jeudi, novembre 21, 2024

Cour des comptes européenne : Certains projets bénéficient de financements doubles de l’UE

Un rapport de la Cour des comptes européenne met en lumière un risque accru de double financement des fonds européens, pouvant entraîner un gaspillage des fonds publics. En examinant plus particulièrement l’Autriche, il souligne que les mécanismes de distribution ne tiennent pas compte des coûts réels, augmentant ainsi le risque de déclarations multiples des mêmes travaux. Les auditeurs recommandent des contrôles renforcés et une meilleure coordination des programmes pour prévenir cette situation.

Un rapport publié récemment met en lumière une préoccupation croissante au sein de l’Union européenne concernant le risque de double financement des projets. La Cour des comptes européenne a noté que ce phénomène pourrait mener à un gaspillage significatif des ressources publiques. Cette situation s’applique également à l’Autriche, qui a été citée comme un exemple clé dans l’analyse des financements européens, notamment en relation avec le fonds de construction Corona, doté de ressources financières considérables.

L’inquiétude principale réside dans le fait que les fonds de construction ne sont pas distribués en fonction des coûts effectifs des projets, ce qui est généralement la norme dans d’autres programmes de l’UE. Au lieu de cela, les financements sont alloués selon la réalisation des objectifs précisés. Les programmes comme le fonds Corona, qui totalise 648 milliards d’euros, ainsi que les initiatives pour la politique de cohésion et le mécanisme ‘Connecting Europe’ (CEF), soutiennent de multiples projets similaires, notamment ceux touchant aux infrastructures de transport et d’énergie. Cela signifie qu’il est possible de présenter les mêmes coûts pour un projet à plusieurs reprises à Bruxelles.

Alerte de la Cour des comptes

Dans sa publication, la Cour des comptes a soulevé une inquiétude particulière concernant le projet autrichien relatif à la ‘Construction de nouvelles lignes ferroviaires et électrification des chemins de fer régionaux’. Bien que ce projet soit partiellement financé par le fonds de construction Corona, le résultat escompté pour 2025 pourrait inclure des réalisations déjà financées par d’autres fonds. La Cour a noté que la définition des objectifs n’est pas suffisamment précise pour éviter les chevauchements entre les financements du CEF et de l’ARF, augmentant ainsi le risque de double comptabilisation des coûts.

La Cour des comptes a également examiné le système de gestion et de contrôle en place pour prévenir le double financement en Autriche, ainsi que dans d’autres États membres. Malgré ces efforts, des préoccupations subsistent quant à l’efficacité des mécanismes de protection mis en œuvre. Annemie Turtelboom, membre de la Cour, a exprimé des réserves lors d’une récente conférence de presse, affirmant que, bien que le modèle de financement de l’ARF vise à simplifier le processus, cette simplification ne doit pas se faire au détriment des intérêts financiers de l’UE.

Les divers niveaux administratifs au sein de l’UE rendent la coordination et la supervision extrêmement complexes. Le contrôle repose souvent sur les auto-déclarations des bénéficiaires, ce qui pose des questions sur la fiabilité de ces informations. Les inspections manuelles dominent souvent, ce qui complique la mise en œuvre d’une surveillance à grande échelle. En conséquence, la Commission européenne ne reçoit pas toujours des données précises sur les dépenses de terrain.

Défis des initiatives à ‘coût neutre’

Le rapport souligne également que les initiatives jugées ‘neutres’ en termes de coût sont un autre sujet de préoccupation. Ces projets ne bénéficient d’aucune vérification formelle contre le double financement, car la Commission les considère comme à risque nul. Cela a conduit à des cas où des dépenses significatives sont engendrées, bien que le budget initial n’enregistre aucun coût. Les auditeurs ont recommandé à la Commission de renforcer la supervision des mesures à coût zéro et de revoir la définition même du double financement.

Afin d’améliorer la situation, le rapport suggère une meilleure coordination entre les différents programmes et outils de financement, ainsi que le développement de systèmes informatiques interopérables pour le suivi des données financières. Il est également proposé que les exigences de contrôle pour prévenir le double financement soient clarifiées et renforcées.

Avec la conclusion de ce rapport, la Commission européenne a récemment identifié deux cas potentiels de double financement avec les fonds de l’ARF. Ces découvertes renforcent l’idée que la détection des anomalies financières est trop aléatoire, soulignant le besoin urgent d’un cadre de contrôle plus efficace et adapté.

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