Coates : La perturbation de l’éducation causée par la COVID nuit le plus aux enfants autochtones

La pandémie a frappé notre pays, les fissures masquées par la dépense de vastes sommes d’argent public. Lorsque ce fléau sera enfin maîtrisé, le Canada fera face à un bilan massif et coûteux. Le coup catastrophique pour les petites entreprises, la crise du tourisme et du transport aérien, les schémas de travail perturbés, les transitions connexes dans l’emploi et le comportement des consommateurs, la nécessité de payer des centaines de milliards de dollars de dépenses pandémiques ; il y a beaucoup de problèmes majeurs à résoudre.

Les Premières Nations ont assumé un fardeau excessif tout au long de la pandémie. Alors que la maladie submergeait les maisons surpeuplées dans les réserves avec des services de santé minimaux, les Premières Nations ont fermé une grande partie de leur économie, bien que les agences de développement économique autochtones aient réagi de manière créative aux nouvelles réalités. La vague de COVID de cet hiver continue d’avoir un impact majeur sur la vie des réserves, de nombreux gouvernements locaux enfermant des communautés.

Dans le domaine de l’éducation, les défis sont immenses. Alors que le Canada s’est rapidement tourné vers l’apprentissage en ligne, les réserves étaient aux prises avec une connectivité Internet catastrophique; de nombreux ménages ne disposent pas des ordinateurs ou des tablettes nécessaires à l’apprentissage en ligne. Ajoutez les défis de plusieurs étudiants essayant d’étudier dans des maisons surpeuplées et il devient évident que la crise de l’éducation alimentée par le COVID affecte gravement de nombreuses maisons et communautés.

Ce n’est pas un défi à court terme. Les années d’apprentissage perdues peuvent être catastrophiques, en particulier pour les jeunes enfants de moins de 6e année qui sont dans leurs premières années d’apprentissage. Il ne s’agit pas simplement de rouvrir les écoles lorsque les conditions le permettent et d’effectuer une transition en douceur vers un cycle d’enseignement normal. Les jeunes, en particulier les enfants autochtones qui ont été beaucoup plus touchés que la plupart, travailleront d’arrache-pied pour retrouver une voie éducative constructive. Si des mesures correctives ne sont pas prises, les conséquences de trois années de perturbation de l’éducation dureront toute la vie, avec des impacts profonds sur la formation future, les emplois et les carrières, les revenus à vie et le bien-être personnel.

La première étape vers une réponse appropriée est d’écouter les autorités scolaires des Premières Nations. Ils comprennent mieux que quiconque l’ampleur des problèmes auxquels sont confrontés les jeunes Autochtones. Les situations varient considérablement d’un bout à l’autre du pays, et aucune approche unique ne fonctionnera pour toutes les communautés autochtones. Il est impératif que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux fassent le point sur la situation à travers le pays, en demandant aux autorités locales des informations sur l’état des résultats scolaires locaux.

Les communautés autochtones ont besoin de stratégies détaillées pour le renouvellement de l’éducation. Cela peut signifier une formation et une préparation spécialisées des enseignants et des administrateurs ; consultations avec les parents et les élèves sur les besoins et les conditions d’éducation ; une évaluation minutieuse des résultats d’apprentissage des élèves; ou des conversations franches sur les aspirations éducatives spécifiques des différentes communautés.

Les gouvernements autochtones et les conseils scolaires devraient envisager de passer à une approche à l’année de l’enseignement primaire pendant au moins les deux ou trois prochaines années. Cela nécessiterait à son tour un examen des programmes, des réalisations locales et des besoins éducatifs à long terme des élèves et des écoles. Une planification et une mise en œuvre minutieuses des stratégies de rétablissement et une évaluation systématique sont essentielles.

Dans le cadre de la solution, les autorités autochtones devraient être soutenues dans leurs efforts pour développer l’éducation linguistique et culturelle. Il est de plus en plus évident que l’éducation communautaire peut accroître les résultats positifs et autonomiser les jeunes, de sorte que les possibilités d’apprentissage liées au travail et expérientielles locales pour les étudiants autochtones devraient également être élargies.

Tout au long de la pandémie, les gouvernements ont travaillé dur, avec un succès considérable, pour s’assurer que la vie des Canadiens se rapproche le plus possible de la normale, mais il y a certains domaines – l’éducation au premier rang desquels – où l’agitation et les bouleversements de ces trois dernières années civiles laissent une cicatrice indélébile sur la société canadienne.

Nous avons été réticents à examiner en profondeur ces problèmes, sans doute en grande partie parce que notre attention a été implacablement réquisitionnée par les crises provoquées par la COVID. Mais ignorer les changements alarmants dans les principaux domaines politiques ne les fera pas disparaître. Les coûts d’ignorer les défis éducatifs auxquels sont confrontées les Premières Nations sont tout simplement trop élevés et pourraient déclencher des calamités en matière d’emploi et de développement de carrière qui entraveraient toute une génération.

Les communautés autochtones ne peuvent pas attendre la fin de la pandémie pour commencer à combler les lacunes sans cesse croissantes en matière d’éducation, et à cette fin, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent se mobiliser de toute urgence pour soutenir cet effort.

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Ken Manteaux est chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier et professeur de politique publique à l’Université de la Saskatchewan, où il est titulaire de la chaire de recherche du Canada en innovation régionale

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