Chris Selley : Postes Canada doit envahir votre vie privée pour survivre

Tout comme VIA Rail et CBC, Postes Canada réclame une refonte globale – et non une réflexion fondée sur l’idée qu’elle doit exister pour toujours, à tout prix.

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Le commissaire fédéral à la protection de la vie privée, Philippe Dufresne, veut Postes Canada arrêter de récolter des données à l’extérieur des lettres et des colis qui vous sont adressés et de « louer » ces informations aux spécialistes du marketing afin qu’ils puissent vous bombarder de courrier indésirable. Ces données incluent vos intérêts, les types de choses que vous achetez, à qui vous les achetez, ainsi que des informations non publiques sur votre adresse – les numéros de suite dans les immeubles à logements multiples, par exemple, dans le cas du patriote qui s’est plaint au bureau du commissaire au sujet de publicités indésirables de restaurants arrivant dans sa boîte aux lettres.

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Dans l’avis du commissaire, publié mercredi, cette pratique est illégale en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Légal ou non, je pense que la plupart des Canadiens conviendraient que c’est assez scandaleux. Et la réponse de Postes Canada ? « Bon sang non, nous ne nous arrêterons pas. Nous avons besoin d’argent. Et en plus, les recherches montrent que les gens aiment recevoir du courrier indésirable.

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Je paraphrase, évidemment, mais je devrais citer directement cette dernière partie parce qu’elle semble tellement stupide : « (Postes Canada) a déclaré qu’elle ne considérait pas (son) engagement dans ces activités comme étant d’une manière ou d’une autre contraire au bien public. En fait, (dit-il) des recherches indiquent que les consommateurs aiment recevoir des offres marketing pertinentes par courrier.

Le commissaire a poliment exprimé son désaccord.

Que penser de cette folie ?

Dans l’état actuel des choses, Postes Canada a certainement besoin d’argent : « Smartmail », comme on appelle cette offre interentreprises, représentait 795 millions de dollars de revenus au bilan de la société d’État en 2022, soit 11 %. Sans ces revenus, CPC aurait enregistré une perte de 1,1 milliard de dollars l’année dernière, au lieu de 292 millions de dollars. (En fait, les anciennes opérations de Postes Canada ont perdu 548 millions de dollars en 2022, mais ses divisions rentables de messagerie Purolator et de conseil en chaîne d’approvisionnement, SCI, ont atténué le coup.)

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Mais regardez ce que Postes Canada dit avoir besoin d’argent pour: « (Postes Canada) a souligné la tendance à la « diminution des volumes de lettres depuis de nombreuses années » et que pour aider à combler le manque à gagner qui en résulte tout en s’assurant qu’elle continue de remplir son mandat à l’échelle nationale, Postes Canada doit continuellement innover et introduire de nouvelles façons de diversifier ses sources de revenus.

Par « mandat national », Postes Canada entend son monopole sur la livraison des lettres partout au pays à un tarif forfaitaire. Cette activité autrefois essentielle se porte aussi mal qu’on pourrait s’y attendre : les volumes de lettres adressées individuellement ont diminué de 22 % en 2022 par rapport à 2018, sans parler des jours glorieux de la calligraphie.

Le secteur du courrier indésirable — désolé, le « courrier intelligent » — ne se porte pas non plus très bien, explique le rapport annuel 2022 de Postes Canada, alors que les annonceurs recherchent davantage d’options numériques. Les volumes ont rebondi depuis la pandémie, lorsque les dépenses publicitaires se sont taries dans tous les domaines, mais étaient toujours en baisse de 14 % en 2022 par rapport à 2018.

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Il s’agit de tendances positives à plusieurs niveaux, notamment sur le plan environnemental. Mais ils sont fatals à Postes Canada dans sa structure actuelle, et il n’y a aucune raison de penser qu’ils vont s’atténuer. L’un des résultats les plus absurdes de la pandémie pour les entreprises – le signe le plus sûr que le modèle commercial de Postes Canada est une absurdité archaïque – a été qu’au milieu d’une augmentation sans précédent des livraisons de colis, la société a en fait réussi à perdre une somme d’argent sans précédent.

Parce que personne ne faisait de publicité. Personne n’envoyait donc de courrier indésirable.

Il semble qu’il y a environ 50 ans, mais en fait seulement huit ans, le projet des conservateurs visant à mettre fin à la livraison du courrier à domicile était un enjeu politique majeur. Les libéraux et les néo-démocrates ne semblaient même pas se rendre compte que seulement un tiers des Canadiens bénéficiaient réellement de ce privilège. (« La livraison du courrier à domicile est une simple question d’équité », affirmait le programme du NPD. On ne peut qu’imaginer ce que le contingent populiste des Prairies du parti en a pensé.) Aucun des deux partis n’a proposé expansion ce service apparemment essentiel, et finalement les libéraux ne l’ont même pas restitué aux ménages qui l’avaient déjà perdu sous le gouvernement conservateur. Dans peut-être son plus grand acte de bouffonnerie, Denis Coderre, alors maire de Montréal, a utilisé un marteau-piqueur sur les fondations en ciment d’une nouvelle superboîte de Postes Canada.

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Le maire de Montréal, Denis Coderre, utilise un marteau-piqueur pour détruire les fondations en béton posées pour une boîte postale communautaire.
Le maire de Montréal, Denis Coderre, utilise un marteau-piqueur pour détruire les fondations en béton posées pour une boîte aux lettres communautaire à l’entrée du parc-nature de l’Anse-à-l’Orme, à Montréal, le 13 août 2015. Photo de Peter Ray/La Presse Canadienne/Fichier

C’était l’une de ces questions qui obsédaient les classes bavardes au bon vieux temps, quand nous pouvions prétendre que des choses qui objectivement n’avaient pas d’importance constituaient la ligne de démarcation entre la civilisation et la sauvagerie. Pendant ce temps, dans les coulisses, beaucoup de choses s’écroulaient tranquillement.

Aujourd’hui, personne ne qualifierait les pertes de Postes Canada de l’un des plus gros problèmes du Canada. Mais à l’instar des autres sociétés d’État VIA Rail et CBC, son mandat appelle une refonte globale – et non une réflexion fondée sur l’idée que Postes Canada doit continuer d’exister à tout prix.

À la suite des conclusions du commissaire à la protection de la vie privée, je m’attends à lire plusieurs (plus) articles d’opinion encourageant Postes Canada à se lancer dans les services bancaires postaux. Mais pourquoi? Il est vrai que d’autres pays ont des services bancaires postaux. Mais il existe aujourd’hui de nombreuses options bancaires à bas frais au Canada, alors que peu d’entre nous ont besoin de se rendre dans une succursale bancaire. Pourquoi une société d’État devrait-elle leur faire concurrence, sauf pour les concurrencer… auquel cas, cela ne contribuerait pas beaucoup à améliorer les résultats financiers. Cela n’a guère plus de sens que d’encourager Postes Canada à se lancer dans la restauration ou le transport aérien, à lancer un service de diffusion de musique en continu ou à acheter une franchise CFL.

Fondamentalement, du point de vue du gouvernement, il semble que Postes Canada soit trop grande pour faire faillite et trop enracinée pour être réparée. Si cette description de base s’appliquait uniquement au service postal, le Canada ne semblerait peut-être pas aussi brisé à l’heure actuelle.

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