La société aérospatiale italienne Avio n’a pas eu la meilleure des chances avec sa fusée Vega, qui a toujours été un canard étrange dans l’industrie des lancements. Aujourd’hui, alors que la fusée approche de son lancement final, il lui manque certains composants essentiels.
Le bulletin d’information European Spaceflight rapporte que deux des quatre réservoirs de propulseur du quatrième étage de la fusée Vega (l’étage supérieur, alimenté par de la diméthylhydrazine et du tétroxyde d’azote) ont disparu plus tôt cette année.
Il semble désormais que les réservoirs de propulseur aient été retrouvés. Cependant, précise le bulletin, les réservoirs ont été récupérés dans un état lamentable, broyés, avec des débris métalliques dans une décharge. Apparemment, quelqu’un avait saccagé les chars. C’est un gros problème pour Avio, car ce devait être la dernière fusée Vega lancée, et les lignes de production sont désormais fermées pour ce matériel.
La mission
Cette fusée Vega doit lancer le satellite BIOMASS de 1 250 kg pour l’Agence spatiale européenne, une mission qui utilisera un radar à synthèse d’ouverture en bande P pour évaluer la santé des forêts sur Terre et déterminer leur évolution. Le satellite est évalué à plus de 200 millions de dollars.
C’est le genre de mission pour laquelle la fusée Vega a été créée. Lancée pour la première fois en 2012, la fusée Vega a une capacité de levage d’un peu plus de 2 tonnes en orbite terrestre basse. Cela le rend un peu plus puissant que les fusées de petite taille, mais ce n’est pas vraiment un véhicule de taille moyenne. Sa capacité de transport est environ un dixième de celle d’une fusée Falcon 9, par exemple.
Un gros problème pour Vega est son prix. Bien que le distributeur du véhicule, Arianespace, ne publie pas de prix, un lancement de Vega coûte environ 35 à 40 millions de dollars. Ce véhicule était à peine compétitif il y a dix ans lorsque le véhicule a fait ses débuts. Aujourd’hui, c’est hors de portée avec une nouvelle génération de petites sociétés de lancement qui proposent des prix plus bas, ou avec le Falcon 9, plus fiable, qui ne coûte qu’environ 50 % de plus pour une capacité de transport bien plus importante.
Un autre défi a été la fiabilité. La fusée Vega a subi deux pannes lors de ses sept derniers lancements et affiche un taux de pannes à vie de 10 % sur 21 lancements.
Avio a développé la fusée Vega C légèrement plus grande pour offrir plus de portance et de fiabilité à un prix comparable. La fusée Vega C a fait ses débuts en 2022 avec succès. Mais lors de sa deuxième mission en décembre 2022, le deuxième étage a échoué. Le Vega C ne reprendra pas le vol avant au moins un an.
Pas de bonnes options
En raison des problèmes persistants avec la fusée Vega C, l’Agence spatiale européenne n’a vraiment aucune autre option nationale à court terme pour envoyer son satellite BIOMASS dans l’espace. La fusée Ariane 6 ne fera pas ses débuts avant au moins six mois, et elle a un long retard et doublerait au moins les coûts de lancement. Il est peu probable que les responsables européens veuillent se tourner vers SpaceX et son Falcon 9 non plus.
Alors, que fera Avio ? Selon European Spaceflight, les responsables travaillent sur deux options. La première consiste à utiliser d’anciens réservoirs de carburant construits pour les tests de qualification de la fusée Avio il y a plus de dix ans. Il existe quatre chars de ce type, et l’entreprise pourrait soumettre deux d’entre eux à des tests de requalification et, si ces tests se déroulent correctement, utiliser les deux autres chars pour le lancement. Naturellement, les ingénieurs s’inquiètent de l’intégrité de ces chars qui, outre leur âge, n’ont jamais été destinés à voler.
Une autre option consiste à modifier l’étage supérieur utilisé par la fusée Vega C. Bien qu’il existe certains points communs entre les étages supérieurs Vega et Vega C, il existe des différences et le nouvel étage supérieur AVUM+ n’était pas destiné à voler sur la fusée Vega d’origine. Il reste à voir si l’Agence spatiale européenne est disposée à soutenir le lancement de son précieux satellite sur une fusée aussi bricolée.