jeudi, décembre 26, 2024

COP29 à Bakou : Défis et enjeux d’une conférence climatique cruciale

La 29e Conférence des Nations Unies sur le climat à Bakou se déroule dans un contexte difficile, marqué par la fragilité de l’Allemagne après la chute de la coalition Ampel et les préoccupations liées à la réélection de Donald Trump aux États-Unis. Le rapport du PNUE indique un réchauffement climatique potentiel de 2,6 degrés, dépassant l’objectif de l’Accord de Paris. L’Allemagne, perçue comme un « canard boiteux », espère un engagement contre les énergies fossiles, mais le pays hôte, l’Azerbaïdjan, n’a pas inscrit ce sujet à l’ordre du jour.

Allemagne affaiblie après la chute de la coalition Ampel, États-Unis face à un possible retour en arrière avec la réélection de Donald Trump : la 29e Conférence des Nations Unies sur le climat débute à Bakou dans un contexte difficile.

D’après le rapport ‘Emissions Gap Report’ publié fin octobre par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la planète est sur une trajectoire de réchauffement d’au moins 2,6 degrés d’ici la fin du siècle, sauf si la communauté internationale intensifie ses efforts de lutte contre le changement climatique. L’objectif fixé par l’Accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement à moins de deux degrés, pourrait donc être largement dépassé.

Scholz annule son déplacement à la COP29

Les conférences annuelles des Nations Unies sur le climat sont des plateformes essentielles pour coordonner les efforts internationaux de réduction des émissions de CO2 et pour définir l’orientation future des politiques climatiques. L’Allemagne, généralement perçue comme un leader sur ces questions, a traditionnellement joué un rôle actif en tant que puissance économique investissant massivement dans la protection du climat.

Cependant, lors de cette COP29, la situation semble différente : le chancelier Olaf Scholz devait initialement se rendre à Bakou pour l’ouverture de la conférence et prononcer un discours devant la communauté internationale, mais il a annulé ce voyage en raison de ‘la situation politique actuelle’ qui a suivi la dissolution de la coalition Ampel.

Le gouvernement allemand espère malgré tout un engagement fort en faveur de l’abandon des énergies fossiles durant cette conférence.

Allemagne considérée comme un ‘canard boiteux’ à Bakou

Les voyages des ministres fédéraux, Robert Habeck (Économie), Steffi Lemke (Environnement) et Annalena Baerbock (Affaires étrangères), restent en revanche confirmés. Toutefois, dans le contexte d’élections anticipées, leurs capacités d’action pourraient être limitées.

Actuellement, l’Allemagne est perçue comme un ‘canard boiteux’ sur la scène internationale en matière de climat. Ce terme, souvent utilisé pour désigner des politiciens aux États-Unis qui, bien que toujours en fonction, ne peuvent plus agir efficacement, s’applique ici aussi. Les engagements pris par l’Allemagne pourraient devoir être mis en œuvre par le futur gouvernement, qui pourrait avoir des priorités totalement différentes, rendant ainsi ces engagements peu significatifs.

Antje Boetius, directrice de l’Institut Alfred-Wegener, souligne les défis de la conférence climatique à Bakou

Traditionnellement, l’Allemagne est reconnue comme un pionnier fiable sur la scène internationale. Cependant, lors de cette conférence, il est probable que sa délégation ne soit pas prise au sérieux par les autres États durant les négociations. Les négociateurs devront naviguer dans cette situation délicate, sachant que l’Allemagne est également représentée via l’UE. Cela pourrait permettre à l’Allemagne de mettre en avant certains thèmes au travers de la délégation européenne, bien que celle-ci ne devrait pas agir aussi ambitieux sous la présidence hongroise que lors des conférences précédentes.

Cette année, l’Europe a été frappée par des événements météorologiques extrêmes. ‘Nous faisons face à des phénomènes météorologiques d’une intensité sans précédent, pour lesquels il n’existe même pas de précédent historique’, déclare Antje Boetius. ‘Cela touche désormais des populations à travers le monde.’ Nous ne sommes pas préparés. ‘Il est évident que le développement économique est gravement entravé par les impacts du changement climatique.’

Des discussions sont nécessaires pour établir un nouvel objectif de financement climatique, où les engagements climatiques nationaux joueront également un rôle crucial.

Pas de sortie des énergies fossiles à l’ordre du jour

Les experts s’interrogent sur la possibilité de décisions audacieuses concernant la protection du climat sous la présidence de l’Azerbaïdjan, dont 90 % des revenus d’exportation proviennent des combustibles fossiles, principalement destinés à l’UE. Certains suggèrent de reporter les sujets critiques aux négociations de l’année prochaine (COP30) au Brésil pour maximiser les chances d’aboutir à des résultats positifs.

Des indices de ces défis se sont déjà manifestés lors de la COP28 à Dubaï, où les parties ont convenu d’une sortie à long terme du charbon, du pétrole et du gaz, mais avec une formulation atténuée, substituant ‘sortie’ par ‘transition’ des combustibles fossiles. Ce compromis a néanmoins été célébré comme une avancée. La ministre de l’Environnement, Steffi Lemke, a appelé à un engagement clair pour abandonner les énergies fossiles, mais le pays hôte de la COP29, l’Azerbaïdjan, n’a même pas inscrit ce sujet à l’ordre du jour.

À noter que le président de la conférence des Nations Unies sur le climat de cette année est issu du secteur pétrolier.

Inquiétudes concernant l’Accord de Paris après la réélection de Trump

La récente victoire électorale de Donald Trump aux États-Unis soulève des inquiétudes quant à l’avenir de la conférence climatique. Il est peu probable que de nouveaux efforts ambitieux de la part des États-Unis en matière de protection du climat apparaissent dans les années à venir. On s’attend même à ce que Trump annonce un retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, comme il l’avait fait après sa première élection.

Le président Biden avait annulé ce retrait dès son arrivée au pouvoir. Lambert Schneider, de l’Institut Öko à Berlin et membre de la délégation de l’UE à Bakou, exprime ses craintes, soulignant que cette fois, la situation pourrait ne pas se résoudre de la même manière et que d’autres pays pourraient également suivre cette tendance.

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