Les parents les moins aptes à se défendre, ceux déjà les plus ciblés par les forces de l’ordre et notamment les services à l’enfance, feront les frais d’une loi plus stricte
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L’un des problèmes politiques classiques des zombies au Canada pourrait être le retour à la vie des sénateurs Stan Kutcher et Rosemary Moodie, ainsi que du député néo-démocrate Peter Julian et d’une foule d’experts en protection de l’enfance s’agitent à nouveau abroger Article 43 du Code criminel. Deux projets de loi à cet effet sont actuellement devant le Parlement.
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Essentiellement une exception aux dispositions du Code criminel contre les voies de fait et la séquestration, l’article 43 se lit comme suit : le cas échéant, qui est sous sa garde, si la force ne dépasse pas ce qui est raisonnable dans les circonstances ».
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La Cour suprême a précisé en 2004 : Les parents et les soignants ne peuvent pas frapper un enfant au visage ou à la tête, ou avec n’importe quel objet, ou n’importe où si fort qu’il laisse une marque. Ils ne peuvent pas être motivés par la « colère », la « frustration » ou une « personnalité abusive ». L’exception ne s’applique qu’aux enfants âgés de 2 à 12 ans. Et les enseignants ne peuvent utiliser la force physique que pour contrôler un élève, pas pour le punir.
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Ces conditions me paraissent tout à fait raisonnables, strictes même vis-à-vis des parents. Les arguments soulevés par les partisans de l’abrogation de l’article 43 dans un Reportage du Globe and Mail cette semaine sont moins raisonnables. La première, que vous entendez souvent, est que cela ne ferait pas beaucoup de différence de toute façon. Il existe des protections ailleurs dans le Code criminel pour les parents ou les enseignants qui utilisent une «force raisonnable», a fait valoir le sénateur Stan Kutcher, auteur de l’un des projets de loi d’abrogation.
Alors, pourquoi s’en mêler ? Eh bien, voici une terrible raison : un enseignant interrogé par le Globe a suggéré qu’un collègue pourrait tomber sur l’article 43 en parcourant le Code criminel – comme on le fait – et commencer à agiter les poings. « Mes élèves ont été … surpris de voir ce qu’ils pourraient être à la réception », a déclaré cet enseignant, ce qui semble être une chose étrange à dire.
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Il existe certainement des preuves des effets néfastes de la fessée sur les enfants. Un souvent cité Méta-analyse 2016 de nombreuses autres méta-analyses ont tenté d’éliminer les recherches qui utilisaient une méthodologie médiocre – notamment, la confusion de la fessée avec des formes plus sévères de châtiments corporels et d’abus pur et simple – et ont tout de même trouvé des corrélations statistiquement significatives, voire énormes, entre la fessée et des indicateurs négatifs tels que l’agressivité , comportement antisocial et faible intériorisation morale des actes répréhensibles.
Les auteurs prennent soin de noter qu’ils ne peuvent cependant pas prouver la causalité, malgré de nombreuses études incluses tentant de contrôler d’autres facteurs. Avec le plus grand respect pour l’académie de psychologie, cependant, je ne crois tout simplement pas que vous puissiez contrôler la myriade de facteurs entrelacés qui créent des familles saines et malsaines. Nous avons sûrement tous connu des familles aimantes qui donnent la fessée, et des familles totalement dysfonctionnelles qui ne le font pas. Je ne me souviens pas avoir entendu quelqu’un blâmer le genre de fessée qui est actuellement légal au Canada pour une enfance malheureuse, une famille brisée ou une vie qui a déraillé.
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Je sais que bon nombre de ces arguments tomberont dans l’oreille d’un sourd, car ils l’ont déjà fait. Si quelque chose est mauvais, comme le croient sincèrement de nombreux Canadiens, cela devrait être illégal. Ils ont tendance à être moins intéressés par ce qui se passe lorsque les lois qu’ils préconisent sont appliquées.
Une étude de 2014 publié dans la Revue canadienne de santé mentale communautaire a révélé des différences démographiques notables entre les parents qui fessaient et ceux qui ne le faisaient pas : 36 % avec seulement un diplôme d’études secondaires fessées, contre 21 % avec un diplôme universitaire ; 34 % des parents au chômage ont fessé, contre 21 % de ceux qui travaillent à temps plein ; et 30 % des parents non blancs ont donné une fessée, contre 25 % des parents blancs.
En 2019, après que l’American Academy of Pediatrics ait durci sa politique anti-fessée, certains pédiatres éminents averti cela diaboliserait les communautés noires et compliquerait les relations des médecins avec leurs patients, notamment en semant la crainte que les services à l’enfance ne soient avertis. Un tiers des parents noirs américains donnent la fessée au moins une partie du temps, selon le Pew Research Center trouvé en 2015contre 14 % des parents blancs.
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Je n’ai pas connaissance de données canadiennes comparables, mais le principe tient : les parents les moins aptes à se défendre, ceux déjà les plus ciblés par les forces de l’ordre et surtout les services à l’enfance, subiront le poids d’une loi plus stricte. Ironiquement, compte tenu de l’appel de la Commission de vérité et réconciliation d’abroger l’article 43, je soupçonne que des parents autochtones en feraient partie. Je sais pertinemment que les parents blancs riches ne le feraient pas.
Nous ne pouvons pas simplement mesurer le statu quo par rapport à une utopie sans fessée. Nous devons considérer les effets de l’abrogation, puis mesurer ces effets par rapport à tout avantage marginal que l’abrogation pourrait avoir sur le préjudice marginal de la fessée tel que circonscrit par la Cour suprême en 2004. Ce préjudice n’est même pas le même univers qu’un enfant pris loin de ses parents, aussi imparfaits soient-ils (dans certaines limites, bien sûr).
La fessée disparaît de toute façon. Encore une fois, les données canadiennes sont extrêmement rares. Mais une étude de 2014 ont constaté qu’en seulement huit ans, entre 2004 et 2012, le pourcentage de Québécois estimant que « la fessée est un moyen efficace de discipliner les enfants » a diminué de 36 %, à seulement 7,6 %. Les partisans de la lutte contre la fessée ne devraient pas voir cela comme un appel à l’action, mais comme une victoire.
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