« Ce n’est pas un compte hostile », insiste Wheatcroft, évitant le terme « révisionniste » au profit d' »alternatif ». Mais à part le seul point positif de 1940, c’est une évaluation fulgurante de la vie de Churchill, de ses efforts pour aérer son héritage et du soi-disant culte de Churchill qui a émergé après sa mort.
La liste des détails est longue, bien que familière – la campagne désastreuse de Churchill à Gallipoli pendant la Première Guerre mondiale, sa ferveur pour le maintien de l’empire britannique d’outre-mer, ses efforts malavisés pendant la Seconde Guerre mondiale pour combattre en Afrique et en Méditerranée plutôt que d’envahir la France, son manque mortel de son intérêt pour la famine au Bengale, son soutien aux villes allemandes bombardées de tapis et ses accords cyniques avec Staline, entre autres. Et bien sûr, il y avait le racisme de Churchill, animé par des théories sur les « races supérieures », qui dans son esprit n’incluaient pas les Africains, auxquels il faisait référence par le mot N ; Chinois, qu’il appelait « tresses » ; ou des Indiens, qu’il qualifiait de « babouins ».
En embrassant la légende plutôt que la réalité, soutient Wheatcroft, les dirigeants suivants se sont entraînés dans des débâcles militaires par désir erroné d’être le prochain Churchill. « À chaque fois que l’action a été motivée par la peur de l’apaisement ou le fantôme de Munich », écrit-il, « un échec lamentable s’en est suivi, de la Corée à Suez au Vietnam en passant par l’Irak et bien plus encore.
Wheatcroft est un procureur qualifié avec un stylo rapière. Churchill n’est pas sa seule cible. Il a des apartés acerbes pour toutes sortes de gens, y compris Bernard Montgomery (« vanité bombastique »), George Patton (« à peine sain d’esprit »), Lord Beaverbrook (« un scélérat complet »), Tony Blair (« intellectuellement médiocre »), Charles de Gaulle (« arrogant et sans grâce ») et Adlai Stevenson (« pieux libéral »), sans parler de divers historiens britanniques concurrents et, sans raison apparente, Pearl S. Buck.
Il méprise particulièrement les Américains hautains qui ont créé leur propre culte Churchill sans vraiment comprendre qui il était. Il fait remonter cela à John F. Kennedy, le premier président à s’envelopper dans le manteau de Churchill, suivi de Ronald Reagan, qui a cité Churchill dans son premier discours inaugural, et de George W. Bush, qui a conservé un buste de Churchill dans le bureau ovale.
Ce n’est que lorsque Donald Trump, Rudy Giuliani et Ted Cruz invoquent Churchill que Wheatcroft prend sa défense : et les législatures élues, notamment le Congrès où il avait été si bruyamment acclamé. Rien de ce qu’il avait jamais fait ne méritait Trump, Giuliani et Cruz.