vendredi, novembre 22, 2024

Carson Jerema : Pierre Poilievre, le prochain leader du monde libre

C’est désormais une guerre culturelle, un fait que les conservateurs acceptent enfin

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Pierre Poilievre est peut-être le seul homme politique véritablement conservateur encore en Occident, en tout cas parmi ceux qui dirigent ou sont sur le point de diriger un gouvernement. Contrairement à ses homologues d’ailleurs, qui se concentrent uniquement sur « l’anti-wokeness », il a su allier le rejet des excès libéraux à l’économie de marché, que d’autres conservateurs ont abandonnée.

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S’il remporte les élections de l’année prochaine et tient ne serait-ce qu’un quart de sa promesse, ce sera un soulagement après près d’une décennie d’un gouvernement sans doute le plus progressiste du monde.

Ne me considérez pas comme un militant de « mon gars » si vous voulez, mais regardez autour de vous et vous verrez qu’il n’y a que des échecs du gouvernement libéral.

Bien que je sois favorable à l’idée de légaliser les drogues, sous le gouvernement libéral, la « réduction des méfaits » est devenue une religion. Tout d’un coup, distribuer gratuitement des opioïdes aussi puissants que l’héroïne aux toxicomanes et permettre la consommation ouverte de drogues dures dans les espaces publics, et même à l’intérieur les hôpitaux, est désormais un article de foi progressiste.

Les libéraux ont également saboté le système d’immigration, transformé le Canada en un pays où l’euthanasie est autorisée pour tous, adopté des lois pour censurer Internet et emprunté plus d’argent que tous les gouvernements précédents, depuis la Confédération, réunis. Et tout cela sans parler du désastre de l’offre de logements et de l’état de délabrement des Forces armées canadiennes.

À ce stade, je soupçonne que la plupart des Canadiens préféreraient une paire de chaussures bien cirées aux libéraux de Trudeau, et si Poilievre s’avère décevant — ce qui serait difficile, compte tenu de la situation actuelle —, il pourrait simplement laisser ses chaussures aux commandes.

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Quoi qu’il en soit, les dirigeants conservateurs canadiens du passé ont trop souvent été gênés par leurs idées. Incapables d’expliquer pourquoi le retrait du gouvernement est bénéfique pour les travailleurs, par exemple, ils ont eu tendance à proposer une version légèrement moins coûteuse du gouvernement libéral.

Poilievre a jusqu’à présent évité cette tendance au conservatisme fade qui a été récemment proposée par Erin O’Toole en 2021. L’actuel chef conservateur a plutôt pris le temps d’expliquer des questions économiques complexes, notamment en une vidéo politique de 15 minutes sur le logement.

Dans ce document, Poilievre travaille minutieusement et correctementa diagnostiqué ce qui se cache derrière les prix élevés et la faible offre : une combinaison de dépenses publiques élevées, de faibles taux d’intérêt et de réglementations municipales qui découragent le développement.

Poilievre ne blâme pas les promoteurs « cupides », comme les élus municipaux ont tenté de le faire au fil des ans, ni les investisseurs « étrangers ». Il explique clairement comment l’intervention du gouvernement freine la construction de logements et fait monter les prix.

De même, lorsqu’on discute du coût de épiceries, Poilievre impute la responsabilité — encore une fois, à juste titre — à la pressions inflationnistes Il fait de même pour l’industrie pétrolière et gazière, où il plaide pour une réduction des réglementations environnementales onéreuses.

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Question après question, les conservateurs de Poilievre expriment une vision conservatrice du monde et expliquent comment les politiques gouvernementales ont échoué ou ont eu des conséquences négatives.

Il s’est intéressé à la politique des drogues, en mettant l’accent sur la réhabilitation plutôt que sur la réduction des risques, et a adopté une position relativement radicale sur l’idéologie du genre. Il a laissé entendre qu’il utiliserait la clause dérogatoire pour passer outre les décisions de la Cour suprême qui autorisent des peines pénales excessivement clémentes.

Il n’y a plus de clivage entre les questions économiques et sociales. Il s’agit désormais d’une guerre culturelle et les conservateurs d’aujourd’hui, de façon rafraîchissante, acceptent cette réalité.

Poilievre est favorable à l’immigration libérale, même si l’on suppose qu’il ne s’agit pas d’une immigration libérale irresponsable, et il a déclaré qu’il soutenait le droit à l’avortement – ​​des questions sur lesquelles la plupart des conservateurs sensés s’accordent de toute façon de nos jours.

Cela ne veut pas dire que tout ce que Poilievre soutient est une bonne politique. Son parti a voté pour une loi anti-briseurs de grève qui facilitera la grève, il soutient la gestion de l’offre — qui gonfle le prix des produits laitiers, des œufs et de la volaille — et il s’est opposé aux propriétaires d’entreprises canadiennes qui vendent à des acheteurs étrangers. sceptique à l’égard du libre-échange.

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Ce manque de pureté idéologique montre que, plutôt qu’une sorte de « bizarre » diable de droite, Poilievre est trop modéré, du moins en matière de politique économique.

Plus important encore, les craintes selon lesquelles Poilievre s’associerait ou aurait s’associerait à des extrémistes ne se sont pas matérialisées. Pendant les manifestations du Freedom Convoy et immédiatement après, certains conservateurs craignaient qu’il entraîne le parti dans une spirale de théories du complot et mette fin à l’État de droit… ou quelque chose du genre.

Mais il s’avère que si le soutien de Poilievre au convoi semblait assez sincère, il était également superficiel. Bien qu’il ait soutenu le droit de manifester et le droit de refuser un vaccin, son soutien n’est jamais allé bien au-delà.

S’il devient Premier ministre l’année prochaine, Poilievre rejoindra probablement une cohorte de dirigeants de centre-droit du monde entier, élus par des électeurs lassés des dirigeants actuels moralisateurs et obsédés par le climat. Mais à bien des égards, il sera seul.

Alors que les partis conservateurs sont en plein essor dans tout l’Occident, les idées conservatrices n’ont jamais été aussi malléables, allant de la colère et du vide à l’incohérence. Les années de consensus Thatcher-Reagan, centrées sur des impôts bas, un gouvernement limité, la responsabilité personnelle et une politique étrangère robuste, ne le sont pas.

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Aux États-Unis, le conservatisme illibéral du candidat républicain à la vice-présidence JD Vance est l’image miroir du progressisme éveillé. Il soutient des impôts élevés, une politique industrielle et une réglementation lourde, exprimant une tendance conservatrice qui utilise des politiques de gauche pour des objectifs de droite. Il exploiterait le pouvoir de l’État de la même manière que le font les démocrates, mais en utilisant un programme soi-disant différent.

Un autre exemple est celui de la présidente du Rassemblement national français, Marine Le Pen, qui associe le nationalisme, sous la forme d’une limitation de l’immigration, à l’interventionnisme économique.

Partout en Europe et aux États-Unis, les conservateurs rejettent le libre marché et les politiques gouvernementales limitées, peut-être parce qu’ils sont attirés par l’idée de manier les leviers de l’État comme le font les progressistes, ou simplement parce qu’ils ne s’intéressent pas à l’économie. Ou peut-être croient-ils vraiment que la gauche avait raison sur ces questions depuis le début.

Ce qui rend Poilievre unique, c’est qu’il a uni les côtés économique et culturel du conservatisme sans faire de concessions sur aucun des deux.

National Post

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