L’aéroport international d’Annecy en France. Le Festival du film d’animation célèbre l’animation suisse – qui a fêté ses 100 anse anniversaire en 2021 – avec une multitude de rétrospectives, de projections et d’événements spéciaux.
Dans sa Sélection officielle, la Suisse est représentée à travers 13 films répartis dans différentes sections. Le festival a collaboré avec diverses institutions sur l’hommage, dont le GSFA, l’association des cinéastes d’animation suisses, les Archives cinématographiques suisses ou les festivals Animatou et Fantoche.
Pendant ce temps, note le directeur artistique Marcel Jean, le Focus essaie d’exprimer la variété et la portée des films.
« Il n’y a pas une technique associée à ce pays, il n’y a pas un style. Je dirais que la principale caractéristique est le fait qu’il n’y a pas beaucoup de longs métrages », dit-il.
Toujours, « Max & Co » de Sam et Fred Guillaume, « Red Jungle » de Zoltán Horváth et Juan José Lozano seront également à l’affiche, ainsi que « Ma vie de courgette » de Claude Barras, nominé aux Oscars et récompensé par le premier prix de Annecy en 2016 et désormais accompagnée de l’exposition photographique de Charlotte Desigaud.
Constatant que sans coproducteurs internationaux passer au long métrage est « impossible » pour le moment, des artistes suisses comme Marina Rosset ou Jonathan Laskar aiment s’exprimer sous une forme plus courte.
« Il n’y a pas de véritable marché pour les courts métrages, mais c’est le point – parce qu’il n’y a pas de marché, nous pouvons faire ce que nous voulons », déclare Laskar. «En Suisse, nous sommes libres.»
« The Record » de Laskar est présenté dans la compétition officielle des courts métrages aux côtés de « The Invention of Less » de Noah Erni – qui voit un ours polaire déménager à Zurich et travailler comme « Uber carrier » – et « Lucky Man », la version de Claude Luyet le rêve américain.
« J’ai dû revenir à ma propre histoire, l’histoire de ma famille », dit Laskar à propos d’un film tournant autour d’un disque magique, capable de lire dans l’âme. Alors qu’un homme l’écoute, de vieux souvenirs reviennent. Y compris ceux de la Seconde Guerre mondiale.
« Je suis d’origine juive. Quand j’avais 20 ans, je suis allé en Allemagne. Je pouvais voir Buchenwald [concentration camp] Depuis ma fenêtre. Au début, je ne voulais pas parler de ce thème. Mais cet homme, il se souvient de la vérité – c’est en soi une chose positive. C’est notre devoir de parler d’espoir.
Si le festival a voulu mettre en lumière des noms reconnaissables, des maîtres de l’animation de sable Gisèle et Ernest « Nag » Ansorge à Julius Pinschsewer et Georges Schwizgebel, récipiendaire d’un Cristal d’Honneur d’Annecy en 2017, il a aussi accueilli « du sang neuf ».
«Ces auteurs aux fortes personnalités, c’est quelque chose qu’on connaît de l’animation suisse. Mais nous voulions aussi nous concentrer sur une jeune génération », raconte Marcel Jean Variétécitant notamment Marcel Barelli, derrière 2021 « Dans la nature » (« Très intéressant, un cinéaste très sous-estimé ») ou Isabelle Favez.
Cette dernière, privilégiant les histoires plus jeunes, diffusera également sa dernière émission spéciale « Giuseppe » sur un petit hérisson qui veut découvrir l’hiver.
« C’est mon deuxième film fait spécialement pour les enfants après ‘Zibilla’ [about a zebra adopted by a family of horses] et plus je le fais, plus j’aime ça », dit-elle.
« En tant que hérisson, Giuseppe a des limites. Il doit accepter qu’il fait trop froid pour lui en hiver. Nous n’arrêtons pas de dire à nos enfants qu’ils peuvent tout faire, mais nous ne devons pas mentir. Parfois, nous devons accepter nos limites. Et cela peut en fait être une bonne chose.
Marina Rosset sera également plus jeune dans « La reine des renards », en se concentrant sur « le plus triste de tous les renards ». Alors que ses sbires continuent de lui apporter des lettres d’amour abandonnées que les humains étaient trop timides pour envoyer, elle reste impassible. Après tout, où sont les compliments sur les oreilles poilues ?
« Quelqu’un m’écrivait des lettres d’amour que je ne voulais pas recevoir. J’écrivais des lettres d’amour, que je n’envoyais pas. J’ai commencé à réfléchir à tout ça », dit-elle. Admettant que sa communauté soudée fait de son mieux pour refléter l’identité culturelle et linguistique de son pays.
«La scène suisse de l’animation peut être facilement définie en un mot: diversité», confirme Marcel Müller de Swiss Films, évoquant des techniques et des sujets variés.
«C’est fortement lié à la spécificité de notre petit pays où l’on parle quatre langues officielles différentes», ajoute-t-il, soulignant que les courts métrages suisses ont tendance à être plus tournés vers l’art et essai et moins commerciaux que leurs homologues français ou américains.
« Même les Suisses nous demandent : ‘Pourquoi voulez-vous vous concentrer sur l’animation suisse ?!’ Mais quand je regarde la sélection d’Annecy ces 10 dernières années, la Suisse fait partie des pays avec le plus de films. C’est important, c’est juste un peu sous le radar », note Marcel Jean.
Isabelle Favez ajoute : « Nous sommes un petit pays, mais on ne peut pas vraiment dire : ‘C’est un film suisse’. Et j’aime ça! »