Il n’y a aucune bonne raison pour que les témoignages et les documents concernant les dépenses inutiles du côté du non restent secrets – certainement pas pour toujours
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L’Assemblée nationale du Québec est connue pour adopter un nombre remarquable de résolutions unanimes, parfois sur des sujets qui exigent un débat sérieux. Mais les membres de l’Assemblée ont eu raison la semaine dernière d’appuyer à l’unanimité le redressement d’une décision intenable concernant la campagne référendaire de 1995 sur la souveraineté du Québec.
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En 2006, les journalistes Normand Lester et Robin Philpot publié un livre alléguant qu’Option Canada, un groupe de pression financé par Ottawa, avait illégalement dépensé jusqu’à 5 millions de dollars pour soutenir le côté non à la souveraineté pendant la campagne référendaire. Le juge à la retraite Bernard Grenier, chargé par le directeur général des élections du Québec d’enquêter sur ces allégations, n’a pas trouvé 5 millions de dollars de dépenses douteuses, mais il a trouvé 539 000 $ qui, selon lui, contrevenaient à la loi référendaire provinciale, et ce n’est certainement pas des cacahuètes.
Néanmoins, Grenier a exhorté les Québécois à passer à autre chose et a ordonné le témoignage de quelque 90 témoins qu’il a entendus (en privé) et le contenu de quelque 4 500 documents qu’il considérait (également en privé), scellés — pas un mot d’un mentir – pour toute l’éternité. Imaginez si John Gomery avait mené son enquête sur le scandale des commandites en secret et ordonné que les témoignages et les soumissions soient scellés pour toujours, et vous aurez une idée de l’indignation justifiée qui s’ensuivit.
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La motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale demande à l’actuel directeur général des élections du Québec de publier ce matériel « dès que possible ». On ne sait pas ce que cela pourrait signifier dans la pratique, mais tout calendrier serait une amélioration par rapport à aucun.
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Dans une large mesure, cela pourrait raisonnablement être considéré comme un méfait séparatiste de dernière minute. Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a soulevé l’idée un peu à l’improviste la semaine dernière lors de la première Journée nationale des patriotes, qui honore les rébellions du Bas-Canada de 1837 et 1838et il n’a pas hésité à espérer que cela mettrait en doute la victoire du Non en 1995.
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Il ne fait aucun doute qu’il y a des éléments dans les dossiers de Grenier qui pourraient renforcer l’argument selon lequel la campagne du Oui à la souveraineté a été dépouillée de la victoire – seulement 54 288 votes sur 4,8 millions ont séparé les deux côtés, après tout. Et puisque le mandat de Grenier se limitait à examiner Option Canada, il n’y aura probablement rien dans ces dossiers pour étayer des allégations tout aussi crédibles de dépenses douteuses et d’autres pratiques du côté du Oui. Il s’agirait d’une décharge d’informations unilatérale, en d’autres termes. Pas idéal.
On pourrait aussi dire que c’est simplement une perte de temps. Le dentifrice de 1995 ne peut pas être remis dans son tube, quels que soient les sombres secrets qui attendent d’être découverts.
Mais l’idée que le public ne devrait avoir accès qu’aux informations dont nous avons vraiment besoin est beaucoup trop canadienne pour être tolérée, et l’intégrité électorale fait beaucoup parler d’elle de nos jours, après tout. Il faut attendre 50 ans pour avoir un aperçu des délibérations des juges de la Cour suprême, ce qui est beaucoup trop long. Mais pour l’amour du ciel, au moins ce n’est pas pour toujours.
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L’enquête de Grenier est intervenue assez tôt après 1995 pour que les fédéralistes craignent clairement que ses conclusions ne ravivent la cause séparatiste. Ce n’était pas une bonne raison de sceller les documents pour toujours à l’époque, et c’est à peu près hors de propos aujourd’hui, alors que la cause séparatiste est presque moribonde. En fait, la controverse qui suivrait inévitablement la publication du matériel de Grenier pourrait être un exercice très utile pour le pays dans son ensemble.
Au cours des trois dernières décennies, la plupart des Canadiens semblent avoir intériorisé l’idée que le Canada tel que nous le connaissons a bien failli mourir la nuit du 30 octobre 1995 : 54 289 votes supplémentaires pour le Oui auraient obligé le premier ministre de l’époque, Jean Chrétien, à s’asseoir avec le Québec d’alors. le premier ministre Jacques Parizeau et leurs avocats respectifs en matière de divorce constitutionnel et se partagent les divers actifs et obligations du Canada et du Québec. Ce n’est que dans un pays aussi profondément ignorant de son propre fonctionnement de base que le Canada, avec une politique terriblement peu sérieuse qui s’appuie fortement sur cette ignorance, que cette pulp fiction pourrait survivre.
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Dans son arrêt historique de 1998 sur la possible sécession du Québec, la Cour suprême a clairement indiqué que le Canada étant une fédération, toute négociation post-référendaire devrait impliquer toutes les provinces, pas seulement Québec et Ottawa.
Le tribunal a clairement indiqué que le Québec était le bienvenu pour poursuivre de telles négociations, mais seulement à condition qu’une « majorité claire de Québécois » ait exprimé son soutien « sur une question claire en faveur de la sécession ».
Les néo-démocrates fédéraux, ainsi que tous les partis à l’Assemblée nationale, considèrent que « majorité claire » signifie « 50 % plus un » – ce qui rendrait le mot « clair » vide de sens dans la décision du tribunal. (Les libéraux et les conservateurs préfèrent ne pas en parler.)
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L’idée que la question référendaire de 1995 était « claire », entre-temps, relève de la comédie noire.
Référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, 2014 : « L’Ecosse devrait-elle être un pays indépendant ?
Brexit, 2016 : « Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ?
Catalogne, 2017 : « Voulez-vous que la Catalogne devienne un État indépendant sous la forme d’une république ?
Québec, 1995 : « Êtes-vous d’accord pour que le Québec devienne souverain après avoir fait une offre formelle au Canada pour un nouveau partenariat économique et politique dans le cadre du projet de loi sur l’avenir du Québec et de l’entente signée le 12 juin 1995 ? ”
Ridicule.
Le résultat d’une victoire du Oui en 1995 aurait été une pagaille, cela ne fait aucun doute. Mais le Canada y aurait presque certainement survécu intact, et il pourrait bien être mieux loti pour cette épreuve aujourd’hui. Peut-être que les négociations entre les provinces et le gouvernement fédéral auraient abouti à une nouvelle entente qui aurait empêché le sentiment anti-Ottawa qui connaît un autre apogée dans l’Ouest canadien. À tout le moins, les Canadiens auraient pu développer une meilleure compréhension de la fédération dans laquelle ils vivent et ne pas tolérer que leurs dirigeants élus profitent de l’ignorance. Peut-être que tous les partis fédéralistes à Ottawa ne se sentiraient pas aujourd’hui obligés de se plier à l’idée du Québec — encore incontestée devant les tribunaux, mais clairement inconstitutionnelle — qu’il a le droit de dispenser unilatéralement ses élus de prêter allégeance au roi.
La panique de 1995 s’est depuis longtemps estompée, il n’y a plus aucune raison terrestre de craindre de déchaîner tout cela. Allons-y !
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