Comment la révolution grecque de 1821 a conduit au système mondial des États-nations

Ce livre épais est un long voyage, riche d’histoire sociale et des sommités de l’époque. Il est difficile d’imaginer qu’il soit dépassé de sitôt en tant que récit définitif en anglais de la Révolution grecque.

Pourtant, il laisse beaucoup de non-dit. Offrir une histoire de la Révolution grecque sans une description approfondie du système impérial ottoman – son rôle dans la production de la révolution et ses réactions à celle-ci – est une omission importante (et peu importe le fait que de nombreux Grecs sont restés dans l’Empire ottoman après l’indépendance de la Grèce. ). Dans l’histoire de Mazower, comme dans tant d’autres de la Révolution grecque, les Turcs ottomans apparaissent unidimensionnels, présentés pour la plupart comme des auteurs. Certes, Mazower est assez attentif pour les montrer parfois aussi comme des victimes. Mais avec les Grecs, les Albanais, les Arabes, les Serbes et bien d’autres, les Turcs ont été les principaux créateurs d’un système qui a produit des siècles de coexistence interculturelle. La violence, la discrimination et l’oppression faisaient sans doute partie de cette histoire, mais aussi l’échange, la synthèse et la paix. Mazower le reconnaît, mais pour la forme.

En fin de compte, « La Révolution grecque » nous amène à réfléchir plus profondément sur le rôle de l’État-nation dans un contexte mondial. Cette histoire de la révolution se veut, selon les mots de Mazower, « inclusive et non exclusive ». Comme il le raconte depuis un New York ravagé par une pandémie et terrorisé par la peur et la mort, il a vu une Grèce « remarquablement résistante » et apparemment socialement cohésive imposer un verrouillage en même temps que les États-Unis échappaient. Contre les menaces de polarisation et de fragmentation sociale, un collectif national de citoyens confiants s’est avéré capable de faire face aux défis contemporains, car il a connu une crise de la dette il y a plus de dix ans et un empire deux siècles auparavant.

Face aux migrations, à l’effondrement financier, au populisme de droite et maintenant à la pandémie, beaucoup soutiennent que l’État-nation, quels que soient ses défauts et ses limites, reste notre meilleure formule pour l’ordre international. Mais s’il a réussi à surmonter certaines divisions, il en a aussi créé de nouvelles. Dans le cas de la Grèce contemporaine, la nation oublie une grande partie de son passé ottoman et musulman et considère généralement l’islam négativement, que ce soit sous la forme de réfugiés turcs ou afghans.

La Révolution grecque est née au moment même de l’articulation initiale de l’État-nation et l’a validée sur toute autre forme politique, notamment l’empire. Cela a inspiré William Lloyd Garrison et Alexander Pushkin à écrire à ce sujet à l’époque et a conduit l’un des plus grands historiens du monde à en parler aujourd’hui. Les anniversaires mis à part, ce livre nous incite à réfléchir de manière critique sur les naissances concomitantes de la Grèce et de l’État-nation. Ce faisant, il nous encourage à nous poser de sérieuses questions à l’un et à l’autre.

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