L’aéroport de Francfort, témoin d’une riche histoire aéronautique, a évolué depuis l’ère des dirigeables jusqu’à devenir un point central du trafic aérien mondial. Malgré des conflits autour de la piste ouest, qui ont engendré des tragédies, l’aéroport continue de croître. Des événements marquants, comme le blocus de Berlin et la pandémie de COVID-19, ont profondément impacté son activité. Aujourd’hui, la reprise est en cours avec de nouveaux projets d’extension.
Des dirigeables majestueux aux géants des cieux, comme l’A380, l’aéroport de Francfort a traversé de nombreuses épreuves. Pourtant, son histoire n’a pas toujours été marquée par l’enthousiasme, notamment en raison des conflits autour de la piste ouest, qui ont même entraîné des tragédies. Faisons un retour sur cette évolution fascinante.
Actuellement, les passionnés d’aviation, communément appelés ‘plane-spotters’, se postent à l’est de l’aéroport, entre l’autoroute A5 et la clôture. Ils peuvent observer un nouvel avion décoller ou atterrir toutes les quelques minutes. En octobre seulement, près de 40 000 mouvements ont été comptabilisés, transportant environ 5,7 millions de passagers et 180 000 tonnes de fret.
À proximité des amateurs d’aviation, le quartier de Zeppelinheim à Neu-Isenburg évoque les débuts de l’aéroport. Ce n’est pas là qu’a été établi le premier aérodrome, mais plutôt près de la foire actuelle, dans le quartier de Rebstock à Francfort, où une grande halle avait été érigée dès les premières heures. Francfort était le port d’attache des célèbres dirigeables allemands tels que le ‘Graf Zeppelin’ et le ‘Hindenburg’.
100 ans d’histoire à l’aéroport de Francfort
Des dirigeables aux bombardiers, jusqu’à Eyjafjallajökull
Le Stadtwald, un symbole de l’aviation
Le 2 juillet 1924, la Südwestdeutsche Luftverkehrs AG, ancêtre de l’actuel opérateur de l’aéroport Fraport AG, a vu le jour. À ses débuts, l’aéroport a enregistré 234 mouvements d’avion, transportant 536 passagers et 1,1 tonne de courrier sur toute l’année. Les lignes reliant Francfort à Munich et Berlin étaient les plus fréquentées.
Bien que le trafic passager à Francfort n’ait pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie, Fraport continue de progresser.
De la connexion aérienne à un aéroport de renommée mondiale
Après la Seconde Guerre mondiale, la liaison Francfort-Berlin a pris une importance cruciale. À partir de la mi-1948, des avions décollaient toutes les trois minutes de l’aéroport de Rhein-Main vers Berlin, brisant le blocus par les airs. Les ‘bombardiers de raisins’ ont joué un rôle essentiel en approvisionnant la population de Berlin-Ouest.
Près de l’endroit où se rassemblent les plane-spotters, un monument en béton à trois pointes rappelle encore cet événement historique, tout comme la ‘Hungerkralle’ de l’ancien aéroport de Berlin-Tempelhof, symbolisant le lien vers l’ouest.
Un orage en juin a presque causé un accident, selon les informations de l’Office fédéral d’enquête sur les accidents aériens.
La piste ouest : résistance et tragédie
La reprise économique d’après-guerre a également touché l’aéroport, Lufthansa ayant choisi Francfort comme base. L’aéroport a connu une expansion rapide, suscitant des critiques croissantes. Les citoyens s’inquiétaient du bruit, de la pollution et des projets de déforestation. Des initiatives citoyennes ont vu le jour pour tenter de bloquer la construction de la piste 18 ouest, mais leurs efforts n’ont pu que retarder son avancement.
Le 2 novembre 1980, la construction de la piste a débuté sous une forte présence policière. Les tentatives d’évacuation d’un village d’opposants ont provoqué des affrontements violents. Un an plus tard, 120 000 manifestants se sont rassemblés à Wiesbaden pour s’opposer à l’extension. Malgré cela, la piste a été inaugurée en avril 1984, et des manifestations ont continué pendant des années, atteignant un point culminant tragique avec le décès de deux policiers le 2 novembre 1987.
En dépit des préoccupations concernant une utilisation militaire, Fraport détient toujours des parts dans l’aéroport de Saint-Pétersbourg.
Impact de la pandémie sur l’aéroport
Peut-être en raison de ces conflits, la politique a décidé d’adopter une approche de consultation ouverte pour les futurs projets d’expansion, garantissant que les voix des opposants soient entendues. L’aéroport a continué de croître, avec l’ajout d’un deuxième terminal et d’une nouvelle piste de décollage nord-ouest. Depuis 2011, une interdiction de vol nocturne a été mise en place entre 23 h et 5 h pour permettre aux résidents de trouver le repos.
Cependant, un calme inhabituel s’est installé à l’aéroport dès 2010, lorsque l’activité aérienne mondiale a chuté à la suite d’une éruption volcanique en Islande, piégeant des milliers de voyageurs dans la zone de transit. Cet événement n’a été surpassé que par la pandémie de COVID-19, qui a presque complètement paralysé le trafic aérien pendant le confinement.
Ce fut une période difficile pour les plane-spotters. Mais aujourd’hui, ceux qui se tiennent à la clôture de l’aéroport peuvent à nouveau observer non seulement le chantier du nouveau terminal 3, prévu pour 2026, mais aussi une reprise des décollages et atterrissages réguliers.
Cette histoire a été relatée par Deutschlandfunk le 15 février 2024 à 17h20.