lundi, décembre 23, 2024

CHARLEBOIS : M. Weston se rend à Ottawa

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Éliminons une chose. Le fait que des PDG de grandes chaînes d’alimentation se présentent à Ottawa le 8 mars pour témoigner devant le Comité parlementaire permanent de l’agriculture n’est rien de plus qu’un théâtre politique.

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Peu de choses seront accomplies. Pourtant, pour le bien des Canadiens, les PDG devaient montrer leur visage.

Presque personne ne connaîtra les noms des deux autres PDG, Michael Medline et Eric La Flèche. Le vrai visage de toute l’industrie, et pas seulement de Loblaws, est Galen Weston, qui témoignera probablement à Ottawa pour la première fois.

Il est le visage, que la plupart des Canadiens voient quotidiennement à la télévision et entendent à la radio, est devenu le paratonnerre de la frustration des consommateurs à la caisse de l’épicerie.

Peu importait que d’autres épiciers aient augmenté leurs prix dans la même mesure que Loblaws, ou même que l’inflation des aliments au Canada demeure la troisième plus faible parmi les pays du G7, y compris l’UE. Le blâme était principalement et injustement dirigé contre une entreprise, un homme. C’était un peu idiot.

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L’inflation alimentaire est par nature un phénomène mondial, principalement affecté par les problèmes de la chaîne d’approvisionnement, les coûts de l’énergie, la hausse des prix des matières premières et le changement climatique. Le Royaume-Uni, le sixième pays le plus riche du monde, connaît des pénuries alimentaires dans de nombreuses régions du pays. En comparaison, la situation du Canada n’est pas si mauvaise.

De plus, lorsque l’on regarde les bilans, les preuves de « cupidité » sont au mieux faibles.

Les marges d’exploitation de tous les épiciers au Canada sont restées globalement acceptables, entre 4,3 % et 6,1 %. Metro a le plus haut à 6,16%. Les ventes de produits alimentaires de Loblaws au dernier trimestre ont augmenté de 8,4 %, ce qui est inférieur au taux d’inflation alimentaire de notre pays.

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Nous nous excusons, mais cette vidéo n’a pas pu se charger.

Ce qui fait augmenter les ventes et les bénéfices, ce sont la plupart des catégories non alimentaires comme les cosmétiques, les médicaments sur ordonnance et les vêtements. La moralité des profits élevés sur les vêtements ou le rouge à lèvres est très différente de celle de la nourriture. Il faut le souligner.

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Mais la plupart des Canadiens, ou des politiciens, ne se soucient pas des bilans ou des données d’ailleurs. L’inflation alimentaire a été incroyablement politisée et le scepticisme n’a fait que croître en conséquence, en particulier au cours des 12 derniers mois environ.

Les Canadiens devraient s’inquiéter

Pourtant, le public canadien a parfaitement le droit d’être cynique à l’égard de l’industrie de l’épicerie. Le système de fixation des prix du pain est devenu le symbole de l’arrogance des entreprises du secteur. Après avoir enfreint la loi pendant 14 ans, Loblaws et ses dirigeants ont obtenu l’immunité d’une branche du gouvernement fédéral, le Bureau de la concurrence, et l’enquête est toujours en cours après près de 8 ans.

Certains ont émis l’hypothèse que d’autres catégories d’aliments pourraient avoir été influencées par la collusion ou la fixation des prix, comme l’emballage de la viande et le saumon ; encore, rien n’a été étudié. Certains abus peuvent exister dans l’industrie alimentaire, mais obtenir des preuves concluantes a été presque impossible. Les Canadiens ne se sentent pas protégés en raison des demandes de renseignements inachevées.

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Au-delà de l’artifice politique, pour que la séance avec les PDG ait du sens, il faut se poser les bonnes questions. D’une part, les PDG doivent être clairs sur le montant des bénéfices générés spécifiquement par les ventes de produits alimentaires.

