Les espèces invasives, comme le crabe laineux chinois et le frelon asiatique, menacent la biodiversité en Allemagne et à l’échelle mondiale, entraînant des pertes économiques de milliards de dollars et contribuant à l’extinction des espèces. Ces organismes, introduits par l’homme, perturbent les écosystèmes en évincant les espèces indigènes et en propageant des maladies. Des efforts de contrôle sont en cours, mais l’éradication reste complexe, alimentée par le commerce mondial et le changement climatique.
Les espèces introduites, souvent qualifiées d’invasives, représentent un danger pour la flore et la faune locales, contribuant à la disparition d’espèces. Les pertes économiques mondiales dues à ces espèces s’élèvent à des centaines de milliards de dollars chaque année.
Un exemple frappant d’espèce invasive en Allemagne est le crabe chinois à main laineuse. Ce crabe, avec sa carapace presque carrée ornée de taches bleues et rouges, est doté de fins picots sur les bords de sa carapace et d’une fourrure épaisse sur ses pinces. Sa population est telle qu’il peut bloquer les cours d’eau et obstruer les filtres à eau des stations de pompage et des centrales électriques. Sa présence constitue un véritable cauchemar pour les pêcheurs, car il endommage les filets et consomme les poissons piégés dans les nasses. C’est pourquoi il figure parmi les 100 espèces invasives les plus problématiques au monde.
Le frelon asiatique, bien qu’il ne soit pas natif d’Allemagne, continue de s’y propager.
L’un des principaux facteurs de perte de biodiversité
Les espèces invasives, comme le crabe laineux chinois, désignent des plantes et des animaux introduits dans des zones où ils ne sont pas natifs. Cela peut se faire de manière intentionnelle ou non, souvent à travers des activités humaines telles que le commerce maritime. Ces espèces traversent des frontières géographiques préalablement infranchissables, envahissant rapidement les habitats locaux, supplantant les espèces indigènes et perturbant les écosystèmes existants.
Thomas Hickler, professeur de biogéographie à l’université de Francfort-sur-le-Main, souligne que la biodiversité s’est historiquement développée de manière isolée sur différents continents et îles. Lorsque les échanges mondiaux facilitent l’introduction de nouvelles espèces, la faune et la flore locales peuvent ne pas être préparées à les affronter, entraînant des déséquilibres écologiques. En Allemagne, de nombreuses espèces exogènes dominent, précisait-il, car elles n’ont que peu ou pas d’ennemis naturels dans leur nouvel environnement. L’agriculture et le changement climatique sont deux facteurs parmi les cinq principaux moteurs de l’extinction des espèces. Selon le Conseil mondial de la biodiversité (IPBES), les espèces invasives sont responsables de 60 % des extinctions.
Parallèlement, en Amérique centrale, des mortalités massives d’amphibiens sont observées depuis plusieurs années.
Dégâts économiques colossaux
« La biodiversité est essentielle à notre existence », affirme Hickler. Il est possible d’estimer la valeur économique des services écosystémiques que la biodiversité offre à notre société, comme par exemple les pollinisateurs, tels que certaines espèces d’abeilles sauvages, qui sont cruciales pour la pollinisation des cultures. Ces services, bien que souvent invisibles pour l’économie traditionnelle, pourraient avoir une valeur bien supérieure à celle de l’économie mondiale.
Le crabe laineux chinois illustre bien comment l’invasion d’espèces affecte les services écosystémiques cruciaux : en creusant sur les rives, il endommage les racines des plantes, provoquant l’érosion et mettant en péril la stabilité des berges, ce qui est essentiel pour minimiser les risques d’inondations.
D’après l’IPBES, en 2019, les espèces invasives ont engendré des pertes financières mondiales de 423 milliards de dollars en raison de leur impact sur la diversité écologique. Depuis 1970, ces coûts ont quadruplé tous les dix ans et devraient continuer à croître de manière alarmante. L’économie n’est pas la seule touchée : la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable et la santé humaine en subissent également les conséquences.
Propagation de maladies
La vitesse de propagation des espèces invasives les rend souvent porteuses de parasites et de maladies. Ces organismes apportent avec eux des agents pathogènes auxquels ils sont adaptés, mais qui peuvent également infecter des animaux sauvages, du bétail, et même les humains, un phénomène connu sous le nom de « spillover ».
Le moustique-tigre asiatique, par exemple, a été introduit en Europe via le commerce de pneus usagés et est capable de transmettre plus de 20 agents