Critique de Berlin par Bea Setton – étude pleine d’esprit et sombre de l’obsession de la vingtaine | Fiction

JDaphne Ferber, âgée de six ans, pense qu’elle est sage et qu’elle est un bon juge de caractère. Plutôt que de faire face à ses défauts, elle les fuit. Au début du premier roman de Bea Setton, elle a quitté Londres pour un nouveau départ à Berlin.

Alors que Daphne nous donne des informations au goutte à goutte, nous apprenons qu’elle est issue d’un milieu privilégié, qu’elle n’a pas été acceptée dans un cours de philosophie de troisième cycle (malgré un diplôme d’Oxford) et qu’elle vit de ses parents. Nous réalisons rapidement qu’elle est une narratrice peu fiable.

Daphné est un amas de contradictions. Elle a une faible estime de soi, a du mal à se faire des amis et méprise nombre de ses pairs. Elle ne va pas en boîte ou ne prend pas assez de drogue pour attirer un groupe, et elle ne se sent pas non plus à l’aise avec les personnes honorablement employées. Beaucoup de personnes que Daphné rencontre sont déjà en couple. Elle est à la fois reconnaissante et irritée envers ses parents pour « la couverture de sécurité qui a étouffé mon élan créatif et retiré toute nécessité de ma vie ».

Cela devient vite clair, Daphné souffre d’un trouble de l’alimentation et ment pour dissimuler son comportement obsessionnel : « Il est presque impossible pour un toxicomane de dire la vérité sur ses compulsions », observe-t-elle dans un moment d’auto-reconnaissance. Inévitablement, elle commence à dissimuler dans tous les domaines de sa vie. Honteuse de son oisiveté, elle raconte aux gens qu’elle travaille comme fille au pair ou qu’elle est engagée dans un programme de doctorat.

Setton est doué pour transmettre l’anxiété des millénaires confrontés à des possibilités infinies. Elle écrit avec perspicacité sur les effets déstabilisants de la vulnérabilité et de la solitude dans un environnement inconnu. Il y a aussi beaucoup d’humour dans la réflexion excessive de Daphné et son approche cynique des fréquentations.

Les choses prennent une tournure plus sombre lorsqu’elle devient convaincue qu’elle est harcelée par un petit ami rejeté. Daphné n’est pas un personnage particulièrement sympathique, mais nous commençons à nous soucier d’elle lorsque nous réalisons à quel point sa vie est devenue décalée. Setton construit sa paranoïa croissante et son sentiment de terreur avec un effet formidable dans cette lecture troublante et captivante.

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