CHARLEBOIS : Loblaw va geler certains prix alimentaires jusqu’en janvier 2023

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Depuis des semaines, beaucoup demandent aux épiciers canadiens de geler volontairement les prix de certains produits de base à l’épicerie alors que nous traversons la tempête actuelle d’inflation alimentaire.

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De nombreuses économies occidentales ont vu les prix gelés par les épiciers, notamment le géant allemand Lidl et la célèbre multinationale française Carrefour. Le premier épicier au monde à faire cela, c’était il y a plus de six mois.

Le Canada n’a eu aucun épicier poursuivant cette stratégie; aucun, c’est-à-dire jusqu’à présent. Cette semaine, Loblaw Companies Ltd. est devenu le premier épicier canadien à geler volontairement les prix d’une variété de produits alimentaires.

Dans un geste sans précédent, l’épicier n° 1 a gelé les prix de plus de 1 500 produits « sans nom » de marque maison vendus à travers le pays jusqu’à la fin janvier 2023. Pour les acheteurs canadiens, en particulier les 25 % qui ont de la difficulté à faire face à l’inflation alimentaire, elle était attendue depuis longtemps.

Depuis des mois maintenant, les épiciers canadiens — tous — sont continuellement critiqués par les consommateurs et les politiciens pour des prix abusifs. Il a même poussé le comité parlementaire permanent de l’agriculture d’Ottawa à lancer une enquête sur le sujet il y a quelques semaines à peine. L’industrie avait désespérément besoin de faire quelque chose pour sa propre réputation.

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Certaines des critiques étaient attendues et probablement méritées. Compte tenu de ce qui s’est passé avec le système de fixation des prix du pain, peu de consommateurs ont pardonné à l’industrie, même après tout ce temps. En décembre 2017, Loblaw et Weston Bakeries ont admis avoir participé à un stratagème de fixation du prix du pain pendant 14 ans. En effet, les Canadiens ont pu demander un chèque-cadeau de 25 $, mais pas une seule personne dans l’industrie n’a été condamnée à une amende ou n’a été emprisonnée.

Les choses se seraient déroulées différemment aux États-Unis. Les Américains ne plaisantent pas avec les entreprises qui tentent de saper le marché libre.

À la décharge de nos épiciers, cependant, les chiffres financiers ne nous disent pas nécessairement que les épiciers abusent de leurs pouvoirs oligopolistiques, même dans l’environnement inflationniste actuel. Beaucoup voudront le croire, mais les preuves ne sont tout simplement pas là. Les épiciers canadiens ont bien réussi, mais les marges brutes se sont maintenues entre 2 % et 4 %. Les chiffres de Loblaw sont légèrement plus élevés que d’habitude cette année, mais ce n’est pas comme dans les autres secteurs économiques.

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Prenez la banque par exemple. L’an dernier, la Banque Royale du Canada a fait à elle seule plus d’argent en un seul trimestre que ce que tous les épiciers canadiens ont fait ensemble pendant l’exercice financier entier. Cette liste comprend Loblaw, Sobeys et Metro. Les banques font des ravages tandis que les coûts de logement ont également un impact sur l’abordabilité des aliments. De nombreux Canadiens paient plus pour avoir un toit au-dessus de leur tête, principalement en raison des taux d’intérêt plus élevés.

Payer plus pour un logement compromettra éventuellement les budgets alimentaires. Selon Statistique Canada, 56 % des Canadiens s’inquiètent actuellement de savoir s’ils peuvent se payer un logement ou des frais de location. De plus, selon un récent sondage, plus de 7 % des Canadiens utilisent maintenant une carte de crédit pour payer l’épicerie sans savoir quand ils rembourseront leur solde. Les taux d’intérêt pratiqués par les banques s’ajoutent à ces encours.

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Alors que certains apprécieront le geste empathique de Loblaw, la dernière campagne de l’épicier apportera probablement un peu de cynisme en cours de route. Certains diront que le gel des prix pendant un certain temps est un aveu de culpabilité de la part de Loblaw. Pas nécessairement. L’inflation alimentaire est un phénomène mondial. L’ensemble du secteur agroalimentaire mondial a été durement touché par la hausse des coûts. Même si le Canada a le troisième taux d’inflation alimentaire le plus bas parmi les pays du G7, les Canadiens n’auraient pas pu être épargnés.

Certains prétendront également que d’autres produits augmenteront encore plus, pénalisant ceux qui ne veulent pas acheter les produits faisant partie de la campagne. C’est certainement une possibilité, mais geler les prix de plus de 1 500 produits pendant plus de trois mois dans le commerce de détail alimentaire est tout à fait une affirmation. Toute personne impliquée dans l’industrie l’appréciera.

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L’indice des prix à la consommation (IPC) de septembre, le prochain, sera publié le 19 octobre. Même si les épiciers canadiens auraient dû le faire il y a un certain temps, Loblaw a choisi la bonne semaine pour apprivoiser quelque peu le barrage éventuel d’accusations de profit qui accompagnent toujours le rapport de l’IPC. Le rapport rappellera probablement une fois de plus aux Canadiens que se nourrir est devenu plus cher.

Dans l’ensemble, la décision de Loblaw a été facile à exécuter. Négocier avec des sous-traitants qui soutiennent les marques de l’épicier n’est pas si difficile. Il fallait juste un plan. La campagne est fortement symbolique et montrera que les épiciers de notre pays ont un cœur. Espérons que d’autres entreprises suivront.

— Le Dr Sylvain Charlebois est directeur principal du laboratoire d’analyse agroalimentaire et professeur en distribution et politiques alimentaires à l’Université Dalhousie.