de seulement 22 ans. Après la première période, il sort son téléphone et recommande au directeur sportif du EVZ, Patrick Lengwiler, de l’engager sans tarder.
C’est un tournant majeur dans un des échanges les plus marquants et déséquilibrés de l’histoire du hockey sur glace suisse. L’attaquant Thomas Walser rejoint Kloten, tandis que Brunner fait le chemin vers Zug. Walser mettra fin à sa carrière deux ans plus tard en Ligue nationale B, alors que Brunner se révèle être l’un des attaquants les plus captivants de sa génération.
Ces années-là sont marquées par un jeu offensif spectaculaire du EVZ ; sous la direction de l’entraîneur passionné Doug Shedden, Zug offre un hockey captivant. Brunner, avec son talent technique et sa rapidité, s’intègre parfaitement dans cette équipe. Dès ses débuts, il marque des buts avec aisance ; en 2012, il devient le premier meilleur buteur suisse de la ligue depuis Guido Lindemann, soit trois décennies plus tôt. « Ce qu’il a montré était extraordinaire », déclare Josh Holden, ancien coéquipier de Brunner à Zug et aujourd’hui entraîneur du HC Davos.
Steve Yzerman, la légende du hockey, a tenté de le convaincre en vain
Brunner possède un éclat de génie, mais ce qui le rend vraiment unique, c’est sa légèreté rare dans le sport. Il ne semble jamais obsédé par l’ambition, mais appartient à cette catégorie de joueurs qui comprennent que le hockey est avant tout un jeu. Brunner s’exprime avec authenticité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la glace, et dégage une telle confiance en lui que cela est parfois mal interprété comme de l’arrogance par le public.
Il domine la ligue à sa guise, au point de se retrouver en position de choisir son équipe en NHL. Steve Yzerman, alors directeur général des Tampa Bay Lightning, tente de le persuader de signer lors d’une rencontre personnelle. Cependant, Brunner opte pour Detroit, une ville emblématique du Michigan, connue pour son industrie automobile. Mike Babcock, l’entraîneur des Red Wings, s’intéresse de près à lui et déclare : « J’ai entendu beaucoup de bien à son sujet, et après l’avoir observé au championnat du monde à Helsinki, j’ai dit à notre directeur général : ‹Je le veux.›»
Le capitaine des Red Wings, Henrik Zetterberg, une star mondiale suédoise, se retrouve à Zug lorsque la saison NHL est retardée en automne 2012 à cause d’un lock-out. Zetterberg et Brunner se lient immédiatement. En janvier, après la fin du lock-out, ils partent pour Detroit. Brunner se retrouve à côté de son idole d’enfance, Pavel Datsyuk, et doit se pincer pour réaliser que tout cela est bien réel. Il est donc logique que Datsyuk soit impliqué dans le premier but de Brunner en NHL, où il est bientôt surnommé « Blade Brunner » par les fans.
Brunner fait une forte impression avec les Red Wings, inscrivant 26 points en 44 matchs. Cependant, il prend une décision qui aura des conséquences majeures : il refuse une offre de prolongation de contrat de deux ans pour 5 millions de dollars, n’ayant que 24 heures pour y réfléchir et s’appuyant sur les conseils de son agent, Neil Sheehy, qui a également des liens avec l’équipe nationale suisse.
Sheehy a traité Brunner après une déchirure du ligament syndesmotique, mais les choix de carrière de Brunner deviennent flous. À la fin de l’été 2013, il ne lui reste que deux possibilités : un contrat lucratif en Russie ou une offre des Devils du New Jersey. Il choisit finalement cette dernière option, ce qui marque un tournant significatif dans sa carrière.
Les Devils, dirigés par Lou Lamoriello, ont des règles strictes, allant de l’obligation de porter des costumes en voyage même sans match, à l’interdiction de la pilosité faciale. Le style de jeu défensif et rigide des Devils ne convient pas à l’esprit libre de Brunner. Après moins d’un an et demi, il résilie son contrat, désillusionné, et retourne en Suisse.
Il rejoint le HC Lugano, signant le contrat le plus lucratif de l’histoire de la Ligue nationale avec un salaire annuel d’environ 1 million de francs. Cependant, il peine à répondre aux attentes élevées qui en découlent. La gestion désastreuse du club ne facilite pas les choses. Rapidement, il devient le bouc émissaire, l’entraîneur Patrick Fischer le critiquant publiquement pour préserver sa propre réputation. Lugano se retrouve en bas du classement alors que Fischer est en poste.
Malgré ces difficultés, Brunner ne trouve pas le bonheur. Il se sent comme un étranger sur la glace et perd son sourire et sa légèreté. De plus, il souffre de colite, une maladie intestinale chronique, qui le force parfois à vomir pendant dix jours. Malgré cela, la pression pour enregistrer des performances exceptionnelles reste forte. Finalement, en 2018, une résiliation de contrat anticipée devient inévitable, et Brunner quitte Lugano pour Biel.
Brunner atteint la finale des playoffs avec Biel en 2023, mais une blessure l’empêche de jouer le match décisif
En 2023, Brunner se retrouve à la finale des playoffs avec Biel, mais une blessure le prive de la possibilité de participer au match décisif. Cette situation rappelle à quel point le chemin d’un athlète peut être semé d’embûches, malgré un talent indéniable et des réalisations impressionnantes.