samedi, février 15, 2025

Conflit entre la croissance économique et les objectifs climatiques zéro net au Royaume-Uni sous un gouvernement de gauche

Le débat sur l’extraction de pétrole et de gaz en mer du Nord divise le parti travailliste, confronté à la nécessité de réduire les combustibles fossiles tout en atteignant des objectifs climatiques. Les projets Rosebank et Jackdaw, approuvés par le gouvernement, sont suspendus par un tribunal écossais en raison de préoccupations environnementales. Malgré une baisse de production, le gouvernement continue de soutenir cette industrie, arguant de la sécurité énergétique et de la protection des emplois, tandis que la transition vers des énergies plus propres demeure un enjeu central.

Le débat sur l’avenir de l’extraction de pétrole et de gaz en mer du Nord, à proximité des côtes écossaises, crée des tensions au sein du parti travailliste au pouvoir. Cette situation met en lumière l’un des principaux dilemmes de la transition énergétique : quelle quantité de combustibles fossiles peut-on se permettre tout en s’engageant à atteindre des émissions nettes nulles ? Les données scientifiques sont claires : il faut réduire drastiquement l’utilisation de pétrole, limiter celle du gaz naturel et éliminer presque complètement le charbon.

Nouveaux projets d’extraction et leurs implications

Les récentes décisions du gouvernement dirigé par Rishi Sunak ont conduit à l’octroi de permis pour les projets Rosebank et Jackdaw, qui concernent des champs pétroliers et gaziers inexploités près des îles Shetland et de la côte écossaise. Ces projets sont gérés par Equinor, une entreprise publique norvégienne, et Shell, un géant énergétique anglo-néerlandais.

Cependant, un tribunal écossais a suspendu ces autorisations fin janvier, mettant en avant les préoccupations concernant les émissions de gaz à effet de serre. Les entreprises doivent donc soumettre une nouvelle demande auprès de l’autorité de transition de la mer du Nord, prenant désormais en compte l’impact des combustibles fossiles.

Des groupes écologiques et des membres du parti travailliste plaident pour que ces projets ne reçoivent pas de licence après cette réévaluation. Le juge a souligné que l’intérêt public, notamment en matière de changement climatique, prime sur les intérêts des développeurs. Ce conflit est devenu un symbole de la lutte contre les combustibles fossiles au Royaume-Uni.

Tessa Khan de l’ONG Uplift, qui a initié le procès contre Rosebank, déclare que le secteur pétrolier et gazier en mer du Nord ne peut plus être considéré comme une source de prospérité à long terme. Elle souligne une tendance à la baisse de la production, malgré des mesures fiscales favorables, indiquant que l’épuisement des ressources est inévitable.

La transition énergétique : entre dépendance et avenir

La production de pétrole et de gaz a effectivement diminué au cours de la dernière décennie, passant de 1600 à 1100 kilobarils équivalent pétrole par jour, et devrait continuer à régresser. Selon les prévisions, la production pourrait descendre à environ 750 kilobarils équivalent pétrole par jour d’ici 2030, les projets Rosebank et Jackdaw représentant une part significative de cette production future.

Malgré cette baisse, le gouvernement prévoit qu’environ un quart des besoins énergétiques britanniques continuera d’être satisfait par le pétrole et le gaz d’ici 2050, même dans un scénario de neutralité climatique. Actuellement, la dépendance aux combustibles fossiles demeure élevée, bien qu’elle ait atteint son plus bas niveau historique.

Ce constat explique pourquoi le gouvernement britannique continue de soutenir l’industrie pétrolière, en dépit des objectifs climatiques. En 2023, le gouvernement a annoncé plusieurs nouvelles licences, arguant que ces projets renforceraient la sécurité énergétique et réduiraient la dépendance vis-à-vis de pays jugés hostiles, tout en faisant baisser les coûts de l’énergie.

Le secteur pétrolier est également un pilier économique important, offrant des milliers d’emplois, particulièrement en Écosse. La protection de ces emplois a été un enjeu majeur dans le discours gouvernemental, visant à ralentir la chute de la production nationale.

Équilibre entre politique de zéro émission et dépendance aux combustibles fossiles

Dans ce contexte, le parti travailliste critique encore la politique conservatrice, bien que leurs positions semblent désormais s’aligner. Le Premier ministre Keir Starmer a récemment affirmé que le pétrole et le gaz joueront un rôle crucial pour les décennies à venir, tout en appelant à une transition vers des énergies plus propres.

Alors que les autorisations pour Rosebank et Jackdaw sont soumises à une nouvelle procédure, Starmer insiste sur la nécessité de créer un cadre stable pour l’industrie, en soutenant les investissements et en préservant les emplois tout en respectant les engagements climatiques. Ce compromis souligne les défis auxquels font face les gouvernements dans leur quête d’une transition énergétique réussie.

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