Il n’est pas sain pour une population de perdre confiance en ses institutions, en ses gouvernements. Mais la foi imméritée est pire
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Les conséquences de la pandémie au Canada allaient toujours présenter au moins deux récits concurrents. La première est que par rapport à la plupart de nos pairs, bien qu’avec des différences régionales considérables, nous avons perdu beaucoup moins de nos concitoyens à cause du COVID-19. L’autre est que nos gouvernements nous ont horriblement laissé tomber, ce qui a entraîné beaucoup plus de pertes de vies humaines que nous n’en aurions eu s’ils avaient réagi mieux, plus rapidement et avec plus de détermination.
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Je pensais que ce serait une course serrée. Le premier récit nous permet de nous féliciter et d’éviter des discussions désagréables et coûteuses, ce qui est une seconde nature pour de nombreux Canadiens. Le deuxième récit exige que nous regardions longuement dans l’abîme des nombreuses lacunes institutionnelles du Canada, notamment en matière de soins de santé et de soins de longue durée.
Pendant une grande partie de la pandémie, j’ai craint que nous nous contentions du premier récit : nous nous féliciterons, éviterons d’aborder les gros problèmes, prétendons que cela ne s’est jamais produit et passons à autre chose. Mais les gouvernements canadiens organisent un spectacle d’enfer en ce moment, au cours de la première véritable période où les Canadiens en masse sont enfin libres et disposés à exercer leurs libertés fondamentales, notamment les voyages. Et ça a été un désastre.
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Inutile de ressasser ici l’état du bureau des passeports, avec des gens qui campent dehors la nuit comme s’ils fuyaient un coup d’État, ou l’état de l’aéroport Pearson de Toronto en particulier, qui est une catastrophe de classe mondiale — une coproduction , d’après ce que nous pouvons voir, du gouvernement fédéral dans son ensemble, des services frontaliers du Canada et de l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, avec l’aide considérable d’Air Canada.
Qu’il suffise de dire que tout l’appareil canadien conçu pour s’occuper des gens qui voyagent — ce que les Canadiens font beaucoup — semble avoir été complètement pris au dépourvu par l’une des choses les plus prévisibles qu’on puisse imaginer. Nous avons vu les voyages aériens aux États-Unis et en Europe rebondir beaucoup plus tôt qu’ici. Est-ce que tous ces organismes et ministères pensaient que cela n’arriverait jamais ici?
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Ce genre de dysfonctionnement est partout où vous regardez. BC Ferries annule des traversées par douzaines faute de personnel, même si les commodités à bord telles que les restaurants et les salles de jeux pour enfants ne sont toujours pas disponibles. Via Rail semble s’en être sorti presque indemne jusqu’à présent, mais à partir de lundi, la société d’État qui gère le pire chemin de fer de voyageurs au monde pourrait être fermée par une grève. Si le blocus ferroviaire de 2019 est un précédent, Via ne fournira pas de transport alternatif. Probablement mieux d’aller en bus, vraiment – pas beaucoup plus lent, et le wi-fi fonctionne parfois. Vive le Canada!
Alors que la situation du transport aérien devient de plus en plus absurde, certains demandent à juste titre ce qu’il est advenu du poste de « défenseur des consommateurs » que les libéraux fédéraux ont promis de créer en 2019, pour faire face à des situations précisément comme celle-ci. S’ils ont du mal à embaucher quelqu’un, je sais peut-être pourquoi : le Règlement sur la protection des passagers aériens relativement nouveau de ce gouvernement est une blague ridicule que Transports Canada a en fait utilisée pour excuser Air Canada et Westjet de rembourser les passagers pour des vols jamais effectués.
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En effet, avec Air Canada annulant des vols à la pelle pour le moment – ayant clairement vendu plus de billets qu’il n’était capable d’en accueillir – les plaintes s’accumulent déjà selon lesquelles le transporteur national joue à nouveau avec ces règlements. Il n’y a aucune raison de penser que le gouvernement sera là pour aider. Dans sa capacité de réglementation du transport aérien, Transports Canada est essentiellement Westjet assis sur les épaules d’Air Canada vêtu d’un trench-coat surdimensionné.
Partout où vous regardez, le gouvernement se met dans l’embarras. Si vous vivez à Ottawa, vous avez entendu dire la semaine dernière que le conducteur du train de TLR qui a déraillé en septembre dernier, bloquant la ligne pendant des semaines, avait été distrait parce qu’il parlait au répartiteur d’une odeur écrasante d’excréments humains dans le train — un puanteur qu’OC Transpo a juré aveugle pendant des mois n’existait pas.
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Si vous vivez à Toronto – même en mettant de côté les habituelles poubelles débordantes, les fontaines à eau non fonctionnelles et les toilettes publiques verrouillées, les files d’attente interminables pour les ferries coûteux vers un parc insulaire qui devrait évidemment avoir un pont le reliant au continent, les gens dormant dans au milieu des trottoirs et le chaos général incontrôlé qu’est le trafic – les insultes ne cessent d’arriver. Vendredi, la ville a annoncé qu’en raison de la panne massive du cellulaire de Rogers, elle devrait fermer plusieurs pataugeoires – car il doit toujours y avoir un membre du personnel à portée de main avec un téléphone cellulaire.
Le contrat de téléphonie cellulaire de la ville de Toronto est avec Telus.
Pour être juste, les agences gouvernementales ont pratiquement grimpé sur elles-mêmes vendredi pour blâmer Rogers pour leurs malheurs: le plus étrange, peut-être, était les services frontaliers du Canada affirmant qu’il causait des problèmes avec ArriveCAN – une application que vous devez utiliser à l’étranger, avant de revenir au Canada. Le CRTC, quant à lui, a annoncé que ses lignes téléphoniques étaient mortes grâce à Rogers, mais que son site Web était toujours disponible. Ce n’était pas le cas pour les clients de Rogers !
Écoutez, ce n’est pas sain pour une population de perdre confiance en ses institutions, en ses gouvernements. Mais je dirais qu’il est moins sain pour une population d’avoir une confiance imméritée en eux. Plus nos institutions et nos gouvernements s’humilient en cette période étrange, plus les Canadiens pourraient être disposés à accepter ces échecs abjects pour ce qu’ils sont, plutôt que de leur trouver des excuses et d’exiger mieux. C’est le seul moyen de sortir de cet état de choses embarrassant.