Certaines questions relatives à la période d’« interdiction » sont également justifiées. De novembre à février, les épiciers n’ont historiquement pas accepté les augmentations de prix des vendeurs. Certains ont fait valoir que les fournisseurs augmenteraient régulièrement les prix avant et après la période d’interdiction, ce qui, dans une certaine mesure, pourrait ouvrir le champ à une certaine fixation des prix dans l’industrie. Difficile de voir comment les consommateurs peuvent gagner avec ces pratiques à l’échelle de l’industrie.

L’autre problème est notre paysage concurrentiel de distribution alimentaire. Nous avons perdu beaucoup d’épiciers indépendants au fil des ans au Canada.

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Même si les marges d’exploitation sont demeurées stables dans le secteur de l’épicerie au Canada, elles sont le double de celles aux États-Unis (la marge d’exploitation mesure le profit qu’une entreprise réalise sur un dollar de ventes après avoir payé les coûts variables de production, comme les salaires et matières premières, mais avant de payer des intérêts ou des impôts).

Celles de Kroger et Albertson sont à peine à 2 %. La façon de rendre notre industrie de l’alimentation au détail plus compétitive devrait être une priorité pour les membres du comité. Les épiciers connaissent une période dite de « détente ». Ça a été confortable pour eux, soyons honnêtes.

En conséquence, beaucoup pensent que le nouveau code de conduite des épiciers aidera l’industrie à devenir plus compétitive. L’idée du code est de contrebalancer l’immense pouvoir dont disposent certains épiciers et d’apporter plus d’équité dans les négociations pour les épiciers indépendants et les fabricants de produits alimentaires.

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Le code coordonné par le gouvernement et dirigé par l’industrie est actuellement mis en œuvre. Les PDG doivent indiquer clairement s’ils soutiennent ou non l’initiative. Les Canadiens bénéficieraient sans aucun doute d’un code énergique et faisant autorité.

La dure réalité au Canada est la suivante : pendant des années, les Canadiens ont eu une relation appréhensive avec le concept de concurrence. Nous détestons les monopoles et les oligopoles, même si nombre d’entre eux sont induits par les politiques. Nous voulons plus de contrôle, c’est-à-dire jusqu’à ce que les prix de détail deviennent un problème.

De nombreux secteurs en ont été impactés : banque, télécoms, compagnies aériennes, la liste est longue. Mais pour la distribution alimentaire, la marge d’erreur est nulle. Nous devons bien faire les choses.

Les épiciers canadiens ne sont qu’une partie d’un tableau beaucoup plus vaste. Le Canada n’est pas si attrayant pour les investisseurs externes, sauf si vous êtes Walmart ou Target, et nous savons ce qui s’est passé avec Target en 2015. Sa sortie a été brutale. Des coûts de main-d’œuvre plus élevés, un taux de productivité plus faible, des impôts plus élevés, une réglementation déséquilibrée entre les provinces, les barrières commerciales interprovinciales et l’immensité géographique de notre pays ne font qu’ajouter une complexité encore plus sous-estimée à la question de la compétitivité.

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Lidl et Aldi, les principaux épiciers à rabais, ont flirté avec l’idée d’investir au Canada pendant des années, mais l’économie de la distribution alimentaire n’a guère de sens pour une expansion vers le nord, du moins pour le moment.

Pendant des mois, les Canadiens ont critiqué, voire attaqué les épiciers, les blâmant pour leurs mésaventures à l’épicerie. Aussi impopulaire qu’elle puisse être en ce moment, cette ligne de raisonnement est aussi linéaire que peu sophistiquée.

Le non-sens de la « cupidité » n’aide tout simplement pas. Des épiciers se présenteront à Ottawa devant le comité. Le moins que nous puissions faire maintenant est de nous calmer et d’écouter ce qu’ils ont à dire.

— Le Dr Sylvain Charlebois est directeur principal du laboratoire d’analyse agroalimentaire et professeur en distribution et politiques alimentaires à l’Université Dalhousie.

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